Objets connectés : quel impact sur les emplois et la formation ?

12 Décembre 2017

Objets connectés : quel impact sur la formation ? © CFA Ducretet Commandée au réseau des CFA Ducretet par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), une étude interroge l’impact du développement des objets connectés dans la maison sur les compétences et la formation.

L’étude présentée le 11 décembre au CFA Ducretet de Clichy (92) vise à anticiper, à l’horizon 2020, les impacts du développement des objets connectés sur les emplois, la formation et les compétences dans les filières professionnelles de la « maison connectée ». La révolution numérique étant aussi un enjeu environnemental de premier plan, il ne s’agit pas seulement de répondre à un enjeu sectoriel : « beaucoup de produits connectés seront difficilement réparés si les métiers de la maintenance et les compétences ne s’adaptent pas », avertit Pascal Carcaillon, délégué général du Réseau Ducretet et coauteur de l’étude. Une perspective impensable au regard de la vitesse de progression des objets connectés : 15 milliards aujourd’hui, entre 50 et 80 à l’horizon 2020 !

Compétence

Évoquant la mutation des métiers, Pascal Carcaillon souligne l’évolution de la chaîne de services : le vendeur d’hier est devenu vendeur conseiller, le livreur devient installateur et technicien, le standardiste est désormais un conseiller technique à même de traiter à distance une partie des problèmes… Ce sont tous les échelons qui sont affectés, entraînant une nécessaire évolution des référentiels d’activité et de compétences.

À cet égard, la mutation la plus frappante est la montée en puissance de la notion de compétence collective. Le « technicien autonome qui intervenait dans une logique de panne endogène » est en passe d’être supplanté par un « collectif de techniciens » issu d’une nouvelle équation : face à des environnements et à des risques de dysfonctionnement qui se complexifient, à des acteurs qui se multiplient (opérateurs, constructeurs, distributeurs, etc.), il devient nécessaire « d’apprendre des autres, avec les autres et aux autres ».

Apprenance

Illustration parfaite de l’impact systémique d’une révolution technologique, « la formation est amenée à évoluer vers l’apprenance », avertit Pascal Carcaillon. Car le « système de formation visant l’expertise produit et l’autonomie du technicien » valable hier ne l’est plus aujourd’hui : il faut au contraire désormais aller vers « un système d’apprenance favorisant le développement permanent des compétences ». Ce qui ne passe pas simplement par de la formation continue, mais bien par une refondation du système de formation qui donne une place prépondérante à l’innovation (formation en situation de travail, formation ouverte et à distance, etc.) et intègre une dimension collaborative dans ses logiques de professionnalisation.

Plaidant pour une réforme profonde, Pascal Carcaillon insiste : « il faut de la porosité entre branches professionnelles pour aller vers de la compétence transversale ». Sont aussi concernés les constructeurs, qui doivent faire dialoguer leurs services formation et, bien sûr, les organismes de formation, appelés à questionner la pertinence de leur modèle.

Télécharger l'étude

Nicolas Deguerry (Centre Inffo pour Défi métiers)

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