Les bénéfices de l’apprentissage varient en fonction de la conjoncture économique

04 Janvier 2019

© Fotolia Les enquêtes Génération du Céreq, réalisées depuis les années 1990, fournissent un outil particulièrement adapté pour examiner les effets supposés bénéfiques de l’apprentissage en matière d’insertion, dans des contextes en évolution permanente.

Avoir suivi une formation par la voie de l’apprentissage favorise l’insertion professionnelle. L’analyse des enquêtes « Génération » du Céreq portant sur les personnes sortant du système éducatif, réalisée sur une période de 20 ans, confirme que l’expérience professionnelle acquise en cours de formation ainsi que les relations nouées avec les entreprises permettent aux apprentis d’accéder plus rapidement à l’emploi. Et cet avantage perdure dans le temps, selon la note du Céreq publiée récemment. « Après cinq ans de vie active, les apprentis sont plus nombreux à occuper un emploi que leurs homologues issus de la voie scolaire ayant suivi une formation de niveau et de spécialité identiques. »

Sensibilité au contexte économique

Cependant, les effets de l’apprentissage s’avèrent sensibles à la conjoncture économique. En période favorable, les propositions de contrats d’apprentissage sont alors plus nombreuses et les embauches à l’issue de la formation plus fréquentes. Dans ce contexte, note le Céreq, les écarts entre les taux d’insertion des apprentis et des jeunes formés par la voie scolaire tendent à s’accentuer, surtout pour les premiers niveaux de qualification. A l’inverse, en cas de conjoncture économique difficile, les apprentis rencontrent davantage de difficultés à trouver une entreprise. Et à l’issue de leur formation, les propositions d’embauche stable et pérenne s’avèrent moins fréquentes. Ainsi, selon l’analyse du Céreq, entre la Génération 2004 et la Génération 2010, le taux de maintien dans l’entreprise de formation a chuté de 37 à 12 % pour les CAP-BEP et de 53 à 20 % pour les bacheliers. Par ailleurs, en cas de situation économique difficile, les apprentis qui ne sont pas embauchés par l’entreprise qui les a formés sont confrontés à une plus forte concurrence dans leur recherche d’emploi.

Former quelle que soit la conjoncture

Alors que s’amorce une nouvelle réforme, « favoriser l’usage de l’apprentissage pendant les périodes creuses du cycle économique pourrait être une des clés de la poursuite de son développement », note le Céreq. L’apprentissage s’est fortement développé au cours des deux dernières décennies : les effectifs d’apprentis sont ainsi passés de 220 000 en 1991-1992 à 412 000 en 2016-2017 mais ont atteint un plafond ces dernières années, avec un maximum de 438 000 apprentis en 2012-2013. Le rôle des entreprises et des branches sera décisif à l’avenir. Tout dépendra de la façon dont elles s’empareront du nouveau cadre de l’apprentissage. « L’utiliseront-elles comme un outil de gestion des compétences ou plutôt dans une simple logique de main d’œuvre d’appoint », s’interroge le Céreq.

A l'aube de la réforme de la formation professionnelle, retour sur 20 ans d'insertion des apprentis.pdf

Estelle Durand (Centre Inffo pour Défi métiers)

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