Le démantèlement nucléaire à la recherche de nouvelles formations

21 Février 2018

Le démantèlement nucléaire à la recherche de nouvelles formations © Adobe Stock Des grandes entreprises françaises du nucléaire réunissent en février un comité de pilotage chargé de faire évoluer les formations sur le démantèlement. Un marché prometteur dans le monde entier.

En décembre 2017, des experts du nucléaire réunis aux Assises du démantèlement nucléaire sur le site stratégique de Marcoule (Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard) ont alerté sur la nécessaire mutation des formations. Aujourd’hui, une trentaine d’installations nucléaires sont arrêtées en France. Pour certaines, le démantèlement a déjà commencé, pour d’autres, il est en attente. Selon un rapport parlementaire de 2017, ces activités représentent environ 7 % de la valeur ajoutée de la filière nucléaire française. Et pourtant, le secteur peine à recruter. « Le démantèlement ne séduit pas, reconnaît Hervé Ridoux, directeur général de Nuvia France, entreprise installée à Aix-en-Provence. On lui préfère la maintenance ou la construction. »

Adapter les formations

Selon les dirigeants du nucléaire français, le défi à relever est celui de la formation. Ils déplorent souvent un décalage entre les besoins des entreprises et les offres de formation. Certains métiers sont aujourd’hui en tension, comme la radio-protection et la sûreté. Pour y faire face, des grandes entreprises comme EDF et Orano (Ex Areva) viennent de constituer un groupe de travail baptisé E-dem, dont le premier comité de pilotage se réunit au mois de février 2018 en vue de faire évoluer les formations déjà disponibles.

Des idées sont déjà à l’étude, notamment sur la transition numérique. À Marcoule, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) pourrait mettre à la disposition de stagiaires une salle où des sites nucléaires à démanteler sont reconstitués en trois dimensions. Avec l’INSTN (Institut national des sciences et techniques nucléaires), deux entreprises, l’Apave et le groupe Ecia, envisagent de lancer un chantier-école autour de l’amiante et du nucléaire. « Il serait destiné aux professionnels pour la formation continue », explique Arnaud Céré, directeur développement et stratégie d’Ecia.

Miser sur le compagnonnage

Le secteur du démantèlement nucléaire ne s’intéresse pas seulement aux grands diplômés. « Un démanteleur est forcément manuel, explique Richard Bégarie, responsable des unités d’intervention chez Areva. Il sera amené à utiliser des outils assez classiques comme une disqueuse. » Le métier peut donc s’apprendre à travers un compagnonnage, à l’image de l’expérience de certains ingénieurs du CEA de Marcoule. Caroline Chabal élabore aujourd’hui des techniques de pilotage à distance de décontamination et de démantèlement d’installations nucléaires. « J’ai pu acquérir ces compétences grâce à l’expérience de collègues experts par simulation en temps réel », confie-t-elle.

Les candidats aux métiers du démantèlement nucléaire sont également assurés de pouvoir travailler dans le monde entier. Dans les quinze prochaines années, plus de 200 centrales vont être arrêtées. À peine une vingtaine ont déjà été démantelées.

David Aussilou (Centre inffo pour Défi métiers)

Tags : énergie | formation | mutations économiques