Quel avenir pour le microcrédit ?

16 Février 2015

Quel avenir pour le microcrédit ? © Fotolia Un rapport du Bureau international du travail (BIT) analyse le rôle du microcrédit dans la lutte contre le chômage, ainsi que les défis auxquels est confronté ce dispositif.

Le microcrédit, dispositif pour lequel la France a été pionnière en Europe, a-t-il fait ses preuves en matière d'insertion professionnelle ? La réponse est oui pour le Bureau international du travail (BIT), qui a présenté à l'occasion d'un colloque le 3 février à Paris le rapport prospectif "Le microcrédit en France et en Europe en 2030".

De nombreux atouts et quelques faiblesses

Le microcrédit professionnel est "un outil pertinent", selon le rapport. S'appuyant sur les résultats d'une enquête publiée par CSA en mai 2014, il rappelle que 91 % des emprunteurs sont insérés professionnellement 3 ans après le prêt. Parmi les emprunteurs, 77 % sont à la tête d'une entreprise pérenne depuis 3 ans (alors que la moyenne nationale est de 66 %). Et chez les emprunteurs dont le projet de création ou de reprise d'entreprise a échoué (23 % des emprunteurs), 14 % sont en situation d'emploi dont 81 % en tant que salariés. Ces très bons résultats "tiennent en grande partie à la qualité de l'accompagnement proposé aux emprunteurs", analyse le rapport. Le dispositif n'est néanmoins pas exempt de faiblesses, notamment au regard des rémunérations des emplois créés (51 % des emprunteurs déclarent que leurs revenus sont inférieurs à ceux qu'ils avaient avant la création / reprise d'entreprise).

Un dispositif pérenne ?

En France, aucun des acteurs du secteur du microcrédit n'est parvenu à atteindre un équilibre financier global, rappelle le rapport. La pérennité des organismes de microfinance, "qui repose avant tout sur leur subventionnement public et privé" peut donc être questionnée, alors qu'on assiste dans toute l'Europe à une diminution des financements publics. Pour penser le futur du microcrédit, le BIT imagine de nouveaux modèles de développement économique et esquisse plusieurs scénarios : celui d'un investissement croissant dans le dispositif des pouvoirs publics, mais aussi des banques ou de nouveaux acteurs tels que Google ou Facebook.

Consulter le rapport.

Raphaëlle Pienne