Coiffeurs, esthéticiens
Part de l'Ile-de-France dans l'emploi national
en France
en Ile-de-France
Évolution des effectifs franciliens 2013-2019
Des effectifs en baisse depuis plusieurs années
Des activités en recomposition
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Les activités et leurs évolutions
Les professionnels des soins de coiffure et d'esthétiquePositionnement des métiersSource : Pôle emploi, répertoire ROMELa famille professionnelle des coiffeurs et esthéticiens comprend les coiffeurs salariés (plus de 40% de la FAP), les artisans coiffeurs, manucures et esthéticiens (un tiers de la famille professionnelle) et les manucures et esthéticiens salariés (un quart de la FAP). Si les artisans coiffeurs, manucures et esthéticiens et dans une moindre mesure les coiffeurs salariés sont sous représentés en Ile-de-France, les manucures et esthéticiens salariés sont au contraire sur-représentés en proportion des actifs en emploi francilien.
Ces professionnels peuvent évoluer vers des métiers aux activités proches (conseil, soin et bien-être), ou se spécialiser dans la vente de produits de coiffure ou d’esthétique, ou encore dans les activités des arts et spectacles. Enfin, la gestion de magasin ou le management d’équipe est une évolution possible.
Ces professionnels des soins de coiffure, d’esthétique et de cosmétique, conseillent ou prennent en charge l’agencement de l’apparence corporelle des individus en adéquation avec leur demande spécifique.
La coiffure et les activités d’esthétique ont une importante valeur symbolique[1], tant du point de vue socio-économique que culturel, de genre, générationnel, professionnel, politique[2], sexuel, voir même magico-religieux[3]. « Travailler le corps, c’est toujours travailler plus que le corps.[4] » Ces professionnels sont ainsi chargés des « décors des corps[5] », des marquages corporels, plus ou moins temporaire, permettant d’exprimer une identité individuelle ou collective, et faire part, en la dévoilant, d’une représentation de soi et d’une prétention à occuper un certain espace ou position sociale (se conformer à des exigences sociales ou professionnelles[6], se rapprocher d’un idéal de soi, se conformer à une représentation du beau ou du propre, se distinguer des autres et/ou marquer son adhésion à un groupe, etc.).
Le poids des « coiffeurs salariés » au sein des actifs en emploi de la famille professionnelle n’a cessé de baisser ces dernières années. Il est passé de 53% dans le recensement 2007 à 41% en 2017, pendant que les « artisans coiffeurs, esthéticiens, manucures » passaient de 26% à 34% et les « esthéticiens, manucures salariés », de 21% à 24%. Ces évolutions témoignent à la fois des changements des modalités d’exercices (augmentation du nombre d’auto-entrepreneurs et de micro-entrepreneurs, coiffeurs à domicile), et d’un accroissement du poids des pratiques esthétiques, de soin et d’hygiène concernant le corps et le visage, au détriment de celles uniquement tournées vers la chevelure.
[1] Voir notamment : BROMBERGER Christian, Trichologiques, Une anthropologie des cheveux et des poils, Paris, Bayard, 2010
[2] On peut penser notamment à la teinture grise des cheveux de Laurent Wauquiez, utilisée pour paraître plus expérimenté. Voir notamment : BAILLETTE Frédéric, « Organisations pileuses et positions politiques. À propos de démêlés idéologico-capillaires : Ray Gunn, le punk pauvre », Savage, été 1995, p. 121-159. En ligne
[3] Ces professionnels doivent par ailleurs concourir à travailler son « glamour », améliorer son « charme ». Le terme « glamour » est issu d’un terme anglais signifiant d’abord magie, et vient du français grimoire ; le mot « charme » désigne une incantation magique.
[4] COCHENNEC Morgan, « Le soin des apparences, L'univers professionnel de l'esthétique-cosmétique », Actes de la recherche en sciences sociales, Le Seuil, 2004/4 n° 154, pages 80 à 91
[5] LACOMBE Philippe, « Nature, cultures et pilosités », Sociétés. Revue des Sciences Humaines et Sociales, n° 49, « L’imaginaire », 1995, Dunod, p. 295-301
[6] En 2012, le groupe américain Disney a autorisé le port de la barbe et de la moustache à ses employés, ce qui était jusqu’alors prohibé par le règlement de l’entreprise. On peut citer également le port des cheveux ou de la barbe des militaires également très règlementé.
