Le décrochage scolaire vu par les décrocheurs

11 Avril 2014

Le décrochage scolaire vu par les décrocheurs © Fotolia Le Centre de recherche en éducation de Nantes (Cren) a interrogé directement des jeunes sur les raisons de leur décrochage.

Si de nombreuses recherches ont déjà été effectuées sur les facteurs du décrochage scolaire, peu d'études ont directement interrogé les jeunes sur les motifs de leur décrochage. C'est le parti qu'ont pris deux chercheurs du Cren, en contactant par téléphone de jeunes décrocheurs de l'académie de Nantes entre mai et juin 2013.

Sur les 1 155 jeunes ayant répondu à leur enquête, les plus nombreux (60,9 %) ont interrompu des études en CFA ou en lycée professionnel, le plus souvent en début de parcours, suite par exemple à une rupture de leur contrat en alternance ou parce qu'ils avaient été orientés dans une spécialité qu'ils n'avaient pas choisie.

Une autre partie des jeunes interrogés (21,8 %) a quitté la scolarité avant la fin du collège, à la suite d'une exclusion, ou à la fin de la classe de la classe de 3ème lorsque, orientés vers la voie professionnelle, ils n'ont pu trouver de maître d'apprentissage ou s'inscrire dans la spécialité choisie.

Les décrochages en lycée technologique ou général sont plus rares (16,3 %), et interviennent généralement après un ou plusieurs échecs au baccalauréat.

Les jeunes interrogés avancent une grande variété de motifs pour expliquer leur décrochage, même si les trois quarts sont d'accord pour dire qu'ils voulaient « avoir une activité professionnelle », « gagner de l'argent », ou qu'ils en avaient « marre de l'école ». Ils sont également 29,1 % à considérer que le travail demandé par les enseignants était trop difficile. Leurs réponses  « soulignent surtout la forte condamnation du système scolaire considéré par les décrocheurs comme inadapté, sélectif et injuste », observent les auteurs de l'enquête.

Quant au devenir des jeunes ayant interrompu leurs études, ils étaient au moment de l'enquête 31,8 % à avoir trouvé une nouvelle formation, tandis que 18,6 % occupaient un emploi, 29,6 % en cherchaient un et 20,1 % étaient inactifs.

La dernière formation suivie avant de décrocher influe la suite du parcours : les sortants de collège sont rarement en emploi (4,3 %), et seulement 45,6 % ont repris une formation. La situation est plus précaire encore pour les jeunes qui s'étaient engagés dans un CAP : 57,4 % étaient sans emploi et n'avaient pas repris de formation au moment de l’enquête.

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Raphaëlle Pienne

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