Serveurs de cafés restaurants
Part de l'Ile-de-France dans l'emploi national
en France
en Ile-de-France
Évolution des effectifs franciliens 2013-2019
Malgré un léger recul du nombre de serveur, des projets de recrutements en forte hausse depuis 2018, avec néanmoins une part importante d'emplois saisonniers.
« Un fort recours à une main d’œuvre jeune »
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Les activités et leurs évolutions
Positionnement des métiersSource : Pôle emploi, répertoire ROMELa famille professionnelle des « serveurs de cafés restaurants » regroupe un ensemble de professionnels aux appellations variées : chef de rang, commis de restaurant, garçon de café, serveurs, barman, etc.
Les serveurs ont pour tâches principales de proposer des boissons ou des plats à la clientèle et d’en assurer le service ainsi que le règlement. Il est également celui qui prépare l’espace en vue de la réception des clients : préparation des tables, débarrassage, maintien de la propreté.
Les évolutions possibles se situent essentiellement dans une progression au sein de la hiérarchie managériale : responsable de salle, maîtres d’hôtel, management d’hôtel restaurant, etc. Les serveurs peuvent également se spécialiser sur le service des vins pour devenir sommelier. La proximité de la profession avec les « personnels polyvalents en restauration », qui ne font pas partie de la famille professionnelle des « serveurs », peuvent également permettre d’envisager des mobilités vers le service en cuisine.
D’autres évolutions professionnelles peuvent néanmoins être envisagées : l’évolution en termes de prestige et de ressource de l’établissement employeur. En effet, suivant le type et la taille de l’établissement, revenus et perspectives d’évolution peuvent fortement différer.
Servir les consommations en salle ou au comptoirLe serveur a pour tâches d’assurer le service en salle, au comptoir ou au buffet. Ses fonctions varient d’un établissement à l’autre. Polyvalent dans les petits établissements, son rôle peut être très spécialisé dans les maisons plus haut de gamme. Ses tâches consistent généralement à :
- Préparer la salle et dresser les tables
- Débarrasser les tables
- Tenir la salle ou le comptoir dans des conditions d’hygiène et de sécurité adéquat
- Amener les plats ou les boissons jusqu’aux consommateurs
- Préparer des boissons plus ou moins élaborées lorsque celui se trouve à servir au comptoir
Au contact du publicLes activités de serveurs nécessitent également des qualités de communication avec le public. L’ambiance et la renommée d’un établissement doivent beaucoup à ses serveurs. Ils sont en effet souvent le seul lien entre la commande du client et le client lui-même. Ainsi le serveur se doit généralement de :
- Accueillir et placer les clients au sein de l’établissement
- Conseiller les clients sur leurs choix
- Répondre aux sollicitations et demandes des clients
- S’enquérir de la qualité des prestations auprès des clients
- Faire payer l’addition et l’encaisser
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Les secteurs concernés
Une forte polarisation des professionnels dans les activités de restaurationTop 5 des secteurs d’activités employeursSources : ACOSS, Centre d’analyse stratégique. Traitement Défi métiersPrès de neuf professionnels sur dix se concentrent dans le secteur de l’Hébergement et restauration. Parmi ceux-ci, la moitié travaille dans la restauration traditionnelle et un quart dans la restauration rapide. Ils sont également présents dans les hôtels, dans la restauration collective, les débits de boisson, etc.
Malgré tout, une partie de la famille professionnelle des « serveurs » travaille dans des secteurs aussi divers que les activités immobilières, le secteur des arts et spectacles, les activités de services administratifs ou encore l’hébergement médico-social et l’action sociale sans hébergement.
Des activités portées par le tourisme et la consommation des ménagesLes secteurs d’activités dans lesquels les serveurs sont les plus employés, la restauration, les hôtels, les débits de boisson, sont fortement dépendant du niveau de consommation des ménages et du tourisme.
La région Ile-de-France est la première région touristique de France en nombre de visiteurs[1], avec 50 millions de touristes par an selon le Comité régional du tourisme (CRT) Paris Ile‑de‑France[2]. Cette attractivité se base sur l’importance du patrimoine culturel et artistique de l’Ile-de-France mais également le nombre important de salons et d’évènements à dimension nationale ou internationale. La France et Paris en particulier ont une image très forte à l’international : le romantisme, la gastronomie, l’art de vivre à la française sont des éléments d’attractivité forte.