Intervenir sur les apparences des corpsSelon leur spécialité et le mode d’exercice, ces professionnels sont amenés à :
- Pratiquer des techniques de coiffures, de maquillage, de soins du visage, de la peau
- Conseiller et être force de proposition sur les questions d’agencement capillaire, sur l’esthétique et l’hygiène des corps et des cheveux.
- Vendre des produits de cosmétique, esthétique ou de coiffure
- Gérer des équipes, un commerce, un point de vente, ou une activité à domicile (vente directe)
- Manipuler des produits chimiques (coloration des cheveux notamment)
- Manipuler des machines dont l’usage peut entrainer de graves blessures aux usagers et aux professionnels (machines à UV, sèche-cheveux, piercing, tatouage, etc.) nécessitant dans certains cas des certificats adaptés (certificat d’opérateur d’UV)
- Connaître les réglementations en vigueur concernant l’hygiène et la sécurité liées aux activités propres à la coiffure et aux soins esthétiques
A l’écoute des changements et des innovationsL’individualisation des corps dans nos sociétés postmodernes impliquent des mouvements distincts mais favorables à l’activité des coiffeurs et esthéticiens : des modes esthétiques changeantes, le désir de se distinguer, et une attention particulière portée à l’image de soi (pour soi et pour les autres) et à l’hygiène. Cette attention touche l’ensemble du corps social, quelques soient le genre, l’âge ou le statut social de l’individu ou son état de santé. Elle conduit également les professionnels à compter parmi les garants des activités permettant le « bien être » de l’individu. Les modalités techniques d’intervention de ces professionnels sont également en évolution, que ce soit de par les demandes d’activités plus écologiques, ou encore sur les demandes de proximité, d’individualisation de la prise en charge, etc.
- Intervenir auprès des personnes âgées
- Intervenir auprès des malades
- Veiller à l’évolution des modes et tendances
- Veiller à l’évolution des outils et techniques innovantes
- Proposer des solutions écologiques
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Les secteurs concernés
Une famille professionnelle fortement concentrée dans les activités de coiffure et de soins de beautéTop 5 des secteurs d’activités employeursSources : ACOSS, Centre d’analyse stratégique. Traitement Défi métiersOn retrouve majoritairement ces professionnels dans le grand domaine des « Autres activités de services », dont le nom est assez peu explicite. Il s’agit principalement du secteur de la « Coiffure », qui représente à lui seul plus de la moitié des professionnels. Suivent les « soins de beauté » (près d’un professionnel sur quatre), puis l’« entretien corporel » (3%) ou encore dans les « autres services personnels non classés ailleurs », où l’on peut retrouver les services des tatoueurs et des piercings.
On retrouve également cette FAP, de manière beaucoup plus minoritaire, dans le commerce de détail de parfum et de produits de beauté, mais également dans l’enseignement, etc.
Dans les principaux secteurs occupés par ces professionnels, on observe des mouvements contradictoires. On note ainsi une baisse importante des effectifs de la famille professionnelle dans la coiffure et une hausse conséquente dans d’autres secteurs depuis plusieurs années, comme les « Soins de beauté », l’« entretien corporel » et les « Autres services personnels » qui fait plus que doubler ses effectifs de ces professionnels en cinq ans, à la veille de la pandémie de COVID.
Ces fortes différences indiquent des changements importants dans les présentations et représentations des corps, une mutation des pratiques, et des débouchés potentiels de ces professionnels, même si la coiffure reste la principale activité de ceux-ci. -
Les marchés du travail
Caractéristiques des actifs en emploi
Une famille professionnelle jeune et genrée36 301Actifs en
Ile-de-FranceRépartition Homme/Femme (en %)
INSEE, Recensement de la population 2019Répartition des âges (en %)
INSEE, Recensement de la population 2019La proportion de femme au sein de la famille professionnelle est très importante. Plus des quatre cinquièmes des professionnels sont des femmes. Cette proportion est encore plus importante chez les professionnels les plus jeunes puisque neuf professionnels de moins de 30 ans sur dix sont des femmes. L’Ile-de-France se distingue du reste de la France par une proportion plus importante d’homme chez les plus de 50 ans, avec près d’un quart de professionnel masculin.
