Quels liens entre les dispositifs d’insertion des jeunes et le Service public de l’emploi ?

01 Avril 2022

© Pexels Une étude de la Dares reposant sur des données inédites analyse la proximité des jeunes passés par un dispositif d’insertion professionnelle avec Pôle emploi et les missions locales.

Les politiques d’insertion professionnelle des jeunes reposent sur de nombreux dispositifs : contrats aidés, contrats en alternance ou dispositifs spécifiquement dédiés à ce public. Or, le suivi de chacune de ces politiques par un système d’information distinct rend difficile le suivi du parcours d’insertion professionnelle de ces jeunes. Pour pallier cette difficulté, la Dares a constitué le panel TRAjectoires des Jeunes Appariées aux Mesures actives du marché du travail (Trajam), qui permet de suivre les jeunes âgés de 16 à 35 ans passés dans différents dispositifs entre 2010 et 2015.

Dans une récente étude, elle exploite pour la première fois cette ressource pour analyser la manière dont les liens entre les jeunes et les deux principaux opérateurs du Service public de l’emploi (SPE), Pôle emploi et les missions locales, s’articulent avec les différents dispositifs d’insertion professionnelle.

Des liens plus ou moins étroits avec le SPE

La proximité des liens des jeunes avec le SPE dépend du type de dispositif par lequel ils passent. Plus de huit jeunes sur dix passés par un contrat aidé, une école de la deuxième chance (E2C) ou un établissement pour l’insertion dans l’emploi (Epide), sont en contact avec l’un ou l’autre des deux opérateurs du SPE, que ce soit avant ou après leur passage dans le dispositif.

A l’inverse les jeunes en service civique entretiennent moins souvent des liens avec le SPE (69 %, par exemple, à leur sortie du dispositif ; contre plus de 90 % des jeunes passés par une E2C ou un Epide). Cette tendance est encore plus marquée pour les jeunes en alternance. Ils sont par exemple quatre jeunes sur dix à être en contact avec les missions locales ou Pôle emploi avant leur entrée en alternance, contre neuf sur dix avant un contrat aidé. Le fait que le service civique et l’alternance soient ouvert à un large public jeune, ne devant pas justifier nécessairement de problèmes particuliers d’insertion, explique cette différence.

Les missions locales, premier interlocuteur des jeunes en insertion

L’opérateur de référence peut varier selon le dispositif. Les jeunes en E2C, en Epide ou en emploi d’avenir, dispositifs spécifiquement destinés aux jeunes éloignés de l’emploi, entretiennent en toute logique des liens plus fréquents avec les missions locales qu’avec Pôle emploi.

De façon surprenante, c’est aussi le cas d’une majorité des jeunes en contrat unique d’insertion (CUI) ou en insertion par l’activité économique (IAE) alors que ces dispositifs sont principalement ou exclusivement prescrits par Pôle emploi. Cette situation peut s’expliquer par un suivi assuré par les missions locales lorsque ces jeunes rencontrent des difficultés ayant des problématiques plus larges que celle de l’insertion professionnelle (logement, santé…).

La prévalence de Pôle emploi est en revanche notable par rapport aux autres dispositifs dans le cas de l’alternance. Les jeunes sont 64 % à être en lien avec cet opérateur à l’issue d’un contrat d’apprentissage et 52 % à l’issue d’un contrat de professionnalisation. Le fait que les alternants soient plus nombreux à avoir des droits à l’assurance chômage peut expliquer cette préférence.

 

Consulter l’étude « Quelle proximité entre le Service public de l’emploi et les jeunes en dispositifs d’insertion professionnelle ? » (Dares analyses N°15, mars 2022)

 

Raphaëlle Pienne

 

Tags : insertion | Pôle emploi | mission locale | Dares