Journalistes et cadres de l'édition

Journalistes et cadres de l'édition

Part de l'Ile-de-France dans l'emploi national

55 %
54 386
Actifs en emploi
en France
Dont
29 892
Actifs en emploi
en Ile-de-France

Évolution des effectifs franciliens 2013-2019

-5 %

Après une forte hausse des projets de recrutement en 2018, ceux-ci ont baissé en 2019. Un projet de recrutement sur quatre concerne un emploi saisonnier.

Journaliste : une famille professionnelle fortement concentrée en Ile-de-France

  • Les activités et leurs évolutions

    Les journalistes ont la charge de récolter, traiter et diffuser des informations. Les cadres de l’édition supervisent et contrôlent l’édition de publications, d’œuvres ou de documents.

    Les professionnels de l'information
    Positionnement des métiers
    Source : Pôle emploi, répertoire ROME​

    La famille professionnelle (FAP) des « journalistes et cadres de l’édition » couvre deux codes ROME (E1105 - Coordination d'édition et E1106 - Journalisme et information média). Cette FAP regroupe des professionnels aux appellations et aux tâches variées (en gras sur le schéma). Les « journalistes » peuvent être, suivant leur spécialisation, le type de support et le niveau de responsabilité : journaliste web, journaliste rédacteur, journaliste reporter d’image, chef d’édition, rédacteur en chef, etc.
     
    Les « journalistes y compris rédacteur en chef » (au sens de la PCS) représentent 87% des effectifs de la FAP, quant aux « directeurs de journaux, administrateurs de presse, directeurs d'éditions (littéraire, musicale, audiovisuelle et multimédia) », ils ne comptent que 13% des effectifs de cette famille professionnelle. C’est ainsi que nous évoquerons ici exclusivement la catégorie des « journalistes y compris rédacteur en chef ».
     
    Les évolutions possibles pour les journalistes consistent, au sein de la FAP, à prendre des responsabilités en termes de management ou de coordination des équipes (chef de rubrique, rédacteur en chef adjoint, rédacteur en chef, directeur de l’information) ou, hors de la FAP, de se diriger vers la communication ou les relations presses (pour des entreprises, des collectivités ou des personnalités publiques).

     

    Récolter et traiter l’information

    Quel que soit le type de média ou de structure pour lequel il est amené à travailler (presse écrite, télé, radio, web) le journaliste doit récolter, vérifier et traiter l’information dont il a la charge. Il doit ainsi :
     
    - Proposer des sujets
    - Choisir un angle par lequel aborder le sujet
    - Récolter l’information
    - Recouper et vérifier l’information
    - Analyser et synthétiser l’information
    - Présenter, transmettre et adapter l’information en fonction d’un format attendu, du type de support et de la ligne éditoriale du média
    - Faire un travail de veille sur les actualités en lien avec son domaine d’activité (actualités générales ou spécialisées)

    S’adapter aux nouveaux supports

    Confronté à des réductions de personnel dans les principales structures employeuses et à une demande de polyvalence, les journalistes sont amenés à devoir réaliser un plus grand nombre de tâches seul que par le passé. Par ailleurs, avec l’arrivée de l’Internet, beaucoup de média se développent sur ce support uniquement (pure player) ou en complément d’un autre format (papier, télé, radio). Ces changements impliquent pour les journalistes, et suivant le média pour lequel ils travaillent, de savoir :
     
    - Monter des sujets (audio et/ou vidéo)
    - Alimenter des pages web
    - Télécharger des contenus sur des pages web
    - Animer des réseaux sociaux et des chaînes de discussions en direct sur le web
    - S’informer via le net et vérifier les informations provenant du web

  • Les secteurs concernés

    Des activités concentrées dans le secteur de l’« édition, l’audiovisuel et diffusion »
    Top 5 des secteurs d’activités employeurs
    Sources : ACOSS, Centre d’analyse stratégique. Traitement Défi métiers

    Les « journalistes et cadres de l’édition » sont près de 70% à travailler dans le secteur de « l’édition, l’audiovisuel et la diffusion ». Dans le détail, c’est la presse écrite qui accueille le plus de journalistes et cadres de l’édition au sein de revues et de périodiques (23%) et l’édition de journaux (13%), suivi des chaînes généralistes (6%) à égalité avec l’édition de livre (6%), suivi de la radio (5%) et les agences de presse (5%) et les chaînes thématiques (5%). Ils sont également présents dans de nombreux autres secteurs[1].