Ces différences entre les générations peuvent être l’indicateur de deux phénomènes différents : une féminisation des métiers d’une part, ou bien un maintien dans l’emploi plus tardif pour les hommes. On voit par ailleurs que la proportion de jeunes est légèrement plus importante que pour l’ensemble des familles professionnelles de la région alors que les plus de 50 ans sont légèrement sous-représentés. On peut alors supposer que le maintien dans l’emploi au-delà d’un certain âge est plus difficile dans ces métiers, et que ces difficultés peuvent plus facilement toucher les femmes que les hommes eu égard aux observations précédentes. Le développement des barbiers et « barber shops », vus comme des activités plus « masculine », pourrait accroître la proportion d’hommes dans cette famille professionnelle.Trois professionnels sur sept ont un niveau supérieur au CAPNiveau de diplômes (en %)
INSEE, Recensement de la population 2019Le niveau de diplôme de la famille professionnelle est plus faible que celui de l’ensemble des métiers d’Ile-de-France. Ces professions sont majoritairement occupées par des professionnels titulaires de diplôme infra-bac (près de 60% contre près de 30% pour l’ensemble des familles professionnelles).
Dans le reste de la France, ces professionnels sont légèrement plus diplômés qu’en Ile-de-France (plus de diplôme de niveau bac et plus), alors même que l’ensemble des FAP est moins diplômés. Cependant on observe que les moins de 30 ans sont plus diplômés que leurs ainés. Environ un professionnel de moins de 30 ans sur deux à un diplôme de niveau supérieur ou égal au Bac contre un sur trois parmi les plus de 50 ans.
Ces différences entre génération marquent sans doute une professionnalisation de la famille professionnelle que l’on peut observer dans d’autres FAP, avec notamment la possibilité de détenir un brevet professionnel (BP) coiffure et du BP esthétique cosmétique (Niveau 4 – Bac), ou encore du BTS « Métiers de la coiffure » et du BTS métiers de l’esthétique cosmétique parfumerie (Niveau 5 - Bac+2), qui sont parfois demandé pour compléter des formations (connaissance supplémentaire en gestion, vente). Ces formations supplémentaires après l’obtention d’un CAP sont parfois nécessaires également pour obtenir des stages dans des salons qui y voient également l’opportunité d’obtenir de la main d’œuvre à un coup moins important. La création d’un bac pro esthétique cosmétique et parfumerie (premier diplômé en 2020) ainsi qu’un bac pro métiers de la coiffure (premiers diplômés en 2023) devrait augmenter encore le niveau de diplôme des professionnels de la FAP.
La création de ces baccalauréats professionnels soulignent le poids pris dans le secteur de la coiffure et des Soins de beauté par les grandes enseignes et la perte d’influence des artisans (favorable au maintien des seuls BP et Brevet de Maitrise)[1] [2]
La loi impose une qualification minimale aux coiffeurs et esthéticiens[3] (CAP ou BP de coiffure ou d’esthétique), mais les manucures ne sont pas concernés par cette obligation. Par ailleurs pour l’ouverture d’un salon de coiffure, il est nécessaire qu’un salarié au moins soit titulaire du BP[4].
[1] DUMOULIN Céline, RENARD Fanny, « La coiffure, une filière sans baccalauréat », in Fabienne Maillard, Gilles Moreau, Les 30 ans du bac pro, Octarès, pp.187-197, 2019
[2] Pour une analyse plus fine de cette dynamique voir : DELAY Béatrice, DUMOULIN Céline, POTTIER Emmanuelle, L’avenir du niveau V en apprentissage en Ile-de-France, Rapport d’étude, GIP CARIF Ile-de-France, mission OREF, Octobre 2011, pp. 125-131 en ligne
[3] Loi n° 96-603 du 5 juillet 1996 relative au développement du commerce et de l’artisanat
[4] Loi n° 46-1173 du 23 mai 1946
Situation géographique des professionnelsPrès des deux tiers des professionnels de la FAP travaillent dans leur département de résidence (contre 55% pour l’ensemble des professionnelles d’Ile-de-France). Ils résident proportionnellement moins à Paris et dans les Hauts de Seine que l’ensemble des autres familles professionnelles de la région.
