Isabelle Ducauze - Responsable de la filière accès à l'apprentissage de la Faculté des métiers de l'Essonne
En partenariat avec les acteurs de l'emploi et de l'insertion de son territoire, la Faculté des métiers de l'Essonne mène plusieurs actions visant à faciliter l'accès des jeunes à l'apprentissage.
« Nous organisons des actions spécifiques tout au long de l'année, destinées principalement à un public âgé de 16 à 25 ans orienté par les missions locales. »
- Quels sont les missions et le public de la filière accès à l'apprentissage ?
- Nous avons en charge le dispositif d'accès à l'apprentissage (DAA). Dans ce cadre, nous mettons en place des moyens visant à permettre aux jeunes d'entrer en apprentissage, ou de se maintenir dans la formation en cas de rupture du contrat d'apprentissage. Nous organisons des actions spécifiques différentes tout au long de l'année, destinées principalement à un public âgé de 16 à 25 ans orienté par les missions locales. Nous pouvons aussi accueillir parfois quelques jeunes décrocheurs orientés par la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS).
- Quelles actions sont mises en œuvre ?
- Parmi nos actions spécifiques, il y a les passerelles multi-métiers qui débutent en janvier. Elles accueillent des jeunes de niveau de qualification IV ou V, qui ont tous validé en amont un projet professionnel grâce à des stages en entreprises organisés par les missions locales ou dans le cadre d'Avenir jeunes. Les classes multi-métiers se déroulent en alternance jusqu'à à fin juin, avec des périodes de 3 semaines en entreprise. L'objectif est de permettre une remise à niveau de ces jeunes et leur entrée dans une formation en alternance en septembre à la Faculté des métiers.
Nous réalisons également une action « itinéraire apprentissage », en partenariat avec Avenir jeunes (qui assure la remise à niveau des élèves) et avec d'autres CFA (Gustave Eiffel, AFT Iftim, Inhni, Afobat), qui s'engagent à intégrer les jeunes en septembre. L'action dure 4 mois et demi, avec plusieurs stages de découverte en entreprise.
Cette année, nous avons aussi mis en place une « passerelle restauration » visant à intégrer le CAP Agent polyvalent de restauration (APR). Elle a été créée à l'initiative d'un développeur de l'apprentissage de l'Essonne, qui a travaillé avec la Direccte et les communautés d'agglomération pour répondre aux besoins en recrutement liés au pôle Saclay. La passerelle se déroule entre mi-avril et juillet, avec une alternance de 3 jours en centre de formation et 2 jours en entreprise. Ce qui est nouveau et intéressant, c'est que les entreprises partenaires se sont engagées à recruter les jeunes à l'issue de leur formation.
- Une « passerelle bleue » a également été mise en place pour des jeunes en situation de handicap, comment se déroule-t-elle ?
- Cette passerelle est issue d'un partenariat que nous avons depuis 4 ans avec l'Education nationale. Elle accueille des élèves provenant des classes de 3ème Ulis des collèges, souffrant de troubles du langage spécifiques (TLS). Ces élèves font des stages de découverte à la Faculté des métiers durant leur année de 3ème, puis suivent une formation en alternance pour préparer un CAP. L'objectif n'est pas tant l'obtention du diplôme que d'une attestation de compétences professionnelles, qui leur permet de faire valoir leur expérience auprès des employeurs lorsqu'ils n'ont pu obtenir le CAP en raison des matières générales.
- Quels sont d'après vous les principaux freins à l'accès à l'apprentissage ?
- La crise économique se ressent. Nous avons depuis 2008 des masses énormes d'élèves qui n'ont pas encore trouvé d'entreprises lors de la rentrée de septembre. Cette année, ils étaient 800 et seront probablement autant à la rentrée prochaine. C'est très démotivant pour ces élèves, qui sont nombreux à abandonner. Notre travail consiste à les soutenir et leur donner une méthode pour chercher une entreprise et savoir se vendre.
Les mauvais choix d'orientation sont aussi un facteur qui entraîne un nombre important de ruptures au mois de septembre. Beaucoup de jeunes sortant de 3ème n'ont aucune connaissance du champ de métiers qu'ils ont choisi, des contraintes du rythme de l'alternance et de l'entreprise. La meilleure façon de bien s'orienter est, selon moi, de faire en amont des stages en entreprise, en conditions réelles, pendant une durée minimum de 15 jours à 1 mois.
Propos recueillis par Raphaëlle Pienne (avril 2014)
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