    [1] Source : Insee – Recensement de la population 2016

     

    Des activités bouleversées par les nouvelles technologies de l’information

    Les secteurs d’activités dans lesquels nous retrouvons le plus de journalistes ont été directement impactés par le développement des nouvelles technologies de l’information et la modification des modes de consommation de l’information.
    Ainsi la presse écrite (où l’on trouve encore plus du tiers des journalistes et cadres de l’édition en emploi en Ile-de-France) a vu le nombre de ses lecteurs fortement baisser ces dernières années. D’après les chiffres du ministère de la Culture, les titres de la presse quotidienne nationale sont passés de 12 en 1980 à 9 aujourd’hui. Le tirage total (presse régionale et nationale) est passé de 10,5 millions d’exemplaires en 1980 à un peu moins de 7,6 millions aujourd’hui dont 1,8 millions d’exemplaires gratuits[1].
    Le développement de la presse gratuite, des supports multimédias, les chaînes gratuites d’informations en continu, ont bouleversé le rapport à l’information des citoyens et favorisé le développement de la notion de gratuité de l’information. Ce nouveau rapport à l’information fragilise les équilibres financiers des anciens groupes de presse, et favorise de nouveaux acteurs tel que Facebook ou Google, peu créateurs d’emploi en France.
    La concentration de nombreux titres aux mains de quelques grands groupes favorise les fusions des rédactions. On observe également des fusions et des restructurations dans les rédactions des médias publics. Ainsi, même si le secteur d’activité de l’édition, de l’audiovisuel et de la diffusion est dans une perspective dynamique, la conjoncture actuelle ne semble pas favorable à l’emploi des journalistes et cadres de l’édition.


    [1] Source : DGMIC/BREP/ACPM, Ministère de la Culture, https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Presse/Chiffres-Statistiques

     

     

    Des activités fortement concentrées en Ile-de-France

    Du fait de la présence en Ile-de-France de sièges de nombreux médias, de la presse quotidienne nationale mais aussi de la radio et de la télévision et des agences de presse, les activités de « l’édition, de l’audiovisuel et de la diffusion » sont fortement concentré dans la région. Les grands médias nationaux sont par ailleurs très concentrés au sein même de l’Ile-de-France et concernent principalement l’ouest parisien et les Hauts-de-Seine : Issy-les-Moulineaux, Boulogne Billancourt ou encore Neuilly sur Seine. De même, la région, et en particulier Paris, compte de nombreux sièges de maison d’édition mais également des sièges sociaux de grands groupes industriels ou commerciaux, qui recrutent également des journalistes. La part des journalistes et cadres de l’édition en emploi en Ile-de-France représente ainsi plus de la moitié des professionnels de la FAP en emploi de France (55%).

  • Les marchés du travail

    Caractéristiques des actifs en emploi

    Une surreprésentation des femmes, mais peu d’équité
    29 892
    Actifs en
    Ile-de-France

    Répartition Homme/Femme (en %)

    Répartition H/F
    INSEE, Recensement de la population 2019

    Répartition des âges (en %)

    Répartition par âge
    INSEE, Recensement de la population 2019

    Les contingents de journalistes sont composés d’une plus grande proportion de femmes en Ile-de-France que dans le reste de la France. Les femmes représentent ainsi 53% des journalistes de la région (48% dans le reste de la France).
     
    Cette surreprésentation des femmes masque cependant de fortes inégalités. Ainsi selon les chiffres de la Commission de la carte d'identité des journalistes professionnels (CCIJP)[1], qui comptabilise uniquement les détenteurs de la carte de presse, la profession est majoritairement masculine (47% de femmes dans toute la France). Cependant les femmes sont majoritaires parmi les pigistes (53%), qui est un statut précaire. Elles sont également surreprésentées parmi les demandeurs d’emploi (50%). De plus, elles ne représentent que 21% des détenteurs de la carte de « directeur ».
     
    En 2019, une tribune signée par plus de 900 journalistes et publiée dans le journal Le Monde (14 février 2019), dénonçait à la fois « une profession rongée par un sexisme systémique » et le harcèlement subit par les femmes au sein des rédactions. D’après la tribune, cette situation est entretenue par « la cooptation et l’entre-soi » de ce milieu professionnel.
     
    Par ailleurs, les journalistes comptent légèrement plus, en proportion, de professionnels de plus de 50 ans que le reste des familles professionnelles d’Ile-de-France. La possibilité d’exercer ces professions relativement tard (dans l’édition ou les média) et surtout la baisse du nombre d’entrées dans la profession (1787 première demande de carte en 2018 contre 2153 en 2008[2]) peuvent expliquer cette tendance.