Le revenu médian des professionnels de la FAP est relativement faible en regard du coût de la vie dans la région. En effet, en 2015, le salaire net médian équivalent temps plein des « Coiffeurs, esthéticiens » de moins de 30 ans en Ile-de-France se situe à 1250 € par mois, soit très légèrement au-dessus du smic (1135,99 € pour le smic en 2015). Pour les plus de 50 ans, le salaire médian atteint les 1380 €[1]. Les pourboires peuvent être également une source de revenu non négligeable.
[1] Chiffres Défi métiers, outil « dynamique des salaires » : https://www.defi-metiers.fr/observatoire-salaires
Importance des « non salariés » et des apprentisConditions d'emploi
INSEE, Recensement de la population 201923 % 14 %INSEE, Recensement de la population 2019Seule la moitié des professionnels de la FAP bénéficie d’un contrat à durée indéterminé. En effet, outre la part importante de « non salariés » (un tiers des professionnels), caractéristique d’une FAP liée à une activité artisanale, la proportion d’apprentis est importante (près d’un sur 10 contre seulement 2% pour l’ensemble des FAP). L’apprentissage est ainsi l’une des voies d’accès à la profession. Les salons peuvent en effet demander aux diplômés du CAP de compléter leur formation par un BP, pour parfaire leur formation, acquérir de l’expérience supplémentaire mais également pour baisser le coût des salaires.
En 2009, la création du statut d’auto-entrepreneur a pu fortement développer l’activité à domicile et « non salarié ». Ce nouveau statut a également pu intégrer aux statistiques officielles des personnes travaillant auparavant « au noir ».
Ainsi, au niveau national, « la coiffure est le secteur dont la part des micro-entrepreneurs économiquement actifs est la plus importante » d’après un rapport de l’Union Nationale des Entreprises de Coiffure[1], qui note également un « transfert du salariat vers le micro-entreprenariat ».
Cependant la part de non salariés en Ile-de-France est beaucoup moins importante que dans le reste de la France, résultants sans doute des tailles plus importantes des salons et franchises qu’en province où les petits salons ou entreprises individuelles (à domicile ou en salon) sont sans doute plus importants. La proportion de salariés en durée indéterminée dans cette FAP est ainsi de 10 points supérieurs à l’ensemble de la France.
L’activité en temps partiel est également plus élevée que pour l’ensemble des FAP et concerne plus d'un professionnel sur cinq. L’activité en temps partiel de ces professionnels franciliens est également légèrement plus élevée qu’à l’échelle nationale.
Par ailleurs, les professionnels de la FAP, en particulier les coiffeurs et les tatoueurs, s’exposent à des maladies professionnelles, « majoritairement des troubles musculosquelettiques (TMS)[2] ». Les coiffeurs peuvent également souffrir d’allergies ou d’affections respiratoires, du fait de la manipulation de produits chimiques (colorations) : « En 2016, la profession regroupait plus d’un eczéma allergique sur quatre et près de 14% des affections respiratoires (asthmes, rhinites), reconnus comme maladie professionnelle[3] ». Les manucures et esthéticiens, quant à eux, peuvent souffrir d’allergies cutanées. Les coiffeurs et esthéticiens font parties des FAP les plus exposées à des « contraintes physiques intenses », à des « agents chimiques » et à des « agents biologiques »[4].
[1] UNEC, Profession coiffeur, Les chiffres clés 2018, Union Nationale des Entreprises de Coiffure, août 2019, 9p.
[2] DELAVAL Katia, BRASSEUR Grégory, RAVALLEC Céline, « Les métiers de la beauté », Dossier, Travail & Sécurité, n°796, juillet-août 2018, p.14
[3] DELAVAL Katia, BRASSEUR Grégory, RAVALLEC Céline, « Les métiers de la beauté », Dossier, Travail & Sécurité, n°796, juillet-août 2018, p.14
[4] DARES, « Des risques professionnels contrastés selon les métiers », Dares analyses, n°039, mai 2014, 17p.
