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Le marché de la certification a été abordé lors d'un « Jeudi de l'Afref » le 17 septembre, du point de vue des prestataires de formation, soucieux de rendre certifiante leur offre de formation afin d'en faciliter le financement.
L’introduction du débat par Pierre-Luc Machever, consultant du cabinet Paradoxes-conseil, ne manquait pas de piquant.
Outre l’intérêt de faire certifier sa formation, il pose plusieurs questions : dans quelles mesures l’industrialisation de l’individualisation des parcours de formation est-elle économiquement viable considérant, par ailleurs, « la mise sous assurance qualité » des prestataires souhaitant bénéficier d’un financement public (cf. Qualiopi) ? Outre la certification des structures, à quand la certification obligatoire des formateurs ? Comment simplifier l’accès à la formation des personnes quand les parcours de formation sont de plus en plus multimodaux, autrement dit complexes et quand l’offre de certification est toujours aussi peu lisible ? Enfin, développer de nouveaux marchés en formation nécessite désormais d’être habiles en communication et marketing.
Rappelant et expliquant à quel point « le système de certification était à bout de souffle et avait besoin d’être régulé », Sébastien Boterdael, juriste au cabinet Soulea, argumente l’intervention opportune du législateur dans le souci d’améliorer la lisibilité de l’offre de certification et de garantir sa valeur d’usage sur le marché de l’emploi, c’est-à-dire sa reconnaissance par les recruteurs.
Dans cet objectif, la qualité de l’ingénierie de certification est primordiale. « Or, elle se distingue encore trop peu bien souvent d’un programme de formation », explique Françoise Amat, présidente de la Commission de la certification professionnelle à France compétences. « Le lien avéré avec le marché de l’emploi est trop souvent peu ou mal argumenté et le dossier axé, encore trop souvent sur la formation proposée et non sur les compétences visées, ce qui explique le refus de près de 40 % des dossiers instruits au RNCP et de 90 % au RS en un an », poursuit-elle.
Afin de clarifier les règles du jeu, nombre de notes ont été rédigées et postées sur le site de France compétences, rappelle Vincent Caputo, directeur de la Commission de la certification en charge de l’instruction des dossiers, insistant sur l’intérêt de se les approprier parce qu'« elles apportent des précisions utiles à considérer« ». Il ajoute : « la certification est un signal social fort auprès des personnes comme des employeurs. Son enjeu est de valoriser la formation professionnelle, permettant aux actifs in fine de se maintenir ou d’accéder à l’emploi ».
Deux autres enjeux de taille sont apparus au cours du débat :
- L’information des personnes : « comment peuvent-elles mobiliser leurs droits si elles ne les connaissent pas ? », portant notamment sur les différentes voies d'accès à la certification et aussi le service public de l’orientation (et les centres conseil en VAE) ;
- La cohérence entre certifications : « pourquoi ne pas envisager une base de données des blocs de compétences communs ? », propose Philippe Debruyne, président de Certif’Pro. « Ce serait précieux à plus d’un titre… et permettrait aux personnes de n’être formées que sur ce qu’elles ne connaissent pas. »
Le témoignage d’un jeune certificateur, Unaforis, regroupant 110 IRTS a illustré les propos : « en exigeant un travail d’écriture collectif en compétences au lieu de formation ; ce travail en réseau a provoqué un véritable changement culturel et une réflexion de fond pour garantir la qualité de la certification (pré-positionnement des candidats, constitution des jurys, pas de délégataires hors le réseau) ». Le témoignage du directeur du Patio, a mis en avant l’importance de l’évaluation « elle doit se réaliser tout au long du parcours car ça prend du temps d’acquérir des compétences ».
Françoise Lemaire et Hélène Lerosier
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