    [1] Source CCIJP, traitement défi métiers

    [2] Idem

     

    Des niveaux de qualifications élevés

    Niveau de diplômes (en %)

    Diplômes
    INSEE, Recensement de la population 2019

    Le niveau de qualification est très élevé puisque 86% d’entre eux sont diplômés d’études supérieures. La proportion de diplômés du supérieur est encore plus grande pour les moins de 30 ans, puisqu’elle atteint 92%. Cette évolution peut traduire un processus de qualification générale de la population et une hausse des exigences des employeurs sur ces professions.

    Une famille professionnelle qui compte peu d’étrangers

    Cette famille professionnelle compte très peu d’étrangers au regard de la population étrangère francilienne. Ainsi, alors que l’Île-de-France compte 13% d’étrangers dans sa population en emploi, la FAP en compte seulement 7%. La proportion de la population étrangère hors UE dans la FAP francilienne est ainsi très proche de celle observée dans l’ensemble de la France, alors que cette population est bien moins importante en dehors de l’Ile-de-France.

    Une forte concentration des journalistes à Paris

    Plus de la moitié des journalistes et cadres de l’édition (55%) travaillent dans leur département de résidence, à l’image de la moyenne de l’ensemble des FAP. Ce chiffre moyen pour l’ensemble de la région masque cependant des différences marquées avec l’ensemble des familles professionnelles. En effet, sept journalistes résidant à Paris sur dix y travaillent. Les journalistes et cadres de l’édition sont par ailleurs majoritaires (55%) à résider à Paris, contre 20% toute FAP confondues. Ils sont également plus présents dans les Hauts-de-Seine que la moyenne des actifs des autres FAP franciliennes.

    Importance des contrats précaires

    Conditions d'emploi

    INSEE, Recensement de la population 2019
    16 % 14 %
    INSEE, Recensement de la population 2019

    La famille professionnelle se caractérise par une forte présence des « non salariés » (15% contre 10% toutes FAP confondues), des CDD (14% contre 8%) et la faible proportion de CDI (69% contre 78% toutes FAP confondues). Ces chiffres indiquent l’importance de l’usage du travail « à la pige », c’est-à-dire le paiement à la tâche, à l’article ou au sujet produit, dans les secteurs qui emploient ce type de professionnels.
     
    La proportion de temps partiel est également légèrement plus élevée que pour l’ensemble des FAP d’Ile-de-France (17% de temps partiel contre 15% toutes FAP confondues).
     
    Ces chiffres révèlent une certaine « vulnérabilité » des salariés sur le marché du travail qui doivent, pour certains, chercher de multiples employeurs pour vivre de leur travail.

    Caractéristiques des demandeurs d’emploi

    Des demandeurs d’emploi de longue durée
    7 810
    Demandeurs d'emploi enregistrés dans cette famille professionnelle
    Part des DE inscrits depuis plus d’un an (en%)
    DARES, traitement drieets Ile-de-France 2021
    Taux d’écoulement
    45%
    53%
    DARES, traitement drieets Ile-de-France 2021

    Le taux d’écoulement des journalistes est de 51% en 2018 contre 60% pour l’ensemble des familles professionnels. Ce taux mesure la part de demandeur d’emploi sortie des listes des demandeurs d’emploi dans les 12 mois. Plus ce taux est élevé (proche des 100%) plus la sortie des listes des demandeurs d’emploi est rapide.
     
    Les demandeurs d’emploi inscrits depuis plus d’un an représentent ainsi plus de la moitié des demandeurs d’emploi (contre 40% toutes FAP confondues). La durée moyenne du chômage est également plus élevée (plus d’un an contre 9 mois pour l’ensemble des FAP).
     
    Ces chiffres révèlent des difficultés plus marquées que pour l’ensemble des FAP de retrouver un emploi. On observe par ailleurs que le chômage touche plus les femmes (près de six journalistes demandeurs d’emploi sur dix est une femme). Les moins de trente ans sont également légèrement surreprésentés parmi les demandeurs d’emploi par rapport à leur proportion parmi les journalistes en emploi. Cette dernière observation pourrait s’expliquer par des débuts de carrière marqués par des périodes de travail courtes entrecoupées de périodes de chômage plus ou moins longues, du fait de l’utilisation importante de contrats précaires (CDD, piges). Ainsi, précise un rapport de la DARES et de France Stratégie, en ce qui concerne les professions de la communication et de l’information, « l’abondance de jeunes diplômés issus des filières universitaires de la communication et de la documentation, et la proportion importante de contrats à durée limitée rendent l’insertion difficile en début de carrière[1]. »
     


