Les contrats aidés : quels objectifs, quel bilan ?

25 Avril 2017

Les contrats aidés : quels objectifs, quel bilan ? © Fotolia Depuis leur création dans les années 80, les contrats aidés ont régulièrement changé de nom ou de modalités, ciblant le secteur marchand ou non marchand, les jeunes ou les seniors, les bénéficiaires de minima sociaux, etc.

En 1984, dans un contexte de hausse du chômage, Laurent Fabius lance les Travaux d’utilité collective (Tuc). Ceux-ci avaient pour objectifs de réduire le niveau du chômage des jeunes, en particulier celui des moins qualifiés, d’améliorer l’employabilité des bénéficiaires et de répondre à des besoins collectifs non satisfaits. Il s’agissait également d’expérimenter une nouvelle forme de transition entre l’école et l’entreprise.

Trente ans plus tard, les noms sont différents - Emploi d’avenir ou Service civique - mais les objectifs restent identiques et les dispositifs, malgré quelques variantes, ont des caractéristiques proches : étoffer le CV, rendre le bénéficiaire plus facilement employable ou le maintenir en emploi dans l’entreprise qui l'a embauché ; favoriser l’acquisition de nouvelles compétences grâce à des formations ; favoriser l’accès à l’emploi à plus long terme des personnes particulièrement éloignées du marché du travail et créer de nouveaux emplois pour diminuer le chômage à court terme. Ainsi, les contrats aidés ont été particulièrement utilisés dans les périodes de ralentissement économique. Avec la mise en place des Contrats uniques d’insertion (CUI) en 2010, le principe de l’accompagnement des personnes les plus en difficulté a été réaffirmé.

En 2015, 9 nouveaux bénéficiaires d’un CUI ou d’un Emploi d’avenir sur 10 présentaient des difficultés particulières pour trouver un emploi. Pour les CUI, ce sont des seniors de plus de 50 ans (30 % des embauches en CUI-CIE), des demandeurs d’emploi inscrits depuis plus d’un an ou bénéficiaires de minima sociaux (respectivement 41 % et 33 % en CUI-CAE) qui sont ciblés et, pour les Emplois d’avenir, des jeunes de moins de 26 ans peu ou pas qualifiés.

L’insertion professionnelle des bénéficiaires

Pour mesurer l’insertion dans l’emploi après le passage en contrat aidé, la Dares réalise des enquêtes auprès des bénéficiaires, 6 mois après la fin de l’aide de l’État. Celles-ci montrent que 67 % des personnes sorties en 2014 d’un CUI-CIE et 41 % des personnes sorties d’un CUI-CAE étaient en emploi. Ces taux d’insertion ne permettent cependant pas de comparer l’efficacité de ces dispositifs.

Le taux d’emploi est plus faible après un CUI-CAE en partie parce que les bénéficiaires de contrats aidés du secteur non marchand sont davantage éloignés de l’emploi. En particulier, les salariés en CUI-CAE sont plus souvent allocataires de minima sociaux ou sans diplôme que les salariés en CUI-CIE (71 % des sortants en 2014 ont été embauchés en CDI). La fin de l’aide de l’État ne signifie donc pas nécessairement la fin de leur contrat. Dans le secteur non marchand, au contraire, le financement associé au CUI-CAE permet aux associations et aux collectivités locales d’opérer des recrutements qu’elles ne pourraient pas réaliser sans aide. Elles ne peuvent donc le plus souvent pas les pérenniser lorsque l’aide s’arrête à la fin du contrat.

Télécharger Dares Analyses, n°21, mars 2017

Emmanuelle Vignerot

Tags : contrat aidé | jeune | senior | demandeur d'emploi | insertion professionnelle