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Développer le travail et la formation professionnelle en prison afin de favoriser la réinsertion : cette préconisation est l’une des propositions émises par les députés qui pilotent les groupes de travail sur les conditions de détention en France.
Présentés mercredi 21 mars en commission des lois, leurs travaux pointent le déficit d’activités en prison : moins de 30 % des détenus ont eu accès à une activité professionnelle en 2016, contre 43,2 % en 1999. Cette situation résulte de la surpopulation carcérale, du caractère inadapté des locaux et du manque de qualification des détenus. Dans ce contexte, les députés Philippe Gosselin (LR) et Laurence Vichnievsky (Mouvement démocrate), qui pilotent deux des groupes de travail, considèrent indispensable de renforcer l’accès à l’enseignement et à la formation professionnelle en prison.
Les quatre groupes de travail de la commission des lois de l’Assemblée nationale
- Diversification des conditions de détention par le recours aux établissements ouverts ;
- Prise en charge des détenus présentant des troubles psychiatriques ;
- L’activité en détention ;
- Le lien avec le tissu économique local dans une perspective de réinsertion.
Systématiser le bilan de compétences
Pour y parvenir, ils préconisent d’instaurer un bilan de compétences lors de l’entrée en détention afin d’orienter les détenus vers une formation ou un travail et de favoriser les possibilités de se former à distance. Autres pistes à explorer : développer les actions de valorisation des acquis de l’expérience et de formation en lien avec les acteurs au niveau local (centre de formation des apprentis, institut de formation des chambres des métiers, etc.).
Les députés recommandent aussi de clarifier le système de financement de la formation professionnelle des détenus. Le transfert progressif de cette mission aux régions entre 2015 et 2018 a créé des « incertitudes ». Celles-ci pourraient expliquer le recul du taux d’accès des détenus à la formation ces dernières années : 14,5 % en 2016 contre 15,94 % en 2014.
Créer 18 centres de réinsertion
Le groupe de travail piloté par la députée Yaël Braun-Pivet (LREM), présidente de la commission des lois, propose, quant à lui, de créer 18 centres pénitentiaires de réinsertion, d’ici à 2022. Dans ces établissements, « le niveau de sécurité serait allégé et adapté aux objectifs de réinsertion de la personne écrouée ».
Objectifs : responsabiliser les détenus en leur permettant de travailler ou de se former. L’instauration de ce système de détention assoupli nécessiterait, en amont, de mettre en place un système d’évaluation et d’orientation des détenus.
Estelle Durand (Centre Inffo pour Défi métiers)
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