    [1] ARGOUARC’H Julie, ABOUBADRA Sandrine et al., Les métiers en 2022, Rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications, France Stratégie, Dares, avril 2015, p.331

     

     

    Les offres d'emploi et projets de recrutement

    Une position sur le marché du travail peu favorable aux professionnels

    Durée des emplois proposés (en %)

    161
    DARES, traitement drieets Ile-de-France 2021

    Le nombre d’offres d’emploi enregistrées à Pôle emploi en 2018 est très faible (un peu plus de 250), comparé au nombre de demandeurs d’emplois (plus de 6500). Cependant une partie des offres d’emploi ne passent pas par Pôle emploi et sont diffusées via les réseaux sociaux, les réseaux professionnels ou d’anciens élèves des écoles de journalisme.
     
    Peu de création nette d’emploi sont à prévoir d’après les prospectives de la DARES. D’après ces travaux de prospective, les deux tiers des postes à pourvoir seront le fait des remplacements des départs à la retraite entre 2018 et 2022 pour l’ensemble des professionnels de la communication et de l’information (FAP87) dont les journalistes font partie.
     
    L’enquête emploi BMO de Pôle emploi ne compte que 730 projets de recrutement en 2019 dont 26% d’emploi saisonnier (15% toutes FAP), et 20% de projets jugés « difficiles », (contre 47% toutes FAP). Après une hausse des projets de recrutement en 2018, ces projets sont à nouveau en baisse. Ces chiffres montrent une position peu favorable des professionnels sur le marché du travail.

  • Les enjeux pour la profession et leurs impacts sur les métiers

    Des technologies de l’information qui ont bousculé les pratiques
    Enjeux par dimension

    L’environnement médiatique a fortement évolué ces dernières années, impactant fortement les activités des journalistes.
     
    La diversification des chaînes de télévision avec la TNT et l’arrivée des chaînes gratuites d’informations en continu (de 10 chaînes en 2008 à 19 aujourd’hui), ont multiplié les structures offrant des emplois dans l’audiovisuel. Cependant, l’Internet a bousculé l’environnement médiatique, et multiplié les accès aux médias via la multiplication des écrans (téléphones, tablettes, etc.). Cela a conduit à une baisse des lecteurs de presse écrite et une baisse de l’audience des grands journaux télévisés traditionnels parmi les populations les plus jeunes. Ainsi, d’après un sondage IFOP de décembre 2018, pour la fondation Jean Jaurès : « la télévision […] reste première source d'information dans l'ensemble de la population (pour 47% des sondés, devant internet à 28%, la radio à 17% et la presse écrite à 7%). Mais chez les moins de 35 ans, elle passe en deuxième position (37%), derrière internet (46%)[1] »
     
    Une culture de l’immédiateté, mais aussi de la remise en cause des « élites » et des « journalistes », en particulier parmi les jeunes générations, remet en cause les médias traditionnels dans leur rôle de diffusion d’une information sûre, vérifiée, répondant aux critères d’exigences journalistiques.
     
    D’après une enquête BVA de 2019, 1 français sur 4 déclare avoir déjà relayé une fake news auprès de son entourage ou sur les réseaux sociaux. Cette situation a fait se déployer une nouvelle approche de l’information : le « fact-checking », que de nombreuses rédactions produisent sur leur support afin de contrer la prolifération des « fake news » ou des « infox », néologisme composé des mots information et intoxication.
     
    Par ailleurs, tous ces médias (TNT, internet) doivent se partager la manne publicitaire. Or, les géants du numérique Facebook, Google, Apple, captent une part importante des parts de marché de la publicité.


    [1] Noémie Bonnin, « Les réseaux sociaux première source d'info en ligne chez les personnes sensibles aux théories du complot », site de France info, publié le 18/02/2019, article en ligne : https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/info-franceinfo-les...

     

    De nouvelles façons de diffuser l’information

    Le développement des technologies permettant de mettre en place sa propre chaîne très facilement (chaîne youtube, site payant, etc.), de nouvelles expériences de diffusion de l’information voient le jour.
     
    Face aux médias traditionnels, de nouvelles formes de médias (documentaires en bande dessiné, etc.) ainsi que des médias aux lignes éditoriales plus politisées (le Média), ou avec des formats courts destinés aux réseaux sociaux (Brut, etc.) se développent.
     
