© Fotolia
Quinze entreprises ont signé, jeudi 13 septembre, à Paris, la charte de l’association « #stopillettrisme » marquant ainsi leur volonté d’agir et d’accompagner les salariés en situation d’illettrisme.
Leur engagement a été officialisé lors d’un colloque organisé par la Fondation du groupe ADP et par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), une manifestation destinée à sensibiliser les entreprises et à les encourager à agir sur le terrain.
Selon une étude réalisée en 2017 par l’institut de sondage CSA, un employeur sur deux est confronté à l’illettrisme au sein de ses équipes, mais ils sont peu nombreux à avoir mis en place des actions de repérage (14 %) ou à avoir adapté leur offre de formation (19 %). Le sujet est encore tabou, du côté des employeurs comme des salariés, reconnaît Thierry Lepaon, délégué interministériel à la langue française pour la cohésion sociale et président de l’ANLCI.
Appui des Opca
Sur le terrain, la mobilisation passe souvent par des collaborations entre plusieurs parties prenantes. Pour aider les entreprises à faire un diagnostic et à mettre en place des solutions, l’Association nationale des DRH (ANDRH) a mis en place différents outils : guide pratique et Webinaire, par exemple. Les Opca sont également en mesure d’accompagner les employeurs. Le Fonds d’assurance formation du travail temporaire (FAF.TT) a ainsi lancé plusieurs initiatives. Un outil d’autoévaluation a été mis à la disposition des agences de travail temporaire afin qu’elles puissent identifier les éventuelles difficultés des intérimaires avant le début d’une mission ou d’une formation. Avec l’appui du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), le FAF.TT a par ailleurs mis en place une formation professionnelle qualifiante intégrant une remise à niveau en langue française. Une formule qui porte ces fruits, « nous n’observons pas de décrochage pour ces formations », indique Chantal Ors, chargée de mission nationale ingénierie de projet au FAF.TT.
Entreprises et branches professionnelles peuvent aussi se tourner vers les Régions. La Normandie avec le Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (Crefop) a fédéré 60 partenaires autour d’un plan régional de prévention contre l’illettrisme. Les associations constituent aussi des points d’appui à l’instar de « #stopillettrisme ». Créée en 2013, cette association accompagne les entreprises dans la mise en place de projets de tutorat pour des personnes en situation d’illettrisme engagées dans des formations.
Formations adaptées
Les entreprises qui veulent accompagner leurs salariés doivent cependant veiller à proposer des parcours de formation adaptés. Selon Bénédicte Ravache, secrétaire générale de l’ANDRH, il faut veiller à « mettre en place un accompagnement global, mesurer l’effort que représente pour une personne en situation d’illettrisme le fait d’entrer en formation et valoriser cet effort dans la durée ». Créer des expériences de formation différentes en utilisant des outils digitaux, c’est ce que propose par exemple Methodia, une des sociétés fondées par Nicolas Bourgerie. Reste la question du financement, sujet qui est revenu à plusieurs reprises dans les débats lors du colloque.
De nouveaux outils en préparation
Le gouvernement mène en partenariat avec l’ANLCI des travaux pour créer un outil en ligne permettant à chacun d’évaluer et de développer ses compétences de base, à l’instar de Pix lancé récemment dans le cadre du Plan national pour un numérique inclusif. Objectif, selon Guillaume Houzel, directeur des programmes au sein du haut-commissariat aux compétences et à l’inclusion par l’emploi : « permettre un auto-positionnement, certifier éventuellement un premier niveau de maîtrise et encourager à se projeter vers une formation et un niveau de maîtrise supérieur ».
Estelle Durand (Centre Inffo pour Défi métiers)
Tags : FPSPP | ANLCI | lutte contre l'illettrisme | formation