Reconnaître les acquis d’apprentissages non formels et informels

18 Décembre 2018

Reconnaître les acquis d’apprentissages non formels et informels © Fotolia De nombreuses personnes ont des compétences qu'employeurs et institutionnels ne voient pas, estime Patrick Werquin, qui est intervenu lors d'une journée de professionnalistion sur la VAE organisée par Défi métiers.

Intervenant auprès des professionnels des antennes VAE (Validation des acquis de l’expérience) le 13 décembre dernier (1), dans le cadre d'une journée de professionnalisation organisée et animée par Défi métiers à la demande de la Région Ile-de-France, Patrick Werquin, professeur au Cnam, à l'Inetop Paris et consultant international, a d'emblée donné le ton : « La VAE est d’abord une philosophie avant d’être une mise en œuvre, qui peut ou doit se réaliser de différentes façons selon les pays et leur culture et qui mérite d’être interrogée et simplifiée ».

Ce dispositif, qui permet d'obtenir une certification sans passer par la formation, corrige de fait les effets de la reproduction sociale (2). En effet, dotée d’une certification, la personne jouit d'une reconnaissance tant sur le plan professionnel (levier de la mobilité professionnelle) que sociétal.

Pour Patrick Werquin, l’enjeu de la VAE est de rendre visibles et lisibles des compétences dont font preuve au quotidien les personnes. Peu importe de quelles façons elles les ont acquises. De fait, la VAE devrait se nommer « RAA » ou « R2A » pour « Reconnaissance d’acquis d’apprentissages » (non formels et informels).  

Dans tous les pays, la certification (3) a valeur de signal/repère partagé par toutes les parties prenantes de l’éducation et du marché du travail. Aussi Patrick Werquin regrette que « les employeurs ne réalisent pas les bénéfices de la VAE », notamment celui de la confiance accordée par le client mais aussi celui de la motivation au travail à travers l’estime de soi (re)trouvée.

La critique porte aussi sur le système d'éducation français, « l'un des plus rodés néanmoins » précise le consultant : une durée en formation n’augure pas des apprentissages réalisés (par exemple, le niveau d’anglais par rapport au nombre heures de cours) alors que la VAE reconnaît des apprentissages « déjà présents » ; les conditions de l'évaluation en VAE (un ou une candidat(e), plusieurs évaluateurs dans le jury) diffèrent de celles en formation (un seul enseignant, parfois une centaine d’étudiants), etc. La VAE partielle se présente comme l’opportunité de valider des apprentissages acquis au fur et à mesure, sans bourse délier comparé aux coûts de la formation, d'autant que dans nombre de pays, le temps en formation n’est pas rémunéré.

Force est d’admettre que la mobilisation autour de ce dispositif vertueux, ne serait-ce que par son faible coût, se heurte encore aux représentations culturelles considérant surtout les apprentissages par la voie de la formation en milieu formel. En témoigne l’absence de suivi du dispositif VAE, comme le soulignait un rapport de l'Igas paru en 2016.

Françoise Lemaire


(1) Intitulé de l’intervention « La VAE ailleurs dans le monde ou la reconnaissance des acquis d’apprentissages non formels et informels ».

(2) Un enfant d’ouvrier a moins de probabilités d’accéder à un diplôme de l’enseignement supérieur qu’un enfant de cadre.

(3) Une certification professionnelle est indifféremment un diplôme, un titre professionnel, un Certificat de qualification professionnels (CQP) ou encore une certification (par exemple une habilitation) inscrite au répertoire spécifique (Inventaire, etc.) de la CNCP.

 

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