    Par ailleurs, le marché de la publicité repartirait à la hausse selon le baromètre de l’Irep (Institut de recherches et d’études publicitaires), avec 4,2% de hausse en 2018. Cependant, c’est le digital qui capte une part importante de la croissance de ce marché.

    Un modèle économique à développer

    Les agrégateurs de contenus (google), les modes de consommations (gratuit, rapide, etc.), l’impression d’être informé via ses réseaux sociaux, les doutes concernant les médias, participent à l’érosion de l’audience des médias traditionnels et à la perte de part de marché.
    Par ailleurs, peu de sites internet ont trouvé un modèle économique satisfaisant (notamment avec le développement des systèmes de blocage des publicités de type Adblock) à l’exception des sites payant qui demandent un abonnement à leurs internautes (à l’image de Médiapart par exemple)
    Les dépenses de la population vis-à-vis des médias « sont corrélées à la conjoncture » (ARGOUARC’H J., ABOUBADRA S. et al., 2015, p.330). En cas de crise économique, ces dépenses pourraient baisser, et limiter l’activité des médias.

    Des dynamiques qui impactent les métiers

    Comme nous l’avons abordé précédemment, la situation de forte concurrence et une manne publicitaire captée par les géants du web, conduisent à des réductions de personnel dans les principales structures employeuses et à une plus grande demande de « polyvalence ». Ainsi, les journalistes sont amenés à devoir assurer une plus grande diversité de tâches seul que par le passé (rédaction, photo ou vidéo, montage, mise en ligne, infographie, etc.).
     
    Le développement des médias sur internet (pure player et sites web des médias traditionnels) a conduit à repenser les formats proposés aux utilisateurs, ce qui nécessite la maîtrise de nouveaux savoir-faire autant techniques (infographie, filmer avec un smartphone, mise en ligne, etc.) que formels (vidéo sans commentaire, mise en scène du journaliste, etc.). De même, les journalistes se doivent également de maîtriser les réseaux sociaux (dimension technique, juridique et éthique) et d’être en capacité d’animer des chaînes de discussions en direct.

    Impact de l'épidémie de Covid-19

    L’impact de l’épidémie de Covid-19 sur la FAP est encore difficile à évaluer. Les pratiques journalistiques ont été affectées d’abord par une prise en compte des gestes barrières pour une profession par définition en contact avec de nombreuses personnes. Par ailleurs, les questions soulevées par l’épidémie de Covid-19 ont pu accroître la nécessité de bénéficier de l’approche de journalistes ayant une appétence pour les questions scientifiques et médicales. Surtout, on a pu observer le rôle croissant du « fact-checking » du fait de la diffusion de plus en plus importante de « fake news » via les réseaux sociaux.
     
    Le journalisme a fait partie des « activités essentielles » qui n’ont pas été arrêtées lors du confinement. Cependant, les principaux secteurs employeurs des journalistes ont été relativement éprouvés économiquement. En effet, malgré un besoin important d’être informé, la crise économique a touché les annonceurs et s’est répercutée sur les revenus des médias, en particulier ceux ne bénéficiant pas de financement public. « Malgré une croissance record de l’audience, la santé de l’industrie des médias d’information est en danger [1] », note un rapport de l’UNESCO.
     
    La baisse d’activité est estimée au niveau national par le Ministère de la Culture, à 16% du chiffre d’affaires (CA) de l’ensemble des acteurs de la presse par rapport à 2019, soit une perte d’activité de 1,9 Milliards d’euros. Dans l’audiovisuel (radio, télévision, cinéma) la baisse d’activité atteint 21% du CA par rapport à 2019, soit une perte de plus de 5 milliards d’euros[2].
     
    Pour faire face à cette situation, le gouvernement a prévu un plan de relance pour la filière de la presse d’un montant de 483 millions d’euros sur deux ans (destinés à la modernisation des imprimeries, la transition écologique, des subventions d’investissement, des crédits d’impôt, la création d’un fond de 18 millions d'euros pour lutter contre la précarité des journalistes pigistes, photojournalistes ou encore dessinateurs de presse). Ces aides sont principalement destinées au soutien de la presse papier.


    [1] UNESCO, Journalisme, liberté de la presse et COVID-19, Note thématique dans la série UNESCO : Tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias, 2020, 18p. [en ligne] 

    [2] Chiffres Ministère de la Culture, Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS), mai 2020. Ces chiffres sont obtenus pour l’année 2020 en comparant les pertes évaluées par les acteurs culturels avec l'activité économique attendue sans épisode pandémique. Cette évaluation a été réalisée avant le second confinement : https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Etudes-et-statistiques/Pub...'impact%20de%20la%20crise%20du%20Covid%2D19%20se%20traduira,l'architecture%20(%2D28%20%25).

