Sébastien Darrigrand - Délégué général de l'Udes
L’Udes, Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire, rassemble 80 % des employeurs fédérés de l’économie sociale et solidaire. Gros plan sur les spécificités de l’emploi dans ce secteur et sur les besoins à venir.
« Avec 608 000 départs en retraite prévus d'ici 2020, l’ESS doit répondre à des enjeux démographiques forts. »
- Combien d'entreprises et de salariés l'économie sociale et solidaire (ESS) représente-t-elle en Ile-de-France ?
- D'après l'Observatoire régional de l’économie sociale et solidaire, l'ESS représente en Ile-de-France 26 280 entreprises, soit 6,9 % des entreprises, pour un total de 384 200 salariés (7,1 % des salariés de la région). Près de 80 % des emplois sont concentrés dans les associations.
Le champ de l'ESS est l'un des premiers créateurs d'emploi en France : chaque année, 1 emploi sur 5 est créé par une entreprise de l'ESS. Cela s'explique notamment par le fait que ce champ est composé d'un tissu extrêmement dense et riche de structures qui maillent l'ensemble du territoire, présentes en milieu rural comme urbain, et parfois même premier employeur du territoire.
- Quelles sont les spécificités de l'emploi dans l'ESS ?
- L'ESS est un secteur socio-économique structuré, qui produit et développe de la richesse au service des populations et des territoires. Ses spécificités concernent la structure de l'emploi et les représentations sociales des métiers. Ainsi, 67 % des salariés sont des salariées, et l'on compte une majorité d'employés (40 %) et de professions intermédiaires (32 %). Par ailleurs, le taux d’encadrement est supérieur à celui du secteur marchand (15 %).
On relève également des spécificités liées à l'activité : horaires atypiques, recours aux temps partiels dans certaines branches en lien avec les besoins des populations (activités périscolaires, aide à domicile, etc.), recours aux contrats aidés dans certains secteurs (sport, centres sociaux et socio-culturels).
Enfin, l’ESS se caractérise par un niveau de qualification élevé (lié notamment à la réglementation des métiers dans certaines branches) et des inégalités salariales plus faibles que dans le secteur marchand, notamment entre hommes et femmes (8 %, contre 13 % dans le reste du secteur privé).
- En 2020, de nombreux salariés partiront à la retraite. Quels profils sont particulièrement concernés ?
- L’ESS doit en effet répondre à des enjeux démographiques forts avec 608 000 départs en retraite prévus d'ici 2020. Les études réalisées par différentes institutions (Dares, Cas, CNCRESS) révèlent des secteurs porteurs et des métiers en tension.
Parmi les secteurs très représentés dans l'ESS dont il est à prévoir qu'ils seront particulièrement impactés par les départs en retraite, on trouve l'action sociale, la santé humaine et l'enseignement. Ainsi, les taux de postes à pourvoir seront importants pour les métiers d'aide à domicile, employé de maison, aide-soignant, infirmier, éducateur spécialisé. Sont aussi concernés les métiers de l'accueil de la petite enfance, les cadres de la banque et de la mutuelle, les professionnels de l'animation socio-culturelle, et les formateurs.
Pour la branche de l'aide à domicile, les recrutements d'auxiliaires de vie sociale, d'employés à domicile, d'aides-soignants et d'infirmiers sont jugés particulièrement problématiques devant le manque de candidats qualifiés. Pourtant, ces secteurs ont clairement été identifiés comme étant des secteurs porteurs, en lien avec le développement du « care » (les métiers du soin) et de la « Silver economy » (autour des personnes âgées).
De la même manière, les tendances sociodémographiques et les préférences plus marquées des ménages pour les services et loisirs alimentent la dynamique des services d'utilité collective ou liés à la personne : activités récréatives, culturelles et sportives, éducation... autant de secteurs très présents dans l'ESS.
- Quelle place pour les jeunes diplômés ?
- Les besoins concerneront plus qu'ailleurs les postes qualifiés, tout en maintenant de réelles opportunités pour des jeunes ayant de bas niveaux de qualification (grâce à des dispositifs offrant des formations intégrées comme les Emplois d'avenir). Le problème du renouvellement des salariés est un enjeu majeur car plus d'un tiers des postes de direction, d'encadrement ou de coordination est tenu par des salariés de 50 ans et plus. Une transition mal négociée peut donc être préjudiciable pour de nombreuses structures.
Propos recueillis par Sandrine Damie (janvier 2014)