Les acteurs de la formation scrutent la quatrième tentative de réforme (Jeudi de l’Afref)

21 Décembre 2017

Les acteurs de la formation scrutent la quatrième tentative de réforme en quatorze ans (Jeudi de l’Afref) © Afref L’Association française pour la réflexion et l’échange sur la formation (Afref) conviait ses membres le 14 décembre à une « disput’action », matinée de débat sur les enjeux de la formation, alors qu’une quatrième réforme - en 14 ans - se profile.

Lors de la « disput’action » organisée par l’Afref le 14 décembre, les acteurs ont débattu sur le « pouvoir normatif des partenaires sociaux », la qualité et la lisibilité de l’offre de formation, le devenir des Opca, la conciliation des impératifs économiques et la liberté individuelle.

Pouvoir normatif, qualité et lisibilité

Si tout projet de réforme portant sur les relations du travail, l’emploi et la formation professionnelle, et qui relève du champ de la négociation nationale et interprofessionnelle, fait l’objet d’une concertation préalable avec les organisations syndicales de salariés et d’employeurs représentatives, la juriste Léa Rameau estime que le gouvernement a soumis un document d’orientation qui laisse peu de place à la négociation. « Il faut donc voir comment [ils] vont s’affranchir des questions-réponses du gouvernement », se demande-t-elle, envisageant un possible « conflit de normes » entre un accord national interprofessionnel et le texte de loi.

Michel Clézio, président du Synofdes, interpellé sur la question de la qualité de l’offre de formation, estime que le débat a été « pollué par des objectifs malthusiens subliminaux », qu’il s’agissait d’obtenir une réduction mécanique du nombre des organismes de formation. Or, près de 40 000 figurent aujourd’hui sur Datadock et il serait bon de « sortir de l’aspect normatif, certifications et labels multiples, tout en gardant un haut niveau d’exigence ». Sur la lisibilité de l’offre, il déplore le désordre qui règne dans les systèmes d’information et pointe la « nécessité de travailler à l’interfaçage et à la complétude de tous ces systèmes ».

Intermédiation, autonomie

Quant à la fin de l’intermédiation, Yves Hinnekint, directeur général d’Opcalia, ironise : « On connaît la chanson : les Opca c’est tabou, on en viendra tous à bout. » Il rappelle que le sujet central est celui de la formation des jeunes, des salariés et de la gestion du 0,3 % de la masse salariale bientôt prélevé. Il évoque le rôle des organismes collecteurs, souvent soumis à la réforme, et de plus en plus amenés à accompagner les individus avec les contrats d’alternance, la POE individuelle ou encore la montée en puissance du Compte personnel de formation. Sans oublier les TPE-PME, 73 % des 200 000 adhérents d’Opcalia employant moins de 10 salariés…

Pour Jean-Patrick Gille, rapporteur de la précédente loi de 2014, malgré l’absence d’une évaluation pratique, cette réforme conforte le CPF, même s’il effectue quelques « glissements ». Il questionne le passage des cotisations à la fiscalisation et la montée en puissance des compétences : « La formation n’est-elle que la capitalisation des compétences ou autre chose ? » Le président de l’Afref, René Bagorski, défend quant à lui un CPF à 900 heures et un système de formation organisé en vue de l’autonomie et de l’émancipation des personnes : « Donnons du sens à la formation, pour permettre à un individu de sécuriser son parcours professionnel, mais aussi contribuer à former le citoyen. »

Christelle Destombes (Centre Inffo pour Défi métiers)

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