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Les apprentissages en situation de travail (tutorat, compagnonnage, etc.) connaissent un regain d’intérêt depuis quelques temps. Pourquoi mettre en place une telle pédagogie en situation professionnelle ?
La plupart des apprentissages professionnels, mais aussi personnels, sont réalisés de façon informelle et pas toujours consciente[1]. Chaque personne l'a, un jour, expérimenté. C’est en résolvant un problème que des apprentissages se réalisent ou du moins que le processus d’apprentissage est activé.
Autre constat : certains apprentissages ne peuvent se faire qu’en situation de travail, une situation de travail qui peut être, dans certains cas, reconstituée (ex : simulateurs, réalité virtuelle).
Les moments formatifs, situés au carrefour de la formation et du travail, peuvent être identifiés et organisés dans une intention pédagogique. On estime en effet que le « transfert » des apprentissages en situation de travail se réalisera d’autant mieux que la situation sera « proche de la réalité ». Selon cette logique, les dispositifs de type compagnonnage sont mis en place : un apprenant produit un travail qu’un collègue expérimenté sans lien hiérarchique (appelé compagnon, tuteur, maître apprentissage ou référent, etc.) observe en vue d'accompagner l’apprenant vers une meilleure maîtrise. A noter : les apprentissages se réalisent tout au long d’un processus, et pas seulement au moment où l'observateur et l'apprenant échangent sur la tâche effectuée.
Pour autant, tous les apprenants ne réaliseront pas les mêmes apprentissages. En effet, la qualité de l'accompagnement par le compagnon, sa disponibilité, etc., peuvent être variables. De plus, les acquis issus de l’expérience des apprenants, ainsi que leur degré d’engagement, sont des facteurs importants (c'est sur ce dernier aspect que l’évaluation d’un dispositif de formation se heurte le plus souvent). De multiples facteurs facilitent ou, au contraire, font obstacle aux apprentissages réalisés par un individu.
La formation est une réponse possible à un besoin d’apprentissage si et seulement si la personne le ressent comme tel, d'après Bertrand Schwartz qui constatait qu’« un adulte n’est prêt à se former que s’il peut trouver dans la formation une réponse à ses problèmes dans sa situation ».
L’équation formation ne se réduit donc pas aux variables « financement » et « dispositifs » (qu’ils soient en ou hors situations de travail), mais doit aussi intégrer la « personne ». C’est là que l’accompagnement en orientation trouve toute sa pertinence et un intérêt économique évident si la personne qui s’engage en formation, au lieu de la subir, est motivée donc en capacité d’apprendre. Le chemin vers des apprentissages ne fait pourtant que commencer.
Françoise Lemaire
[1] Cristol D, Muller A, « Les apprentissages informels dans la formation pour adultes », Revue Savoirs n°32, 2013 (p.11-59)
Tags : formation | pédagogie | tutorat | compagnonnage | adulte