     

  • Les formations

    Des actifs issus principalement de la spécialité « journalisme et communication »
    Part des actifs de la FAP issue des différentes spécialités de formation
    INSEE, enquête emploi continue (EEC) 2018

    Près de 80% des journalistes entrés sur le marché du travail depuis moins de 10 ans en Ile-de-France ont suivi une formation « Journalisme et communication », et moins de 10% une « spécialité plurivalentes de la communication ». Le lien emploi-formation des « professionnels de la communication et de l’information » (catégorie qui comprend également les interprètes, cadres et assistants de communication) est considéré comme « moyen » par une étude de Défi métiers et de l’Insee[1]. En effet, si les journalistes sont principalement issus d’une spécialité de formation, ils ont également la possibilité de travailler dans une multitude de familles professionnelles.
     
    Par ailleurs, dans le cas des journalistes, le passage par une école reconnue de journalisme permet d’obtenir plus rapidement la carte de presse. Ces écoles, reconnues par la profession, sont au nombre de 14, dont cinq sont localisées à Paris (le Celsa Paris, le CFJ Paris, l’école de journalisme de Sciences Po Paris, l’IFP Paris, l’IPJ Paris). Les écoles reconnues ont théoriquement la possibilité d’envoyer leurs étudiants en stage dans les rédactions les plus prestigieuses. Dans les faits, stages et carrières professionnels se déroulent difficilement sans un bon carnet d’adresse. De plus, il est toujours possible de travailler comme journaliste sans avoir fait d’études spécifiques de journaliste. Certaines spécialités de formation de sciences, de droit, de médecine ou de sciences humaines et sociales pourront par ailleurs être appréciées au sein de certaines publications spécialisés.


    [1] Sophie Gonnard, Laure Omont et Morad Ben Mezian, « En Ile-de-France, un lien plus faible entre la formation suivie et l'emploi exercé pour les jeunes dans les métiers peu qualifiés », Insee Analyses Ile-de-France n°49, 2016

     

  • Sources bibliographiques et de données

    Bibliographie

    ARGOUARC’H Julie, ABOUBADRA Sandrine et al., Les métiers en 2022, Rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications, France Stratégie, Dares, avril 2015
     
    BEN MEZIAN Morad, GONNARD Sophie et OMONT Laure, « En Ile-de-France, un lien plus faible entre la formation suivie et l'emploi exercé pour les jeunes dans les métiers peu qualifiés », Insee Analyses Ile-de-France, n°49, 2016
     
    BONNIN Noémie, « Les réseaux sociaux première source d'info en ligne chez les personnes sensibles aux théories du complot », site de France info, publié le 18/02/2019, article en ligne : https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/info-franceinfo-les...
     
    UNESCO, Journalisme, liberté de la presse et COVID-19, Note thématique dans la série UNESCO : Tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias, 2020, 18p. [en ligne] 

    Source des données

    CCIJP, http://www.ccijp.net/article-148-statistiques-ccijp.html
     
    DGMIC/BREP/ACPM, Ministère de la Culture, https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Presse/Chiffres-Statistiques
     
    Observatoire des métiers de la presse, en ligne : https://data.metiers-presse.org/explore.php#bar/alljournalists/journalistNumber/ageSlice/genderDistribution/none/2018/none
     
    Chiffres Ministère de la Culture, Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS), mai 2020. Evaluation de l'impact économique de la pandémie : https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Etudes-et-statistiques/Pub...'impact%20de%20la%20crise%20du%20Covid%2D19%20se%20traduira,l'architecture%20(%2D28%20%25).
     
    Outil Dynamique des bassins, Défi métiers, https://www.defi-metiers.fr
     
    Outil Dynamique des salaires, Défi métiers https://www.defi-metiers.fr/observatoire-salaires
     
    INSEE, Enquête emploi continue, année médiane 2015
     
    INSEE, données du recensement, RP 2016
     
    DARES, traitement Direccte Ile-de-France
     
    DARES, données de prospective (FAP87), 2018-2022
     
    Enquête IVA (Insertion dans la vie active), dispositif national piloté par le Ministère de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, données Ile-de-France via l’enquête réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la région, les trois académies franciliennes, la DRIAAF, la DRONISEP et Défi-métiers.