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Une étude de l'Insee évalue l'impact de la maîtrise de la langue française sur l'accès des personnes immigrées au marché du travail en France.
L'Insee a réalisé une étude complémentaire à l'enquête européenne « Emploi » édition 2014 portant sur la situation sur le marché du travail des personnes immigrées et de leurs descendants.
Ces travaux sont l'occasion d'explorer notamment la question de la maîtrise du français, des canaux de recherche d'emploi, et du premier emploi occupé après l'arrivée en France, auprès de 1 992 personnes présentes en France en 2014.
Le motif de migration, facteur déterminant pour l'accès à l'emploi
La maîtrise du français diffère selon l'origine géographique des personnes et est fortement liée à l'histoire coloniale.
Ainsi, 27 % des immigrés originaires du Maghreb, et 42 % de ceux originaires des autres pays d'Afrique, estiment qu'ils parlaient très bien le français, langue principale souvent pratiquée dès l'enfance, à leur arrivée en France.
Au contraire, les immigrés originaires des autres pays du Monde ne sont que 6 % à déclarer parler français à leur arrivée.
Le motif de migration introduit une nouvelle distinction : 80 % des personnes venues pour leurs études - souvent supérieures - parlaient bien ou très bien français. Elles ne sont que 27 % parmi les personnes venues pour travailler, et 32 % parmi les immigrés venus se protéger ou protéger leur famille.
Les immigrés qui parlaient très bien le français à leur arrivée en France sont souvent plus diplômés que les autres, avec un diplôme obtenu à l'étranger dans la très grande majorité des cas.
La majorité des immigrés arrivés dès l'âge de 15 ans ont travaillé depuis leur arrivée en France (93 % pour les hommes, 70 % pour les femmes).
Des disparités sont notables : possibilités accrues au fil du temps passé sur le territoire, accès retardé pour les femmes, plus rapide pour les personnes ayant le projet de travailler.
Ces différences s'estompent sur le long terme permettant de conclure que le niveau en français à l'arrivée joue moins sur l'accès à l'emploi que le motif de migration, à l'exception des femmes qui ne parlaient pas du tout français à leur arrivée.
La maîtrise du français, facteur d'insertion durable
La participation au marché du travail ne s'avère particulièrement difficile que pour les femmes qui éprouvent des difficultés à l'écrit ou l'oral, conduisant 51 % d'entre elles à l'inactivité, en lien sans doute avec d'autres facteurs (situation familiale, etc).
En revanche, parmi les actifs, le taux de chômage des immigrés dépend peu du niveau de maîtrise de la langue, quel que soit le sexe.
Enfin, l'étude met l'accent sur l'adaptation des canaux de recherche d'emploi par les immigrés en difficulté avec le français, la mauvaise adéquation de l'emploi avec les qualifications des immigrés diplômés maîtrisant moins bien le français, et l'impact sur les écarts de salaires, démontrant le rôle joué par la langue dans l'insertion durable dans l'emploi.
Télécharger l'Etude Insee 2016
Christine Barret-Labre
Tags : maîtrise de la langue française | emploi | immigration