Fabienne Schimenovitz - Animatrice Emploi/Formation, éducation à l’environnement et au développement durable à l’Ademe Ile-de-France
L'économie est un volet important de la transition écologique. Fabienne Schimenovitz évoque les implications de ce constat pour les secteurs concernés, les entreprises et les métiers impactés.
« La transformation de l'économie vers une économie circulaire, sociale et solidaire durable se fera plus ou moins rapidement, mais on peut espérer qu'à terme cette transformation sera globale. »
- Quelles sont les missions de l’Ademe ?
- L'Ademe est l'opérateur de l'Etat pour accompagner la transition écologique et énergétique. C'est un établissement public à caractère industriel et commercial placé sous tutelle conjointe du ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie et du ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Afin de leur permettre de progresser dans leur démarche environnementale, l'Ademe met à disposition des entreprises, collectivités locales, pouvoirs publics et du grand public ses capacités d'expertise et de conseil. Elle aide en outre au financement de projets, de la recherche à la mise en œuvre, et ce, dans les domaines suivants : la gestion des déchets, la préservation des sols, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, la qualité de l'air et la lutte contre le bruit.
- L’enjeu de la transition écologique modifie-t-il l’économie ?
- Oui, on l’observe actuellement avec l’émergence de l’économie circulaire. Le modèle de production et de consommation qui prévalait depuis la révolution industrielle repose sur des ressources naturelles abondantes et un schéma linéaire, des matières premières extraites jusqu'aux déchets. Ce modèle de développement a permis d’accélérer le "progrès" et à des milliards d’individus d’accéder à une certaine prospérité matérielle. Le fondement de la société de consommation trouve aujourd’hui ses limites face aux défis environnementaux, d’emploi et d'augmentation de la population. Nos prélèvements sur les ressources naturelles dépassent déjà largement la capacité de la Terre à régénérer les ressources renouvelables, à fournir des ressources non renouvelables et à absorber les déchets.
La prise de conscience collective a permis d’engager des démarches de réduction des impacts environnementaux qui sont un premier pas indispensable. Cependant, une démarche plus ambitieuse s’impose. L’économie circulaire concrétise l’objectif de passer d’un modèle de réduction d’impact à un modèle de création de valeur, positive sur un plan social, économique et environnemental. Cette démarche demande de repenser toute la chaîne de consommation.
L’économie circulaire implique les secteurs de l’industrie manufacturière ou de la gestion des déchets, mais aussi les territoires. C’est un processus très transversal, qui demande d’associer notamment les habitants et les entreprises. Cela nécessite du temps, mais ces transformations sont essentielles.
- Certains secteurs sont-ils plus impliqués dans cette transformation ?
- Le bâtiment connaît des évolutions importantes, en raison notamment des nouvelles réglementations thermiques. Aujourd’hui, les différents corps de métiers doivent, par exemple, savoir travailler ensemble sur un chantier afin de préserver l’efficacité énergétique du bâtiment. Car on peut réaliser une construction avec une très bonne isolation thermique, mais les résultats seront mauvais si les fenêtres posées ne répondent pas aux normes ou si les futurs occupants ne sont pas sensibilisés à la manière d’utiliser ces équipements. Les entreprises du bâtiment doivent être titulaires de la certification RGE (reconnu garant de l’environnement) afin que leurs clients bénéficient d’aides publiques pour la réalisation de leurs travaux d’isolation.
Les déplacements sont aussi affectés par le processus de transition écologique. Les acteurs économiques doivent ainsi mettre en place des plans de déplacement inter-entreprises, ou encore se doter de flottes de véhicules moins polluants.
- Les grandes entreprises sont-elles davantage engagées dans des démarches de développement durable ?
- Il est plus facile pour les grands groupes de s’adapter aux nouvelles réglementations et de mettre en place des démarches de développement durable. Néanmoins, de nombreuses PME et autres structures sont déjà à la pointe. La transformation de l'économie vers une économie circulaire, sociale et solidaire durable se fera plus ou moins rapidement, en fonction de la taille et de la volonté des structures, mais on peut espérer qu'à terme cette transformation sera globale. La COP21 (conférence climat, qui se tiendra à Paris en décembre 2015) devrait y contribuer favorablement.
Propos recueillis par Raphaëlle Pienne (avril 2014)
Tags : économie circulaire | transition écologique