L'évolution de l'offre de formation mobilise (aussi) les financeurs

12 Novembre 2021

L’évolution de l’offre de formation passée au crible l’AFREF © Afref L’évolution de l’offre de formation se concentre sur la mise en place de parcours multimodaux et l’individualisation de ces parcours, constatent les invités du dernier « Jeudi de l’Afref » animé par Frédéric Ducasse, consultant Digital Learning.

L’évolution de l’offre de formation, qui nécessite le recours aux outils numériques, interpelle de plein fouet non seulement les prestataires de formation mais aussi leurs commanditaires/financeurs. En effet, « l’approche client-fournisseur bloque l’évolution possible des organismes de formation » dénonce Elodie Salin, secrétaire générale du Synofdès, expliquant que les éléments de preuve de la prestation, telles les feuilles d’émargement, les temps de connexion ou encore que l’heure de formation ne sont plus adaptés. De plus, poursuit-elle, l’individualisation des parcours nécessite de considérer les coûts relatifs aux activités de pré-positionnement, d’accompagnement aux apprentissages visés mais aussi aux outils numériques utilisés.  

Par ailleurs, l’évolution de l’offre, qui passe par la digitalisation des organisations et des pratiques, nécessite non seulement de s’approprier des outils mais aussi d’adapter l’ingénierie pédagogique, comme la période COVID a pu le démontrer. C’est donc un effort de professionnalisation/formation sans précédent des professionnels de la formation qui devient nécessaire. Comment répondre à ce besoin quand nombre d’entre eux travaillent sous statut d’indépendant et que le financement de leur formation et de leur temps en formation n’est pas ou mal pris en charge ? De fait, « difficile à ce jour de trouver des professionnels suffisamment compétents » fait remarquer Jean-Philippe Taieb, Dirigeant du groupe Naxis et président de la Commission Innovation des Acteurs de la Compétence (anciennement Fédération de la formation professionelle). Enfin, note une participante, les référentiels de certification du domaine de la formation tardent à évoluer vers la multimodalité

Dans le même esprit, Béatrice Delay, responsable Evaluations/Etudes qualitatives à la  Direction Observation-Evaluations  de France compétences, précise que « tout ne repose pas sur les épaules des prestataires de formation », citant d’autres dimensions à considérer tels les process d’achats (une étude est en cours sur ce sujet), les contraintes des référentiels de certification, ou encore la diversité des profils des candidats en termes de prérequis, d’autonomie à apprendre et d’habileté informatique. Elle remarque notamment la nécessité de « mettre en avant la pluralité du distanciel et de rendre intelligible la diversité des pratiques possible grâce à la digitalisation ». En effet, une récente étude sur « les pratiques sous le terme distanciel », menée auprès d’un échantillon raisonné de 175 organismes, fait apparaître que seuls 15% d’entre eux entretiennent un rapport habile et aisé avec les outils numériques en formation. Et une prochaine étude tentera d’identifier dans quelles mesures les pratiques d’achats en formation freinent ou renforcent les pratiques innovantes qui « peinent à quitter un stade de développement expérimental et confidentiel et à se généraliser de manière pérenne » explique-t-elle.   

Dans la même logique, Aurélia Bollé, déléguée générale de la FFFOD (Forum des acteurs de la formation digitale), confirme la nécessité de pédagogie auprès des prestataires de formation mais aussi auprès de leurs financeurs, précisant que « la définition même des termes doit encore être partagée ». C’est ainsi que la dernière des quatre publications portant sur la mise en œuvre de la multimodalité, qui concerne la structure des coûts d’une formation multimodale, s’adresse aussi bien aux prestaires de formation qu’à leurs financeurs. Elle note par ailleurs le manque de prestataires pour accompagner les organismes de formation dans leur transformation.   

Dans ces conditions, la coopération entre organismes de formation, sous forme de mutualisation de matériel et de savoir-faire en ingénierie et animation pédagogiques, se présente comme une solution, mais aussi comme un double risque : perdre son indépendance et perdre son cœur de métier en le partageant avec d’autres, tels des pure players porteurs de solutions techniques, passés du stade de partenaires à celui de concurrents. « Les opposer aux organismes dits historiques serait malvenu » estime Jean-Philippe Taieb car « c’est eux qui stimulent ces derniers à se remettre en cause ».

Pour aller plus loin : https://www.afref.org/

Françoise Lemaire

 

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