La numérisation et l’automatisation responsables d’une destruction massive d’emplois ?

27 Janvier 2017

© Fotolia Une étude du COE montre que moins de 10 % des emplois seraient menacés de disparaître dans un contexte d’automatisation et de numérisation. Cependant, la moitié serait susceptible d’évoluer dans leur contenu de manière significative.

Depuis le déploiement d’Internet dans les années 1990, nous assistons à la diffusion de la technologie numérique à l’ensemble du système productif. Selon de nombreux experts, les évolutions à venir (l’intelligence artificielle, la robotique, l’impression 3D, etc.) auront un impact dans plusieurs domaines d’activité tels que l’agriculture, l’industrie mais aussi la santé ou les services. Certaines études estiment ainsi que la moitié des emplois disparaîtra en France à l’horizon 2030 (Frey et Osborne, 2013). L’étude du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), instance d’expertise et de concertation sur l’ensemble des questions de l’emploi, minimise ces résultats.

Les auteurs démontrent en premier lieu la difficulté de cet exercice prospectif. Tout d’abord, personne ne peut savoir avec certitude quand ou comment les innovations vont se diffuser. Il est également difficile d’isoler l’effet du progrès technique, des autres facteurs qui impactent le volume et la structure des emplois (la mondialisation, les évolutions sociodémographiques, etc.). Ensuite, même si les innovations permettent de produire davantage avec moins de travailleurs, des mécanismes de compensation peuvent réduire, voire compenser intégralement et au-delà les pertes d’emploi initiales.

A partir des données issues de l’enquête Conditions de travail de la Dares, l’étude du COE montre que « 10 % des emplois cumulent des vulnérabilités susceptibles d’en menacer l’existence et qu’environ la moitié des emplois existants pourrait voir leur contenu profondément transformé ». Elle souligne que, parmi les emplois qui ont un risque d’automatisation élevé, les plus représentés sont des métiers manuels et peu qualifiés, notamment de l’industrie. Et parmi les emplois les plus susceptibles de voir leur contenu évoluer, les métiers les plus représentés sont également manuels et peu qualifiés, mais relèvent plus du secteur des services.

L’étude montre en parallèle que les innovations à l’origine de produits ou de services nouveaux peuvent créer spontanément de l’emploi. Sans pouvoir le mesurer, les auteurs assurent qu’il existe un potentiel de création d’emplois directs (significatif dans le numérique et plus mesuré dans la robotique), mais surtout indirects induits notamment par les effets de compensation (construction de nouvelles machines, augmentation de la demande, nouveaux investissements, etc.).

Le COE s’est également intéressé à l’impact de la numérisation et de l’automatisation sur la structure des emplois, le contenu des métiers et la localisation de l’emploi. Dans un second tome qui sera adopté au printemps, il formulera, sur la base de différents scenarios, des préconisations de politiques publiques sur l’ensemble des champs de l’emploi et du travail.

Consulter le Tome 1 du rapport "Automatisation, numérisation et emploi"

Béatrice Pardini

Tags : robotisation | automatisation | emploi