Une charte pour faire décoller la construction-bois en Ile-de-France

25 Janvier 2016

Jean-François Latger - Chef du service bâtiment durable écoconstruction, Driea d’Ile-de-France

Jean-François Latger La Driea a présenté en octobre dernier, avec ses partenaires, une « charte bois » pour l’Ile-de-France. Objectif : s’appuyer sur la commande publique pour dynamiser l’utilisation de ce matériau durable dans la construction régionale.

« En Ile-de-France, l’offre de formation dans le domaine de la construction bois existe, est bien développée, mais il importe aujourd’hui de mieux la faire connaître. »
Pourquoi la Driea a-t-elle choisi d’être partie prenante de la charte « bois construction publique exemplaire » ?
La Driea* a participé à la charte à l’appel de la Driaaf*, en charge du pilotage de ce projet. Cette implication s’inscrivait pleinement dans notre mission, en particulier celle portée par le service bâtiment durable écoconstruction qui a notamment la charge de promouvoir l’utilisation des matériaux biosourcés dans la construction. De nombreux autres partenaires ont participé à la définition des objectifs de la charte, puis à sa rédaction en commun. Ce travail a notamment regroupé le Conseil régional, la Drihl*, l’interprofession de la filière forêt bois d’Ile-de-France « Francîlbois », le comité national pour le développement du bois (CNDB), ou encore l’Ademe.
Dans quel contexte s’inscrit-elle et quels sont ses objectifs ?
Au plan national, la charte s’inscrit dans le contexte de la création du Comité stratégique bois et de l’élaboration d’un contrat de filière bois. Par ailleurs, des chartes « bois » existaient déjà dans d’autres régions et il a été jugé intéressant pour l’Ile-de-France de se doter à son tour d’une telle charte.

Dans notre région, contrairement à d’autres, nous constatons en effet que la construction bois n’est pas encore « entrée dans les mœurs ». Pourtant, la filière est complètement structurée et il n’y a pas de blocages réglementaires. Mais il y a une méconnaissance de la valeur ajoutée de ce matériau, ou des préjugés à son encontre, de la part des acteurs de la chaîne de la construction qui freinent son utilisation. La charte est un des leviers de réponse à cette situation. Elle vise à donner l’exemple, de la part des acteurs de la commande publique, afin d’impulser une dynamique pour atteindre des objectifs de massification.

A quoi s’engagent les signataires de la charte ?
Les adhérents de la charte, maîtres d’ouvrage publics ou bailleurs sociaux (publics ou privés), s’engagent pendant une durée de 5 ans à réaliser au moins une construction neuve et une réhabilitation en utilisant un volume minimal de bois au m². Pour cela, ils recevront l’appui et l’aide des partenaires de la charte, tels le CNDB et Francîlbois. Outre ces points portant sur la réalisation et l’accompagnement, la charte comprend des actions pour assurer le suivi des projets, leur capitalisation et leur valorisation. Le cahier des charges fixé aux signataires de la charte n’est pas extrêmement contraignant. Nous ne souhaitions pas imposer d’objectifs trop ambitieux qui auraient un effet dissuasif. La charte est avant tout un outil de sensibilisation : nous faisons le pari que les maîtres d’ouvrages, les architectes, etc. continueront à utiliser le bois après avoir essayé ce matériau.

La charte comporte également un volet d’actions pour renforcer les compétences des acteurs. En effet, l’utilisation du bois dans la construction nécessite, d’abord pour les concepteurs mais aussi pour l’ensemble des professions du bâtiment, non pas de changer complètement de métier mais de diversifier leurs compétences. En Ile-de-France, l’offre de formation dans le domaine de la construction bois existe, est bien développée, mais il importe aujourd’hui de mieux la faire connaître.

La Driea est membre du réseau Territoires Environnement Emplois Ile-de-France (TEE IDF). Quel intérêt trouve-t-elle à cette participation ?
La Driea a signé la charte du réseau TEE il y a un an et s’est engagée à partager des informations et des projets avec les autres membres du réseau. Pour nous, cette collaboration constitue un creuset pour le partage des politiques publiques que nous portons avec les autres acteurs régionaux et un moyen de partager les expériences, de faire connaître nos actions et l’appui que nous pouvons apporter aux autres.

Consulter la charte « bois construction publique exemplaire ».

Propos recueillis par Raphaëlle Pienne (décembre 2015)

*Driea : Direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement ; Driaaf : Direction régionale et interdépartementale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt ; Drihl : Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement.

Tags : bâtiment | bois | transition énergétique | compétences professionnelles