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La 5ème Biennale Formation-Emploi du Céreq a permis de s’interroger notamment sur les points suivants : comment définir l’insertion ? comment a évolué l’insertion des jeunes ? quelle perception ces derniers ont-ils de leur situation ?
Cette biennale, organisée le 7 décembre dernier, a permis d’échanger sur la notion d'insertion des jeunes. Il a été rappelé que si l’« insertion professionnelle » est une notion robuste qui s’est imposée depuis 1970 comme une catégorie empirique , elle n’en demeure pas moins discutée. En effet, à quel moment peut-on considérer qu’un individu est inséré en emploi ? Au premier emploi ? A l’obtention d’un emploi stable ou encore d’un emploi satisfaisant du point de vue de celui qui l’occupe ? Il apparaît au final plus pertinent de parler de processus d’insertion. En effet, la primo insertion en emploi correspond à un enchevêtrement de situations avec des allers-retours entre la formation, l’emploi et des périodes de chômage plutôt qu’à un parcours linéaire.
A partir des quatre dernières enquêtes Génération* (1992, 1998, 2004 et 2010), le Céreq a constaté ces 20 dernières années une dégradation des parcours d’insertion des jeunes après leur sortie de formation initiale, quel que soit leur profil. En effet, alors que les jeunes de la génération 1998 étaient 82 % à être en emploi cinq ans après leurs études, ils ne sont plus que 75 % pour la génération 2010. Concernant la qualité de l’emploi, les jeunes de la génération 1998 étaient 61% à avoir un CDI ou à être fonctionnaire. Ils ne sont plus que 47 % pour ceux de la génération 2010. Les CDD qui auparavant constituaient un marchepied vers l’emploi durable ne semblent plus jouer ce rôle aujourd’hui.
Les politiques publiques tentent de remédier à cette difficulté depuis plusieurs décennies à travers trois types de dispositifs à destination des jeunes. Ces dispositifs visent soit à accroître la qualification des jeunes (l’alternance), soit à réduire le coût du travail pour les employeurs (les contrats aidés), soit à accompagner les jeunes de façon individualisée. (l’accompagnement).
Malgré cet environnement dégradé, les enquêtes révèlent de façon paradoxale que les jeunes d’aujourd’hui portent plutôt un jugement positif sur leur situation, quel que soit leur niveau de diplôme. Plusieurs facteurs peuvent être avancés pour expliquer cette situation. Les jeunes auraient intériorisé ou se seraient résignés à l’éclatement de la norme d’emploi (le CDI). Par ailleurs, leur système de valeurs aurait évolué avec un investissement moindre dans le travail et plus important dans d’autres sphères comme la sphère familiale.
Sophie Gonnard et Françoise Lemaire
* Les enquêtes Génération permettent de rendre compte des cheminements professionnels des jeunes après leur sortie de formation initiale.
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