Cette situation privilégiée dans l’imaginaire national et international permet aux secteurs bénéficiaires de la manne touristique de la région d’être moins soumis aux aléas saisonniers que d’autres régions françaises.
Les visiteurs soutiennent ainsi les activités de restauration : « les touristes séjournant en Ile‑de‑France effectuent davantage de dépenses dans les restaurants et cafés qu’en province (14 % de la consommation touristique contre 12 % en France)[3] », situation due à une part plus importante de séjours en hôtel que dans d’autres types d’hébergement et à une moindre consommation de produits alimentaires.
Si le tourisme a souffert de la vague d’attentats de 2015, l’activité est repartie à la hausse à partir de 2017.
Les activités de l’hôtellerie-restauration sont également soutenues par le niveau moyen des salaires, bien que très hétérogènes[4], mais plus élevés en Ile-de-France que dans le reste de la France. L’Ile-de-France est ainsi l’une des régions les plus riches d’Europe[5], ce qui permet non seulement de soutenir les activités de restauration, mais de garantir également une diversité des niveaux de prestation (de la restauration rapide à la restauration haut de gamme).
[1] CATANA Aurélian et al., L’Ile‑de‑France, première région touristique française, Insee Analyses Ile-de-France, n°20, Juin 2015, 4p.
[2] Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de-France, Bilan de l’activité touristique à Paris Ile-de-France, Résultats de janvier à décembre 2018 et perspectives pour le début de l’année 2019, 32p. en ligne : http://pro.visitparisregion.com/chiffres-tourisme-paris-ile-de-france/frequentation-touristique-paris/Bilans/Le-bilan-de-l-annee-touristique-2018-a-Paris-Ile-de-France
[3] CATANA Aurélian et al., L’Ile‑de‑France, première région touristique française, Insee Analyses Ile-de-France, n°20, Juin 2015, 4p.
[4] LABRADOR Jessica, « une forte hétérogénéité des revenus en Ile-de-France », Ile-de-France à la page, Insee, décembre 2013, n°414,
[5] GODONOU Cyrille, « L’Ile-de-France, une des régions les plus riche d’Europe », Ile-de-France à la page, Insee, juin 2014, n°422,
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Les marchés du travail
Caractéristiques des actifs en emploi
Des actifs en emploi jeunes56 389Actifs en
Ile-de-FranceRépartition Homme/Femme (en %)
INSEE, Recensement de la population 2019Répartition des âges (en %)
INSEE, Recensement de la population 2019La parité est respectée dans cette famille professionnelle. Les serveurs franciliens s’avèrent être composés d’une part plus importante d’hommes que dans le reste de la France. Ainsi, pour la France entière, les femmes représentent six actifs sur dix (un sur deux en Ile-de-France).
Cette famille professionnelle compte une part très importante de jeunes. Près de la moitié des serveurs ont moins de 30 ans, alors qu’ils représentent un actif en emploi sur cinq pour l’ensemble des familles professionnels de la région.
Cette situation pourrait s’expliquer par l’importance du nombre d’étudiants exerçant cette profession, accessible sans formation spécifique, comme « job » d’appoint permettant de financer leurs études. Ainsi, en 2016, en Ile-de-France, la proportion de serveurs en emploi inscrits dans un établissement de formation atteignait les 16%. Cette proportion était de 5% pour l’ensemble des familles professionnelles franciliennes[1]. Ainsi, en Ile-de-France, la famille professionnelle des « employés et agents de maîtrise de l'hôtellerie et de la restauration[2] » fait partie des trois familles professionnelles dans lesquelles la part des étudiants est la plus forte parmi les jeunes de moins de trente ans (hors apprentis), après les « caissiers, employés de libre-service » et les « professionnels de l’action culturelle, sportive et surveillants »[3].
