Un manifeste pour l’alternance

29 Octobre 2020

Un manifeste pour l’alternance © L'Etudiant éditions Dans un ouvrage intitulé « T’es chaud ? Le manifeste », rédigé pendant le premier confinement, Yves Hinnekint et Katharina Zilkowski se penchent sur les difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes en ces temps d’épidémie.

Le livre aurait pu s’appeler « Chiche ! ». Mais Yves Hinnekint trouvait que cela faisait trop « vieux ». Il a donc opté pour « T’es chaud ? », en l’occurrence pour choisir la voie de l’alternance, puisque tel est le sujet du « manifeste » qu’Yves Hinnekint, président de l’association Walt et directeur général groupe de Talis Business School, publie avec Katharina Zilkowski, aux éditions de l’Étudiant.

Dans un style alerte adapté à aux jeunes et à leurs parents, les auteurs analysent les causes des difficultés auxquelles les premiers sont confrontés et les pistes pour en sortir. « Katharina et moi avons eu l’idée d’écrire ce livre le jour où Emmanuel Macron a dit que nous étions en guerre contre la Covid-19, puis les jours suivants où il fut beaucoup question de la santé des anciens et de conseils aux parents d’enfants en bas âge, mais jamais des jeunes », déclare Yves Hinnekint.

« Passe ton bac d’abord »

La forme n’est pas académique mais le propos n’en est pas moins sérieux. Constat : un « échec permanent depuis 50 ans au regard des chiffres du chômage des moins de 25 ans ». Hypothèse : « et si l’inadaptation du système de formation aux besoins des entreprises [en] était l’une des causes ». Explication : le souhait, en 1985, de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Éducation nationale, d’amener 80% de la jeunesse « au niveau du bac d’ici 2000 », traduit ensuite en « objectif 80% de bacheliers ». « Le mal était fait. En avant marche, passe ton bac d’abord ! Et les décennies des études à rallonge, – files d’attente pour jeunes à l’horizon bouché – commençaient », écrivent les auteurs. Selon eux, « trop longtemps, l’alternance a été snobée en France comme une voie de garage pour les pas fute-fute. Tout au contraire de la culture éducative de nos voisins d’outre-Rhin ». Pourtant, avec 16% d’alternants en plus en 2019, « le pari culturel était sur le point d’être gagné », estime Yves Hinnekint. Mais il y a eu la Covid-19.

Effet « Top chef »

Les auteurs voient cependant de bonnes raisons d’espérer. Il y a « l’effet top chef » qui a popularisé des cuisiniers pour la plupart issus de l’alternance, la possibilité de faire son alternance à l’étranger (notamment en Allemagne) avec Erasmus+, ou encore l’élargissement des métiers et des niveaux de qualification accessibles : technologie du laser ; gestion de fonds à impact dans la banque ; services (hôtellerie, assurance…) ; métiers de la biodiversité, du recyclage des déchets, de la propreté urbaine ; métiers de passion (ébénistes, cordonniers, céramistes, maîtres-tailleurs…). Sans oublier les dispositions gouvernementales de soutien à l’alternance : prime à l’embauche, prime pour un ordinateur, six mois supplémentaires pour signer un contrat. Avec aussi l’espoir, qui sous-tend tout le propos des auteurs, que la France relocalise une partie de sa production (agricole, vestimentaire, pharmaceutique…).

T'es Chaud ? La manifeste, L'Etudiant éditions, Octobre 2020

Emmanuel Franck (Centre inffo pour Défi métiers)

 

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