L’Intelligence artificielle disruptive pour la formation

20 Mai 2019

L’Intelligence artificielle disruptive pour la formation © France stratégie La Commission européenne a souligné la nécessité de former les étudiants aux « soft skills » plutôt que de leur donner des compétences bientôt obsolètes, les emplois de demain étant inconnus…

Revoir l’éducation et vite. Pour Michel Servoz, auteur d’un rapport sur l’IA (intelligence artificielle) et le futur du travail, le temps presse. Débattant à l’invitation de France stratégies le 16 mai à Paris, il a insisté « Il faut un plan d’urgence pour l’éducation pour préparer aux tâches non automatisables et développer les talents cognitifs que sont la résolution des problèmes, le critical thinking et la capacité à travailler en équipe ». Toutes choses qui ne sont pas évaluées par les diplômes… Le rapport préconise également de réduire la durée de la formation initiale, qui devrait se concentrer sur les compétences transdisciplinaires, au profit d’allers-retours entre monde du travail et bancs de l’Université. Il cite en exemple l’Université de Stanford qui permet à ses alumni de revenir acquérir de nouvelles compétences dans leur champ tous les cinq ans.

Des écoles de milieu de carrière 

Miser sur l’éducation tout au long de la vie en permettant aux travailleurs d’affiner leurs compétences en fonction des évolutions technologiques est une priorité absolue. Pour éviter qu’elle ne bénéficie qu’à ceux qui en ont le moins besoin, Michel Servoz en appelle à la responsabilité des entreprises. Il cite Google qui encourage ses employés à dédier 20 % de leur temps de travail à la formation ou aux projets personnels. Formation en ligne, reconnaissance des acquis du travail, toutes les modalités sont envisagées, comme des « écoles de milieu de carrière », pour faciliter des reconversions inéluctables.

Ces écoles devraient être bénéfiques à tous. Aux États membres, car la charge du chômage devrait être réduite ; aux employeurs qui verront les inadéquations entre les talents exigés et disponibles diminuées et aux employés qui pourraient accéder à de meilleurs salaires. Michel Servoz reste donc d’un « optimisme raisonnable » face à la disruption annoncée et salue la création du compte personnel de formation qui pourrait être mobilisé dans ce sens.

La stratégie française

Pour Thomas Courbe, directeur de la Direction générale des entreprises [1], la France est en pleine mobilisation autour de l’IA comme en témoigne le déploiement de la stratégie française, adoptée en mars 2018. Il évoque pêle-mêle la création du Health Data Hub [2] ; la loi Pacte qui permet à des chercheurs de créer des start-ups ; le doublement du nombre d’étudiants formés d’ici trois ans dans les sciences et les technologies. Tout en reconnaissant que la France est mal classée en termes de diffusion de culture numérique dans les entreprises, notamment les TPE-PME et qu’il s’agit de veiller à une distribution des compétences sur le territoire.

Cécile Dejoux, professeur des universités au Cnam et créatrice d’un Mooc « Manager augmenté par l’IA » intervient pour souligner qu’il faut donner à tous les collaborateurs les connaissances en matière d’IA et développer une politique de la culture « data » pour tous. Le sujet de son prochain Mooc…

Christelle Destombes (Centre inffo pour Défi métiers)

1. La DGE a commandité un rapport, paru en février 2019 sur sur l’IA – état de l’art et perspectives pour la France
2. Cette plateforme de partage des données, créée par le ministère de la Santé, doit permettre le rassemblement des sources de données nécessaires aux travaux visant à améliorer la qualité des soins.

 

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