[1] Insee - RP 2016
[2] Catégorie dont fait partie les serveurs
[3] Sophie Gonnard, Laure Omont et Morad Ben Mezian, « En Ile-de-France, un lien plus faible entre la formation suivie et l'emploi exercé pour les jeunes dans les métiers peu qualifiés », Insee Analyses Ile-de-France n°49, 2016. Voir également DARES Analyse, janvier 2017 N° 003
Des jeunes serveurs plus diplômés que leurs ainésNiveau de diplômes (en %)
INSEE, Recensement de la population 2019Les moins de 30 ans sont plus diplômés que leurs ainés (les deux tiers des serveurs de moins de 30 ans ont au moins le bac). Ce n’est le cas que d’un quart des serveurs de plus de 50 ans. Les serveurs franciliens sont plus diplômés que leurs homologues des autres régions françaises, ceux-ci restent pour autant moins diplômés que pour l’ensemble des familles professionnelles d’Ile-de-France (six actifs en emploi sur 10 ont au moins le bac parmi l’ensemble des familles professionnelles tous âges confondus).
Contrairement à d’autres professions, cette différence générationnelle de niveau de diplôme pourrait ne pas correspondre seulement à une professionnalisation du métier, bien que « le niveau de diplôme [ait] nettement augmenté par rapport au début des années 1980, période à laquelle six professionnels sur dix étaient non diplômés[1]. »
En effet, cette situation pourrait être la résultante de parcours de catégories de population distinctes : l’une peu diplômée qui peut trouver dans cette profession, accessible au non-diplômé, un moyen d’insertion sur le marché du travail ; l’autre, plus diplômé, qui peut trouver dans la profession un emploi « temporaire » (saisonnier ou pour la durée de ses études) mais qu’elle quittera aisément pour un autre, à l’issue d’un parcours de formation ou à la faveur d’une opportunité d’emploi plus en adéquation avec sa formation d'origine. Par ailleurs, dans les établissements plus renommés, les recrutements viseront également une catégorie de professionnels titulaires de diplômes spécifiques[2].
[1] DARES, Portraits statistiques de métiers 1982-2014 « employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration »
[2] Sur la diversité des recrutements, voir : Michèle FORTE, Sylvie MONCHATRE, « Recruter dans l’hôtellerie-restauration : comment attirer ? », in Pratiques de recrutement et sélectivité sur le marché du travail, Centre d’études de l’emploi (CEE), rapport de recherche, n°72, mars 2012, pp.59-100
Plus d’un serveur sur quatre est un étranger en Ile-de-FranceLa proportion de serveurs ayant une nationalité étrangère est largement supérieure à la moyenne des autres familles professionnelles de la région. Ainsi un serveur sur quatre est de nationalité étrangère en Ile-de-France, contre environ 1/7 pour l’ensemble des familles professionnelles de la région.
Ce sont surtout les étrangers extra-communautaires qui sont fortement représentés (un serveur sur cinq). La proportion d’étrangers issus de l’union européenne parmi les serveurs est beaucoup plus proche de celle que l’on retrouve pour l’ensemble des familles professionnels.
Une forte proportion de serveur réside à Paris et en Seine-Saint-DenisSans doute lié à la sociologie des serveurs en emplois, ceux-ci résident plus que les autres familles professionnelles à Paris, lieu de concentration des emplois dans le secteur de l’hôtellerie-restauration[1], et en Seine Saint Denis. 60% des serveurs en emploi travaillent dans le département de résidence (55% pour l’ensemble des FAP). Ils sont ainsi 88% des serveurs résidant à Paris à y travailler. A contrario, seulement 36% des serveurs résidants en Seine-Saint-Denis y travaillent.
[1] Connaître le secteur Hôtellerie, Restauration, loisirs et activités du tourisme, Portrait régional 2018, Ile-de-France, FAFIH, 7p., en ligne : https://www.fafih.com/sites/default/files/fichiers/new/etudes_statistiques/fafih-portrait-regional-idf.pdf
La qualité de l’emploi : temps partiel et CDIConditions d'emploi
INSEE, Recensement de la population 201937 % 14 %INSEE, Recensement de la population 2019Les actifs appartenant à la famille professionnelle des serveurs, plus encore que la moyenne des actifs franciliens, sont employés en CDI (plus de huit sur dix). Il est à noter que la profession n’est exercée que sous statut salarié. Par ailleurs, l’apprentissage occupe une place importance dans la transmission de ce métier. On retrouve ainsi une part de professionnels en apprentissage plus importante que pour la moyenne des actifs franciliens.
