Mixer expérience et diplôme pour compenser le décrochage scolaire

11 Décembre 2018

© Fotolia « Combiner une expérience professionnelle et l’accès à un diplôme permet de compenser très largement le signal négatif que peut constituer le décrochage scolaire », selon la Dares.

Ils ont mené pendant plusieurs mois un test de discrimination sur CV - dont les résultats préliminaires ont été présentés le 6 décembre à la Chaire de sécurisation des parcours professionnels pour comparer les « taux de rappel » de jeunes sortis non diplômés du système scolaire.

À l’aide de CV fictifs et de profils différents, les chercheurs ont répondu à des offres d’emploi de deux métiers en tension (maçonnerie et cuisine). De janvier à juillet 2018, 10 960 candidatures ont été envoyées dans toute la France. Leurs candidats sont des jeunes de 19 ans, en recherche d’emploi qui ont obtenu le Brevet des collèges.

Le diplôme reste fort…

Après le Brevet, les décrocheurs fictifs ont effectué deux contrats courts d’un mois sans rapport avec le métier pour lequel ils postulent. L’année suivante, certains ont de nouveau occupé deux CDD sans rapport avec le métier visé, d’autres ont suivi une formation professionnelle certifiante de niveau V, ou exercé le métier pour lequel ils postulent dans le cadre d’un emploi d’avenir. Comparés avec les profils de jeunes du même âge, diplômés en formation initiale, le testing démontre que, si le diplôme reste très valorisé en France, l’effet de la formation n’est pas dégradé.

Ainsi, si les jeunes diplômés en formation initiale sont les plus rappelés, pour un entretien ou une demande d’information, les jeunes décrocheurs avec de l’expérience professionnelle ou une formation diplômante sont deux fois plus souvent rappelés que ceux sans expérience ni diplôme… « La pénalité du décrochage se rattrape avec un diplôme obtenu et une expérience professionnelle », indique Cécile Ballini, chargée d’études qui présentera ces résultats lors de la conférence Évaluation des politiques publiques le 13 décembre.

Amélioration des perspectives d’insertion

Les chercheurs interrogeaient les politiques publiques qui favorisent soit la formation, l’accompagnement ou la subvention à l’emploi. Ils constatent que depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le nombre de contrats aidés a été revu à la baisse, les emplois d’avenir supprimés, et que le balancier penche en faveur de la montée en qualification par le biais des formations, notamment avec le Plan d’investissement dans les compétences (Pic). Leurs résultats tendent à prouver que la combinaison de l’expérience professionnelle et de la formation améliore les perspectives d’insertion. Par ailleurs, cela peut être une source de motivation pour des décrocheurs ayant un rapport difficile avec l’école.

En 2017, 80 000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme. Les décrocheurs forment un important bataillon des Neet (Ni en emploi, ni en étude, ni en formation) estimés à 356 000 jeunes de 16 à 25 ans selon l’Enquête emploi 2017 de l’Insee.

Christelle Destombes (Centre Inffo pour Défi métiers)

 

 

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