L'Education nationale mobilisée dans la lutte contre le décrochage scolaire

07 Mai 2014

Annabella Araujo - Coordonnatrice académique de la MLDS de l'Académie de Paris

Annabella Araujo La Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS) de l'académie de Paris* accompagne les équipes éducatives dans la recherche de solutions pour combattre les sorties précoces de formation initiale.

« Dans le cadre de la MLDS, nos missions s'inscrivent désormais également dans la prévention du décrochage. »
La MLDS s'appelait autrefois Mission générale d'insertion (MGI), ce changement de nom s'est-il accompagné d'une évolution de son travail ?
Oui, cela a marqué une refonte assez importante de nos missions. Le rôle de la MGI consistait à accompagner les élèves âgés de 16 ans et plus sortis de la formation initiale sans diplôme. Nous étions dans une posture de « traitement » du décrochage. Dans le cadre de la MLDS, nos missions s'inscrivent désormais également dans la prévention. Nous devons notamment accompagner les établissements du secondaire, collèges et lycées, par des actions de conseil et d'ingénierie de formation.

Le décrochage est en effet une mission transversale de la responsabilité de tous, et notamment des établissements. Dans chaque bassin académique, un coordonnateur de la MLDS est présent pour les aider à mettre leur propre dispositif de prévention en place, à identifier les dispositifs existants et à monter des demandes de financement.

Existe-t-il suffisamment de dispositifs de lutte contre le décrochage ?
Le cas de Paris est particulier : il y a un paysage de dispositifs extrêmement riche, porté par des institutions différentes. Cela rend les choses complexes en termes de visibilité pour les établissements. Parfois les dispositifs sont mal connus.

Notre travail depuis trois ans a consisté à faire un état des lieux des dispositifs existants. Nous avons créé un pôle de ressources, qui s'adresse à tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le décrochage scolaire de l'Académie de Paris. Il recense les dispositifs disponibles, mais c'est également une vitrine destinée à promouvoir et à mutualiser les bonnes pratiques.

Comment s'organise l'accompagnement des élèves décrocheurs ?
Là aussi, les établissements sont impliqués en premier lieu. Dans chacun, il y a désormais un Groupe de prévention du décrochage scolaire (GPDS, qui remplace le GAIN), chargé de repérer et de prévenir les situations de décrochage. Lorsque ce groupe n'a plus de solutions face à un élève décrocheur, il peut solliciter le réseau Formation Qualification Emploi (FOQUALE) de son bassin, qui rassemble les chefs d'établissements, le coordonnateur de la MLDS, et les directeurs de CIO.

Ce réseau, qui est aussi un espace d’échanges de réflexions et de pratiques, traite les situations individuelles, identifie et mutualise les besoins pour mettre en œuvre des actions adaptées : actions spécifiques mises en place dans les établissements, micro-lycées, unités de formation par apprentissage (UFA) en Lycée Professionnel, etc. S'il ne trouve pas de solutions, ou si les parents ne suivent pas les solutions proposées, le réseau FOQUALE sollicitera la Plateforme de suivi et d'appui aux décrocheurs (PSAD). Ces plateformes, au nombre de deux dans l'Académie de Paris, ont la particularité d'être inter-institutionnelles (elles rassemblent Education nationale, collectivités, missions locales, etc.).

Lorsqu'un élève a quitté le système scolaire, comment le repérez-vous ?
A tous moments de l’année, mais particulièrement de juin et à fin septembre, au titre de la MLDS, les chefs d'établissements reçoivent en entretien leurs anciens élèves sortis sans solution ou en risque de « décrochage », et signalent les élèves qui ont disparu. Parallèlement le SIEI (Système interministériel d'échanges d'information) transmet en novembre à la plateforme de suivi et d'appui aux décrocheurs la liste d'élèves ayant quitté le système scolaire sans un niveau minimum de diplôme et qu’il n’a pas retrouvé inscrit sur un établissement d’une autre académie, ou dans un CFA ou une mission locale. C'est un recensement ponctuel, informatique. Et tous les élèves repérés ne sont pas forcément des décrocheurs : ils peuvent être inscrits en formation continue ou dans le privé hors contrat, être hospitalisés, inscrits dans l'armée, etc. C'est ce qui rend le repérage si difficile.

(*) La MLDS est placée sous la responsabilité du CSAIO de l’académie de Paris.

Propos recueillis par Raphaëlle Pienne (avril 2014)

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