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Selon la chercheuse Aurélie Gonnet, les pratiques des conseillers en orientation professionnelle dépendent de leur parcours professionnel personnel et de leur rapport au marché du travail.
Invitée à la réunion du groupe CEP (Conseil en évolution professionnelle) coordonné par le Conseil régional d'Ile-de-France avec l'appui de Défi métiers, le 12 juin dernier, Aurélie Gonnet, doctorante en sociologie au laboratoire Lise du Cnam, a évoqué un travail réalisé avec François Sarfati ( Lise, Cnam, CEET), issu du rapprochement de deux enquêtes, dont celle présentée, menée entre 2013 et 2017 auprès de conseillers intervenant dans le cadre des dispositifs « Garantie Jeunes » et « Bilan de compétences »[1]. Dans ce dernier cas, le terrain se limitait à un seul prestataire, ce qui amène à s'interroger sur les résultats obtenus.
Selon le rapport au marché du travail des conseillers observés, on distingue 4 populations-types :
- Les profanes, qui se situent plutôt à l’écart du monde de l’entreprise qu’ils ont côtoyée il y a longtemps et pendant peu de temps. De profil « psychologue«, ils œuvrent pour une grande majorité d’entre eux dans le cadre du dispositif Bilan de compétences depuis une vingtaine d’années. Focalisés sur l’émergence d’un projet professionnel épanouissant pour la personne, ils ne considèrent pas ou peu l’état du marché du travail dans leurs pratiques.
- Les empathiques, qui invitent les personnes, surtout de bas niveau de qualification, à se rapprocher du monde du travail à petit pas en mobilisant la formation comme un sas d’intégration à l’emploi. Leur parcours professionnel « buissonnant » détermine leur profil dit « formateur ».
- Les défiants, qui invitent les personnes à s’orienter vers des environnements professionnels à priori moins pressurisants comme les structures associatives ou vers la création de leur entreprise. En effet, ces derniers considèrent notamment leur expérience personnelle « désenchantée », réalisée souvent dans des services Ressources Humaines d’entreprises, qui s'est soldée par des ruptures (licenciement ou démission) dont ils gardent un goût amer.
- Les pratiquants, qui considèrent l’état du marché du travail dans leurs pratiques. De profil RH comme les défiants, leur expérience avec le monde de l’entreprise se définit comme positive, au contraire des précédents. A la différence des trois autres populations-type, ils maintiennent un lien avec le monde de l’entreprise, qu’ils considèrent comme partenaire et avec lequel ils continuent d’interagir comme prestataires ou sous-traitants.
L’étude présentée a l’intérêt de mettre en évidence le défaut, ou plutôt le besoin de professionnalisation des quelque 70 conseillers interrogés et, pour certains, observés à travers des échanges de pratiques notamment. Dans ce sens, ces résultats font écho non seulement au rapport 2017 sur le suivi et la mise en oeuvre du CEP et du CPF (Cnefop) mais aussi aux actions de professionnalisation croisées mises en œuvre depuis 2016 par le groupe CEP animé par la Région.
Françoise Lemaire
[1] L’enquête sur le Bilan de compétences est menée par Aurélie Gonnet dans le cadre de sa thèse de doctorat. Celle sur la Garantie jeunes s’est déroulée dans le cadre d’une évaluation réalisée pour le compte de la Dares, avec Julie Couronné et Marie Loison-Leruste. Les résultats présentés n’engagent que les auteur.e.s.
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