Caractéristiques des demandeurs d’emploi
Un retour à l’emploi plus rapide que la moyenne des familles professionnelles10 264Demandeurs d'emploi enregistrés dans cette famille professionnellePart des DE inscrits depuis plus d’un an (en%)DARES, traitement drieets Ile-de-France 2021Taux d’écoulement54%53%DARES, traitement drieets Ile-de-France 2021Les jeunes de moins de 30 ans et les femmes sont sur-représentés parmi les demandeurs d’emploi de la famille professionnelle. La part des demandeurs d'emploi de plus d’un an est plus faible que la moyenne de l’ensemble des familles professionnelles. Ceux-ci bénéficient d'une durée moyenne de chômage des sortants légèrement inférieure à la moyenne francilienne. De plus, sur l’année écoulée, la part des demandeurs d’emploi ayant retrouvé un emploi est un peu plus élevée pour les « coiffeurs esthéticiens » (taux d’écoulement de la demande). Ce taux mesure la part de demandeurs d’emploi sortie des listes des demandeurs d’emploi dans les 12 mois. Plus ce taux est élevé (proche des 100%) plus la sortie des listes des demandeurs d’emploi est rapide. Comme dans de nombreuses familles, les jeunes ont un taux d’écoulement plus élevé que les demandeurs d’emploi plus âgés.
Cependant, la hausse continue des auto-entrepreneurs ou des micro-entrepreneurs ces dix dernières années[1] a pu absorber une part importante des potentiels demandeurs d’emploi, sans préjuger du type d’activités ainsi créées et de leurs pérénnités.
[1] UNEC, Profession coiffeur, Les chiffres clés 2018, Union Nationale des Entreprises de Coiffure, août 2019, 9p.
Les offres d'emploi et projets de recrutement
Une hausse des projets de recrutement avant la pandémie de Covid-19Durée des emplois proposés (en %)
6 694DARES, traitement drieets Ile-de-France 2021Le nombre de projet de recrutement est en forte hausse ces dernières années. Avant la crise sanitaire du Covid-19, les entreprises franciliennes comptaient réaliser plus de 4000 embauches sur l’année 2020. Pour l’année 2013 ces projets étaient près de deux fois moins importants. La part des recrutements envisagés comme difficile est relativement élevée depuis plusieurs années, atteignant les 72% dans l’enquête BMO 2020 (44% pour l’ensemble des FAP). Contrairement à de nombreuses région la part de projet de recrutement saisonnier est très faible en Ile-de-France (5%). Après une légère baisse des projets de recrutement et des projets jugés difficiles en 2021, les taux et volumes observés dans l'enquête BMO 2022 retrouvent les niveaux d'avant la période de pandémie de COVID.
Le nombre d’offres d’emploi enregistrées par Pôle emploi est supérieur au nombre de demandeurs d’emploi à la même date. La part d’offre d’emploi supérieur à 6 mois est supérieure à la moyenne de l’ensemble des FAP de la région. Ces chiffres laissent supposer une situation plutôt favorable des professionnels de la FAP sur le marché de l’emploi. -
Les enjeux pour la profession et leurs impacts sur les métiers
Des pratiques en reconfiguration mais dépendantes des aléas des modes et du niveau de consommation des ménagesEnjeux par dimensionL’importance de l’apparence physique, et de la beauté, est portée notamment par le développement d’émissions consacrées à la beauté et au « relooking » sur les médias traditionnels mais également par les réseaux sociaux et les pratiques des nouvelles technologies (pratique du selfie, succès des vidéos de présentation - « tutoriels » - de maquillage ou coiffure sur Youtube, mise en scène et mise en concurrence de soi sur les réseaux sociaux). Les grands groupes du luxe et de la beauté, par leurs forces de frappe marketing, soutiennent cet intérêt du public pour l’apparence physique.