Le temps partiel est bien plus pratiqué dans cette famille professionnelle que dans d’autres FAP d’Ile-de-France (plus d'un tiers contre 1/7 toutes FAP confondues). La durée du temps de travail pourrait dépendre fortement du type d’établissement. Ainsi, en 2015, l’Insee distinguait à l’intérieur du secteur de la restauration : la restauration traditionnelle où « deux tiers des salariés sont à temps plein », et la restauration rapide, où « seul un tiers des salariés travaillent à temps plein »[1]. Le temps partiel est cependant moins présent en Ile-de-France que dans le reste de la France.
A ce temps partiel, peut s’ajouter des temps de travail atypiques : soir, nuit et week-end, horaires morcelés et des conditions de travail pouvant s’avérer difficiles comme la position debout ou les allers-retours en salle. Dans certains cas, les serveurs doivent également faire face à des ports de charges lourdes, des nuisances sonores dans des débits de boissons, ou des gestes répétitifs dans la restauration rapide.
[1] ROBIN Marina, PICARD Tristan, « Le secteur de la restauration : de la tradition à la rapidité », Insee Focus, Insee, N 34, septembre 2015
Caractéristiques des demandeurs d’emploi
Des demandeurs d’emplois plus âgées et plus masculins que les actifs en emploi12 359Demandeurs d'emploi enregistrés dans cette famille professionnellePart des DE inscrits depuis plus d’un an (en%)DARES, traitement drieets Ile-de-France 2021Taux d’écoulement59%53%DARES, traitement drieets Ile-de-France 2021Pôle emploi comptabilisait près de 13 000 demandeurs d’emploi en 2018 et près de 12 400 en 2021. Ces demandeurs d’emplois sont à près de 40% des femmes, alors qu’elles représentent la moitié des actifs en emploi parmi les serveurs. Un tiers d'entre eux sont également des jeunes de moins de 30 ans, alors qu’ils représentent près de la moitié des actifs en emploi parmi les serveurs.
Par ailleurs, plus de sept demandeurs d’emploi sur dix de moins de 30 ans ont un niveau bac ou plus, alors que cela n’est le cas que de moins de six sur dix des plus de trente ans. Les demandeurs d’emplois de moins de 30 ans sont ainsi plus diplômés que les actifs en emploi. Cela peut confirmer le primat, pour les employeurs, d’autres critères de recrutement, comme l’expérience ou des critères plus subjectifs (« faire preuve d’un bon relationnel et avoir une bonne présentation[1] »), que le niveau de diplôme pour occuper un emploi de serveur[2].
Les taux d’écoulement[3] sont proches de ceux observés au niveau régional pour l’ensemble des familles professionnelles. En revanche la durée moyenne de chômage des sortants est légèrement inférieure à celle de l’ensemble des familles professionnels d’Ile-de-France.
La période de pandémie de COVID a allongé la durée moyenne de chômage pour cette FAP, fortement impacté. La reprise des activités devrait néanmoins rapidement voir cette durée moyenne de chômage baisser à nouveau.
[1] Lainé Frédéric, Les compétences attendues par les employeurs et les pratiques de recrutement, Pôle emploi, éclairages et synthèses, n°22, juin 2016, 12p.
[2] Michèle FORTE, Sylvie MONCHATRE, « Recruter dans l'hôtellerie-restauration : quelle sélectivité sur un marché du travail en tension ? », IRES, « La Revue de l'Ires », 2013/1 n°76, pp.127-150
[3] Ce taux mesure la part de demandeur d’emploi sortie des listes des demandeurs d’emploi dans les 12 mois. Plus ce taux est élevé (proche des 100%) plus la sortie des listes des demandeurs d’emploi est rapide.
Les offres d'emploi et projets de recrutement
Des offres d’emploi souvent de longue duréeDurée des emplois proposés (en %)
5 188DARES, traitement drieets Ile-de-France 2021Une grande majorité des emplois proposés sont des emplois de longues durées ou des CDI (8 sur 10). La profession se voit ainsi offrir une proportion supérieure d’offres d’emploi de longue durée que pour l’ensemble des FAP d’Ile-de-France.
Le nombre d’offres enregistrées par Pôle emploi est bien inférieur au nombre de demandeurs d’emploi sur la même période (plus de deux fois moins). Cependant ce chiffre sous-estime certainement le nombre réel d’offres d’emplois qui sont diffusées via d’autres canaux que Pôle emploi. L’affichage d’une annonce sur la devanture de l’établissement, ou la pratique de la candidature spontanée permettent en effet aux employeurs de bénéficier d’un vivier supplémentaire de professionnels potentiels.
