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Reçue par l’Association des journalistes de l’information sociale, jeudi 15 mars, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a détaillé les grandes lignes du projet de réforme de la formation professionnelle.
Interrogée sur les contours des filières économiques dans lesquelles s’inscriront les futurs opérateurs de compétences - en lieu et place des Opca -, Muriel Pénicaud a mis l’accent sur la nécessité absolue de cette nouvelle structuration (…) ; appelant les partenaires sociaux à s’inspirer de l’Allemagne, dont l’économie est structurée autour de 50 branches, contre 700 en France. Des branches déjà en voie de regroupement - le précédent gouvernement avait fixé l’objectif de réduction à 200 branches à l’horizon 2019. Parallèlement à ce mouvement de fond, le futur projet de loi relatif aux parcours professionnels s’appuiera donc sur la construction de filières économiques et la création concomitante d’opérateurs de compétences. L’objectif étant de « finaliser une cartographie des filières économiques fin 2018, pour être en marche en 2019 ». La vingtaine d’Opca pourrait ainsi être remplacée par une dizaine d’opérateurs de compétences.
Compte personnel de formation
Sur la monétisation du Compte personnel de formation (CPF), Muriel Pénicaud s’est voulue rassurante. « L’intégralité des heures sera convertie en euros dans le nouveau système. Personne ne perdra ses droits précédents », explique-t-elle. Le coût moyen horaire de prise en charge s’élèvera à 14,28 €. Les demandeurs d’emploi seront en effet gagnants, puisque aujourd’hui, la prise en charge horaire moyenne des CPF qui leur sont destinés est de 9 €. Les représentants des partenaires sociaux mettent en revanche en garde contre le risque de perte pour les salariés, qui bénéficient actuellement d’une prise en charge moyenne de 35 €. Avec des différences très accentuées selon les Opca ; chacun fixant un plafond différent pour le financement de l’heure de CPF en fonction, notamment, des priorités de leur branche et des contraintes de régulation financière.
Reste que dans la nouvelle configuration, les salariés bénéficieront de 500 € de financement annuel, à concurrence de 10 ans, soit 5 000 €. Quant aux salariés faiblement qualifiés, ils auront droit à 800 € annuels, soit 8 000 € en 10 ans. Faut-il prévoir des financements supplémentaires ? La ministre ne l’exclut pas et encourage les entreprises à abonder le CPF de ses salariés.
Formations longues
Interpellée sur le remplacement du congé individuel de formation par un CPF reconversion, inscrit dans l’accord national interprofessionnel conclu par les partenaires sociaux, Muriel Pénicaud a assuré qu’il ne signait pas la mort des formations longues, faute de financement, comme le craint notamment la CGT. « L’abondement paritaire sera toujours possible sur les formations très longues », a-t-elle plaidé. Tout en incitant les partenaires sociaux à promouvoir les formations découpées en blocs de compétences. Partant du principe et de la réalité que les formations modulaires sont moins coûteuses que les formations complètes, Muriel Pénicaud invite les salariés à valoriser les acquis de leur expérience et à construire des parcours de formation adaptés.
David Garcia (Centre Inffo pour Défi métiers)
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