Cet intérêt pour l’apparence physique touche toutes les catégories sociales, les âges et les genres. Depuis plusieurs années le marché de la beauté pour les hommes s’est développé (développement des barbiers, des « barber shops », portés notamment par la mode des « hipsters »). Un marché plus spécifique, destiné aux personnes âgées en établissement médico-sociaux mais également aux personnes malades se développe, du fait notamment du vieillissement de la population. Le soin apporté à l’apparence physique est alors associé aux soins généraux apportés aux personnes âgées ou malades. Les soins de beauté sont ainsi partie prenante du « bien être » et d’une prise en charge « bienveillante » des individus.
La prise en compte des questions écologiques par les clients, mais aussi par les professionnels, voit également la création et le développement de salons « bio ». Le développement permanent de nouvelles modes et tendances, attachées à des cultures spécifiques (avec leurs propres codes de coiffure, maquillage, tatouage, piercing, implant, etc.), maintient une demande pour des marchés de niche. Le cosmopolitisme de la région capitale maintient également une demande pour des activités de beauté prenant en compte des types de peau ou de cheveux, mais également des pratiques culturelles plus variées que dans d’autres régions.
Depuis plusieurs années, le développement des franchises a amplifié les activités de conseil et de vente de produits esthétiques et de coiffure[1]. Cependant, le numérique et les logiciels permettant de visualiser à l’avance des modifications de la coiffure, ou du maquillage, peut modifier l’activité des visagistes ou l’activité de conseil et de vente. En effet ces activités pourraient à terme échoir à l’individu qui peut lui-même tester différentes configurations avant de faire le choix d’une coiffure, d’un maquillage, etc. qui sera éventuellement mis en œuvre par la suite par un professionnel. Les multiplications des vidéos sur youtube (tutoriel) ou sur les réseaux sociaux diffusées par des « influenceurs » peuvent également favoriser une mode du « fait maison » (« Do it Yourself ») qui pourrait être défavorable à l’activité des coiffeurs et esthéticiens. Cependant la principale menace vient de la situation économique globale. En effet les activités des professionnels de la FAP sont fortement dépendantes de la consommation des ménages. La crise économique qui suivrait la crise sanitaire pourrait voir les ménages effectuer des choix dans leur consommation. Le volume et la fréquence des dépenses de coiffure ou d’esthétique pourraient ainsi faire les frais de ces arbitrages.
Par ailleurs, les confinements successifs en réaction à l’épidémie de Covid-19 ont fortement impacté l’activité des salons de coiffure et d’esthétique, ainsi que les activités de coiffure et d’esthétique à domicile, qualifiées de « non essentielles » et donc interdites pendant la période. Cette situation a pu fragiliser de nombreuses structures employeuses de ces professionnels. Il est donc probable que le volume des recrutements à venir puisse en souffrir. De plus, la pratique du port du masque (obligatoire dans l’espace public pendant la période de la pandémie), si elle devait se réitérer régulièrement ou se maintenir dans le temps, pourrait influer profondément sur la façon dont les individus conçoivent leur esthétique corporelle et capillaire. Par ailleurs les élèves des formations de coiffure et d’esthétique ont pu également pâtir de cette situation de confinement du fait de l’importance de la mise en pratique dans ce type de formation[2] qui n’a pu se réaliser dans de bonnes conditions. Les conséquences sur l’insertion professionnelle des promotions 2020 et 2021 restent encore à explorer.
[1] DELAY Béatrice, DUMOULIN Céline, POTTIER Emmanuelle, L’avenir du niveau V en apprentissage en Ile-de-France, Rapport d’étude, GIP CARIF Ile-de-France, mission OREF, Octobre 2011, p.128, en ligne : https://www.defi-metiers.fr/sites/default/files/docs/rapports-etudes/re_avenir_niveauv_apprentissage.pdf
[2] LE FLOCH Mathieu, MOUSSET Itto, sous la dir. de PARDINI Béatrice, Le confinement vu par les stagiaires de la formation professionnelle continue, La continuité pédagogique des formations pendant la crise sanitaire, Rapport, Défi métiers, Octobre 2020, 55p.