Le secteur étant sujet à un fort turnover, on peut estimer que le nombre d’offres d’emploi soit en réalité beaucoup plus élevé sur la période. En effet, la famille professionnelle des employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration, dont font partie les serveurs, « se distingue par une très forte mobilité. En 2014, pour 100 personnes en emploi, 163 embauches et 162 sorties ont été observées, 84 % de ces embauches étant sous contrat à durée déterminée[1]. »
Le manque de perspective professionnelle peut également accentuer le turnover. Ainsi le domaine professionnel de l’« Hôtellerie, restauration, alimentation » est également celui qui offre le moins de possibilités d’évolution professionnelle (2% des professionnels ont obtenu une promotion dans les cinq ans contre 6 en moyenne pour l’ensemble des domaines professionnelles)[2].
Cette situation (conditions de travail difficiles, rémunération peu élevée, absence de perspective) peut décourager les vocations. Ainsi, si les projets de recrutements sont en forte augmentation ces dernières années, les taux de projets difficiles sont également en augmentation d’après l’enquête BMO (à l'exception de 2021), mais restent malgré tout proche de la moyenne des autres familles professionnelles de la région. L'année 2022 est en cela une année exceptionnelle du fait de la reprise des activités après la période de pandémie de COVID, et qui enregistre un taux de recrutement difficile plus élevé que la moyenne.
Les projections 2018-2022 de la DARES prévoyaient la création nette de plus de 7600 postes et le remplacement de départs à la retraite de 7000 postes pour les "Employés et agents de maîtrise de l'hôtellerie et de la restauration" dont font partie les serveurs. Ainsi près de la moitié des postes à pourvoir étaient des remplacements des départs à la retraite. Toutes familles professionnelles confondues en Ile-de-France, les départs à la retraite devaient être responsables de 78% des postes à pourvoir sur la période.
[1] DARES, Portraits statistiques de métiers 1982-2014
[2] LHOMMEAU Bertrand et MICHEL Christophe (Dares), Changer de métier : quelles personnes et quels emplois sont concernés ?, DARES analyses, novembre 2018, n°049, 12p.
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Les enjeux pour la profession et leurs impacts sur les métiers
Un environnement favorable au développement de l’emploiEnjeux par dimensionL’image forte de l’Ile-de-France, de Paris en particulier, que ce soit pour le tourisme ou en termes d’attractivité de la jeunesse estudiantine ou pour les milieux d’affaires, maintient un niveau d’activité fort dans les activités de l’hôtellerie restauration de la région. Cette situation est soutenue par une législation favorisant le développement des activités touristiques et de loisirs (création de zones touristiques permettant l’ouverture des magasins le dimanche). Différents indicateurs soulignent ainsi une situation favorable au développement des activités de l’hébergement-restauration comme l’accroissement du trafic aéroportuaire (+4,8% de passagers en 2018 par rapport à 2017[1]) ou l’augmentation du nombre d’arrivées hôtelières (+3,6% en 2018 par rapport à 2017[2]). Cette dynamique a été particulièrement ralentie par la pandémie de COVID, mais la reprise des activités en 2022 pourrait à nouveau profiter aux secteurs employeurs de cette famille professionnelle.
Des évènements comme les JOP 2024 pourraient accroître le besoin en main d’œuvre dans le secteur de la restauration, et en particulier en ce qui concerne les serveurs. Mais, selon le travail de projections réalisé par le CDES et Amnyos[3], si l’activité générée par les jeux « mobilisera des emplois dans les métiers du service en salle », celui-ci pourrait essentiellement se traduire par « une hausse de l’activité des personnes déjà en poste avec le recours aux heures supplémentaires, mais pas nécessairement par une hausse significative de l’emploi ».
Le développement de la métropole du Grand Paris, avec la création de nouvelles lignes de transports en commun, pourrait créer ou étendre de nouveaux quartiers avec plus de mixité sociale[4], zones dans lesquelles des activités de types restauration ou débit de boissons pourraient se développer.
