Les entreprises face au défi de la montée en compétences numériques

20 Mars 2019

© Fotolia Quels besoins en compétences et quelles réponses en termes de formation la transformation numérique des métiers traditionnels implique-t-elle ? Cette question était discutée au « Village des initiatives du FSE » organisé par la DGEFP.

Le « Village des initiatives du Fonds social européen », organisé par la DGEFP (Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle), s’est tenu les 18 et 19 mars 2019 à Paris.

L’arrivée du numérique, présent désormais dans tous les secteurs d’activité, nécessite de nouvelles compétences et implique de former les salariés.

Dans l’industrie, l’impact du numérique et de la robotisation se traduisent par « un abandon des tâches les plus pénibles et répétitives », au profit de tâches « plus qualifiées, de programmation des machines, de remontée des problèmes, qui impliquent une hausse de la qualification et une plus grande autonomie », rapporte Caroline Mini, du laboratoire d’idée La Fabrique de l’industrie.

Même constat dans la filière de valorisation des déchets, jusqu’ici accessible à des personnes sans diplôme : « L’activité s’industrialise et le matériel évolue, l’utilisation de machines avec bras articulé ou capteurs optiques implique de faire monter en compétences des salariés très éloignés du numérique », explique Marième Diagne, auteure d’une étude pour France Stratégie.

Dans le secteur de l’aide à domicile, la mise en place d’interfaces numérique de pointage, la dématérialisation des plannings et des formulaires nécessitent une maîtrise de l’écrit, « qui peut être discriminante pour une population en situation d’illettrisme », souligne Nadia Rahou, de l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail).

Les compétences recherchées et les réponses des entreprises

Les nouvelles compétences liées aux outils numériques sont par exemple la capacité d’abstraction, d’apprentissage permanent, de gestion d’une masse d’information. « On retrouve ces compétences dans les offres d’emploi : savoir travailler avec l’autre, en autonomie, prendre en compte l’environnement », constate Audrey Pérocheau, de Pôle emploi.

Dans l’industrie, les compétences valorisées sont à la fois techniques et transverses : « Les employeurs recrutent de plus en plus sur la base du savoir-être et de la motivation, et mettent en place des formations internes sur les aspects techniques », souligne Caroline Mini. Dans le secteur de la valorisation des déchets, ils continuent à recruter des personnes peu qualifiées, qu’ils doivent former au numérique. « Identifier l’offre de formation disponible, notamment les CQP (certificat de qualification professionnelle) ou blocs de compétences liés au numérique, proposer des Spoc (small private open course) : formations en ligne sur-mesure, cela reste compliqué pour les TPE/PME », observe Marième Diagne.

Adaptation des formations

« On formalise des besoins en compétences, on forme les gens, et au bout d’un an on s’aperçoit que cette technologie est déjà obsolète », poursuit-elle. Identifier les compétences recherchées par les entreprises et adapter rapidement les formations est une des missions de Pôle emploi : « Pour cela, on a besoin de tester des innovations pédagogiques via des learning labs, indique Audey Pérocheau, il faut donner aux organismes de formation les moyens de tester des modèles agiles, des programmes de formation plus courts et interactifs ».

Pour aider les salariés à intégrer les technologies du numérique, l’Anact préconise également de développer la Fest (formation en situation de travail).

Mariette Kammerer (Centre inffo pour Défi métiers)

 

Tags : digitalisation | transition numérique | formation | FSE