Les salariés précaires et au Smic recourent moins au CPF

01 Mars 2022

© Mon compte formation Une étude de la Caisse des Dépôts analyse les écarts entre salariés dans leur utilisation du compte personnel de formation (CPF) et caractérise leur consommation de formations professionnelles.

Tous les salariés recourent-ils de la même façon à la formation professionnelle financée par le CPF ? C’est la question à laquelle entend répondre le numéro de février de la publication Questions Politiques Sociales – Les études de la Caisse des Dépôts : « Formations financées par le CPF des salariés en contrats courts ou au Smic, en 2019 et en 2020 ».

Un taux de recours au CPF quatre fois supérieur en CDI

Le lancement de la plateforme Mon compte formation a entraîné une nette progression du taux de recours au CPF entre 2019 (1,36%) et 2020 (2,08 %), ceci quel que soit l’âge, le sexe ou la rémunération du salarié.

Cependant, les salariés rémunérés au Smic recourent moins à la formation professionnelle financée par le CPF que ceux rémunérés au-delà du Smic, même si cet écart se réduit entre 2019 et 2020. Le taux de recours au CPF des salariés au Smic était ainsi de 0,65 % en 2019 et de 1,51 % en 2020, contre 1,55 % en 2019 et 2,25 % en 2020 pour ceux rémunérés au-delà du Smic.

La différence est encore davantage marquée pour les salariés en contrat précaire. Les salariés en CDI en 2020 ont un taux de recours au CPF (2,60 %) près de quatre fois supérieur aux salariés en CDD (0,70 %) ou en intérim (0,75 %). Cet écart existait déjà en 2019, avec un taux de recours au CPF de 0,29 % pour les salariés en CDD et 0,81 % pour les salariés en intérim contre 1,75 % pour les salariés en CDI.

Les salariés en CDD ou en intérim se forment en outre souvent dans les périodes où ils n’occupent pas un emploi (plus du tiers des salariés en CDD et près des deux tiers des salariés en intérim en 2020). « Ces salariés, à l’employabilité plus fragile, sont donc paradoxalement, du point de vue des objectifs assignés au dispositif, ceux qui ont le moins recours à la formation professionnelle », note l’étude.

Une probabilité de 41 % inférieure d'utiliser le CPF pour les salariés précaires

Le plus faible taux de recours à la formation professionnelles financée par le CPF par les salariés au Smic ou en contrat précaire s’explique par différents facteurs. Les salariés en CDD et en intérim sont en moyenne plus jeunes que les salariés en CDI et ont des carrières plus hachées, ce qui pénalise leur acquisition de droits au CPF. Le solde moyen de droits CPF s’élève ainsi à 530 euros pour les salariés en CDD et 670 euros pour les salariés en intérim, contre 1 490 euros pour ceux en CDI. « Pour les mêmes raisons (ancienneté, employabilité), les soldes de droits apparaissent positivement corrélés avec la rémunération annuelle, elle-même dépendante des durées salariées », analyse l’étude.

Des différences persistent néanmoins une fois neutralisés les effets liés à l’âge, à la catégorie socioprofessionnelle, à la nature du contrat de travail ou à la rémunération. Toutes choses égales par ailleurs, la probabilité relative de recours au CPF en 2020 est ainsi inférieure de 41 % pour les salariés en CDD comme pour les salariés en intérim par rapport aux salariés en CDI.

 

Raphaëlle Pienne (source : groupe Caisse des Dépôts)

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