En augmentant la clientèle potentielle, la croissance démographique de la région capitale favorise également ce type d’activité. Malgré le ralentissement de celle-ci, l’Ile-de-France conserve un certain dynamisme en regard des autres régions métropolitaines, grâce à « un taux de natalité francilien plus élevé que le niveau national (14,4 ‰ contre 11,3 ‰ en 2017), et […] un taux de mortalité plus faible (6,2 ‰ contre 9,2 ‰)[5]. »
De plus, les secteurs où officient les serveurs sont des secteurs protégés de la concurrence internationale et créent des emplois non-délocalisables. Néanmoins ces secteurs dépendent également du niveau des dépenses des ménages qui pourrait être altéré par l'inflation.
[1] DIALLO Boubacar, DEHEEGER Samuel et al., Bilan économique 2018, Insee conjoncture, n°25, Juin 2019
[2] Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de-France, Bilan de l’activité touristique à Paris Ile-de-France, Résultats de janvier à décembre 2018 et perspectives pour le début de l’année 2019, 32p.
[3] CDES et Amnyos, Cartographie des emplois directement mobilisés par les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Mars 2019, pp.63-64
[4] Danielle Jabot et al., « Transformations sociales dans la métropole du Grand Paris », Insee Analyses Ile-de-France, n°99, juin 2019
[5] Frédéric Bertaux, « Démographie de l’Île-de-France en 2017 », Insee Flash Ile-de-France, n°38, janvier 2019
Peu de réelle menace sur les volumes d’emploiLes menaces sur les emplois ou les activités des serveurs sont relativement limitées. Cependant, de façon indirecte, les emplois de serveurs pourraient pâtir d’une baisse de la fréquentation touristique ou de la consommation des ménages, dûe à d’éventuelles dégradations de la situation économique nationale ou internationale. De même un contexte de crise politique, sécuritaire, sociale ou sanitaire pourrait également engendrer une baisse de la fréquentation des établissements où officient les serveurs, comme au lendemain des attentats de l’année 2015 qui avaient eu pour conséquence la baisse de fréquentation touristique de l’année 2016.
Par ailleurs, il est trop tôt pour dire si la destruction par les flammes du monument le plus visité d’Ile-de-France, Notre Dame de Paris (12 millions de visiteurs annuels, site le plus visité après Eurodisney) aura des conséquences sur le tourisme régional.
L’automatisation de certaines tâches ou l’« ubérisation » de la restauration pourrait être une menace sur l’emploi, s’ils venaient à se généraliser. En effet l’usage des bornes automatiques dans les fast-foods, ou les commandes prises à distance réduisent les contacts avec la clientèle pour une certaine catégorie d’établissements et de consommateurs et peuvent limiter les besoins en personnels.
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Les formations
Un lien emploi-formation « faible »Part des actifs de la FAP issue des différentes spécialités de formationINSEE, enquête emploi continue (EEC) 2018Deux professionnels sur dix ont une formation dans l’accueil, l’hôtellerie, tourisme, en lien avec leur activité (parmi les actifs depuis moins de dix ans en emploi). Les formations des actifs sont très divers (commerce ou vente notamment, mais également "formations générales", etc.).
A titre d’illustration, en 2018, les diplômes de la « spécialité plurivalentes de la communication » était relativement importante parmi les effectifs entrés sur le marché du travail depuis moins de 10 ans en Ile-de-France. Ainsi un serveur sur dix était détenteur d’un diplôme de cette spécialité (communication, production artistique, etc.), alors que pour la France entière ce chiffre ne dépassait pas les 3%. Cela confirme l’attractivité de cette activité sur des jeunes venus faire des études en Ile-de-France ou travailler dans d’autres domaines d’activités, qui peuvent voir le travail de serveur comme un « job » d’appoint. C’est ainsi l’une des principales familles professionnels d’« insertion » des jeunes lycéens professionnels[1].
Dans les établissements haut de gamme, un diplôme du domaine de l’hôtellerie-restauration peut être requis, ainsi qu’un certain niveau de maitrise d’une langue étrangère, l’anglais en particulier, dans les établissements recevant une forte clientèle étrangère. On peut citer :
- Le CAP restaurant
- Le CAP agent polyvalent de restauration
- Le CAP services hôteliers,
- Le Bac pro commercialisation et services en restauration
- Le Brevet professionnel arts du service et commercialisation en restauration,
- Le Brevet professionnel Barman.