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Les formations
Un lien emploi-formation très fortPart des actifs de la FAP issue des différentes spécialités de formationINSEE, enquête emploi continue (EEC) 2018Comme d’autres professions liées historiquement à l’artisanat, le lien emploi-formation est qualifié de très fort[1]. Ainsi, c’est plus de sept professionnels de la familles professionnelles sur dix qui sont détenteurs d’un diplôme de « Coiffure, esthétique et autres spécialités des services aux personnes ». Cependant, dans l’ensemble de la France, ce lien est encore plus fort, avec près de huit professionnels sur dix qui sont détenteurs de ce type de diplôme. Il semblerait ainsi que l’Ile-de-France soit plus ouverte que d’autres régions à l’emploi de professionnels non diplômés ou détenteurs d’autres diplômes (mais possiblement aussi de par l'importance des professionnels de la manucure dans la région).
Comme on l’a vu précédemment, la réglementation impose de détenir un diplôme de coiffure ou d’esthéticien pour ces professionnels[2] (CAP ou BP de coiffure ou d’esthétique). De plus, pour l’ouverture d’un salon de coiffure, il est nécessaire qu’un salarié au moins soit titulaire du BP[3]. Les manucures ne sont pas concernés par ces réglementations.
[1] GONNARD Sophie, OMONT Laure et BEN MEZIAN Morad, « En Ile-de-France, un lien plus faible entre la formation suivie et l'emploi exercé pour les jeunes dans les métiers peu qualifiés », Insee Analyses Ile-de-France n°49, 2016, 4p.
[2] Loi n° 96-603 du 5 juillet 1996 relative au développement du commerce et de l’artisanat
[3] Loi n° 46-1173 du 23 mai 1946
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Sources bibliographiques et de données
BibliographieBAILLETTE Frédéric, « Organisations pileuses et positions politiques. À propos de démêlés idéologico-capillaires : Ray Gunn, le punk pauvre », Savage, été 1995, p. 121-159. En ligne : http://www.revue-quasimodo.org/PDFs/7%20-%20Poils%20Cheveux%20Politique.pdf
BROMBERGER Christian, Trichologiques, Une anthropologie des cheveux et des poils, Paris, Bayard, 2010
COCHENNEC Morgan, « Le soin des apparences, L'univers professionnel de l'esthétique-cosmétique », Actes de la recherche en sciences sociales, Le Seuil, 2004/4 n° 154, pages 80 à 91
DARES, « Des risques professionnels contrastés selon les métiers », Dares analyses, n°039, mai 2014, 17p.
DELAVAL Katia, BRASSEUR Grégory, RAVALLEC Céline, « Les métiers de la beauté », Dossier, Travail & Sécurité, n°796, juillet-août 2018, pp. 13-25
DELAY Béatrice, DUMOULIN Céline, POTTIER Emmanuelle, L’avenir du niveau V en apprentissage en Ile-de-France, Rapport d’étude, GIP CARIF Ile-de-France, mission OREF, Octobre 2011, 154p. en ligne : https://www.defi-metiers.fr/sites/default/files/docs/rapports-etudes/re_avenir_niveauv_apprentissage.pdf
DUMOULIN Céline, RENARD Fanny, « La coiffure, une filière sans baccalauréat », in Fabienne Maillard, Gilles Moreau, Les 30 ans du bac pro, Octarès, pp.187-197, 2019
GONNARD Sophie, OMONT Laure et BEN MEZIAN Morad, « En Ile-de-France, un lien plus faible entre la formation suivie et l'emploi exercé pour les jeunes dans les métiers peu qualifiés », Insee Analyses Ile-de-France n°49, 2016, 4p.
LACOMBE Philippe, « Nature, cultures et pilosités », Sociétés. Revue des Sciences Humaines et Sociales, n° 49, « L’imaginaire », 1995, Dunod, p. 295-301
LE FLOCH Mathieu, MOUSSET Itto, sous la dir. de PARDINI Béatrice, Le confinement vu par les stagiaires de la formation professionnelle continue, La continuité pédagogique des formations pendant la crise sanitaire, Rapport, Défi métiers, Octobre 2020, 55p. [en ligne]
UNEC, Profession coiffeur, Les chiffres clés 2018, Union Nationale des Entreprises de Coiffure, août 2019, 9p.Source des données