L’intelligence artificielle exige un fort investissement en formation (rapport Villani)

15 Décembre 2017

L’intelligence artificielle exige un fort investissement en formation (rapport Villani) © Adobe Stock Cédric Villani, député La République en marche (LREM), a remis fin novembre une note d’étape révélant les grands axes de son rapport final sur l’intelligence artificielle (IA) attendu début 2018.

Le secrétaire d’Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, a choisi le médaillé Fields pour mener une mission de prospective et proposer un plan d’actions au moment où d’autres pays comme la Chine ou les Etats-Unis se sont déjà dotés de plans stratégiques dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA). Le champ de la formation tient une place centrale dans la note d’étape remise par Cédric Villani car cette deuxième vague technologique annonce de nouvelles transformations majeures dans l‘emploi et les métiers.

Des compétences numériques et cognitives

Pour faire face à l’accélération de l’autonomisation des tâches induites par l’intelligence artificielle, la mission Villani propose de créer ou de confier à une structure existante le soin d’identifier les métiers les plus impactés par l’IA et d’orienter les grands axes de la formation professionnelle.

Cette structure devrait être paritaire et pourrait être financée par une partie du plan d’investissement en compétences (Pic). Pour réussir à développer une complémentarité entre le travail humain et la machine, il sera nécessaire, selon la note d’étape, de renforcer les compétences numériques et les compétences cognitives générales - c’est-à-dire la capacité de résolution de problèmes et de compréhension du langage - mais aussi la dextérité manuelle et les capacités d’adaptation et de créativité. Outre la prise en compte de ces compétences transversales dans le contenu de formation, il sera nécessaire de repenser l’approche de la formation si l’on veut optimiser l’IA.

Une nouvelle articulation entre formations initiale et continue

La note intermédiaire du rapport Villani place la transformation des pratiques de la formation initiale et continue au cœur de l’enjeu et propose des initiatives pour créer un véritable continuum.

Un « plan créativité » pour le secteur de la formation professionnelle, de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur permettrait ainsi de déployer des dispositifs de mutualisation et des outils de financement communs. L’objectif étant également de mener des expérimentations pédagogiques comme « la pédagogie par projet, transdisciplinaire, pair-à-pair » précise la note. Par ailleurs, des actions devront être engagées pour améliorer l’articulation entre formations initiale et continue. Des formations initiales dont les compétences sont potentiellement automatisables pourraient ainsi proposer des modules d’évolution à leurs anciens étudiants.

La formation à l’IA, point essentiel, doit se généraliser et fera l’objet de propositions plus précises dans le rapport final. Enfin, selon la mission Villani, le développement de l’intelligence artificielle nous pousse à réfléchir au mode de financement de la formation professionnelle fondé, aujourd’hui, sur la masse salariale.

Catherine Trocquemé (Centre Inffo pour Défi métiers)

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