- La Mention complémentaire Accueil réception
Néanmoins, la profession est ouverte à des personnes n’ayant pas de diplôme spécifique, en particulier dans les petits établissements ou dans la restauration rapide où l’expérience sera privilégié, mais également les notions plus vagues comme la « façon d’être ». C’est à ce titre que le lien emploi-formation de cette famille professionnelle peut être qualifié de « faible[2] ».
[1] MOUSSET Itto et GONNARD Sophie, sous la direction de PARDINI Béatrice, Dans quels métiers s’insèrent les sortants de la voie professionnelle en Ile-de-France ?, Collections Franciliens, Défi métiers, septembre 2018, 15p.
[2] Sophie Gonnard, Laure Omont et Morad Ben Mezian, « En Ile-de-France, un lien plus faible entre la formation suivie et l'emploi exercé pour les jeunes dans les métiers peu qualifiés », Insee Analyses Ile-de-France n°49, 2016
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Sources bibliographiques et de données
Bibliographie- BABET Charline, « Comment ont évolué les métiers en France depuis 30 ans ? », DARES analyses, janvier 2017, n° 003, 16p.
- BEN MEZIAN Morad, GONNARD Sophie et OMONT Laure, « En Ile-de-France, un lien plus faible entre la formation suivie et l'emploi exercé pour les jeunes dans les métiers peu qualifiés », Insee Analyses Ile-de-France, n°49, 2016
- BERTAUX Frédéric, « Démographie de l’Île-de-France en 2017 », Insee Flash Ile-de-France, n°38, janvier 2019
- CATANA Aurélian et al., « L’Ile‑de‑France, première région touristique française », Insee Analyses Ile-de-France, n°20, Juin 2015, 4p.
- CDES et Amnyos, Cartographie des emplois directement mobilisés par les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Mars 2019, 81p.
- Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de-France, Bilan de l’activité touristique à Paris Ile-de-France, Résultats de janvier à décembre 2018 et perspectives pour le début de l’année 2019, 32p.
- DARES, « Employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration », Portraits statistiques de métiers 1982-2014, en ligne : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/s2z.pdf
- DIALLO Boubacar, DEHEEGER Samuel et al., « Bilan économique 2018 », Insee conjoncture, n°25, Juin 2019
- FAFIH, Connaître le secteur Hôtellerie, Restauration, loisirs et activités du tourisme, Portrait régional 2018, Ile-de-France, FAFIH, 7p.
- FORTE Michèle, MONCHATRE Sylvie, « Recruter dans l’hôtellerie-restauration : comment attirer ? », in Pratiques de recrutement et sélectivité sur le marché du travail, Centre d’études de l’emploi (CEE), rapport de recherche, n°72, mars 2012, pp.59-100
- FORTE Michèle, MONCHATRE Sylvie, « Recruter dans l'hôtellerie-restauration : quelle sélectivité sur un marché du travail en tension ? », IRES, La Revue de l'Ires, 2013/1 n°76, pp.127-150
- GODONOU Cyrille, « L’Ile-de-France, une des régions les plus riche d’Europe », Ile-de-France à la page, Insee, juin 2014, n°422
- JABOT Danielle et al., « Transformations sociales dans la métropole du Grand Paris », Insee Analyses Ile-de-France, n°99, juin 2019
- LABRADOR Jessica, « une forte hétérogénéité des revenus en Ile-de-France », Ile-de-France à la page, Insee, décembre 2013, n°414,
- LAINE Frédéric, « Les compétences attendues par les employeurs et les pratiques de recrutement », Eclairages et synthèses, Pôle emploi, n°22, juin 2016, 12p.
- LHOMMEAU Bertrand et MICHEL Christophe (Dares), « Changer de métier : quelles personnes et quels emplois sont concernés ? », DARES analyses, novembre 2018, n°049, 12p.
- MOUSSET Itto et GONNARD Sophie, sous la direction de PARDINI Béatrice, « Dans quels métiers s’insèrent les sortants de la voie professionnelle en Ile-de-France ? », Collections Franciliens, Défi métiers, septembre 2018, 15p.
- ROBIN Marina, PICARD Tristan, « Le secteur de la restauration : de la tradition à la rapidité », Insee Focus, Insee, N°34, septembre 2015, 4p.