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Chaque année, 5 000 apprentis partent à l’étranger dans le cadre d’Erasmus+.
« En 2021, pour la première fois, ils pourront aller au-delà des 33 destinations européennes, avec une ouverture au monde entier », précise Sébastien Thierry, directeur adjoint d’Erasmus France, en marge de la Semaine de l’apprentissage dans l’artisanat, qui s’est tenue du 29 janvier au 5 février.
« Nous avons toujours davantage de demandes de départs, ajoute-t-il. La mobilité attire et elle devient un élément du parcours des jeunes, et on l’espère des apprentis. » Avec un budget en augmentation constante sur la période à venir (2021-2027), Erasmus+ devrait pouvoir financer encore davantage de mobilités.
Parmi les 20 000 apprenants de l’Enseignement et de la formation professionnelle (EFP) qui partent en stage Erasmus+ chaque année, trois sur dix sont des alternants, un quart des apprentis, le reste représentant les demandeurs d’emploi ou jeunes de Missions locales. « C’est un chiffre encourageant, qui montre que la part des apprentis en mobilité est légèrement supérieure à ce qu’ils représentent dans la population générale. »
Pour augmenter encore ces départs, « il reste du travail à faire sur l’inscription de la mobilité dans le parcours ». Ainsi, des unités de diplôme peuvent être mises en place, comme c’est le cas pour le Bac Pro, afin de valoriser les expériences à l’étranger. Par ailleurs, les mobilités à visée certificative, où l’apprenant effectue une partie de son diplôme à l’étranger, restent très minoritaires mais tendent à se développer peu à peu. « Il faut faire connaître ces différents outils, démocratiser cette méthodologie », plaide Sébastien Thierry.
Améliorer son employabilité
La durée moyenne des mobilités des apprentis reste courte (trois semaines) et son allongement se heurte à différents freins, techniques (logement, salaire) mais aussi psycho-sociales. « Il y a une bataille culturelle à mener car les apprentis vont beaucoup plus s’auto-censurer, se dire que ce n’est pas pour eux, que c’est fait pour les étudiants. Ils sont également plus jeunes et ont plus de crainte à quitter un milieu familier », ajoute-t-il. Travailler à la reconnaissance des mobilités est un moyen pour les aider à franchir le pas. « Il ne faut pas qu’ils aient l’impression de perdre leur temps », et qu’ils comprennent qu’il y a une valeur ajoutée, surtout quand la mobilité est dans le cadre d’un diplôme », précise Sébastien Thierry. 86 % des apprenants de l’EFP perçoivent une amélioration de leur employabilité après une mobilité Erasmus+.
La filière artisanale est particulièrement dynamique dans la mise en place de mobilités grâce aux chambres de métiers et de l’artisanat. Si les mobilités permettent de gagner en compétences transversales - langue, confiance en soi - elle sont aussi un moyen pour les apprentis artisans de découvrir et d’expérimenter de nouvelles techniques. Ainsi Céline, lors de son apprentissage en brevet professionnelle coiffure, est partie en Espagne : « Là-bas ils sont extravagants, ils font du rouge, des couleurs flashy, je voulais absolument voir comment ils travaillaient cela. » Doris, apprentie en BTM pâtisserie, a découvert en Allemagne « la décoration de gâteaux de mariage, très différente des pièces montées que l’on fait en France ».
Pour développer la mobilité internationale dans ces parcours, les Centres de formation d'apprentis (CFA) doivent désormais se doter de référents mobilité, qui sont formés. « Nous allons également accentuer notre travail avec les opérateurs de compétences, ajoute Sébastien Thierry. Ils ont un rôle à jouer pour accompagner les mobilités. »
Sarah Nafti (Centre Inffo pour Défi métiers)
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