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« Le bilan de compétences autrement », telle est la proposition de Marie-Eve Dausset, coach formée au Cnam qui publie un livre au titre éponyme. À rebours des prestations formatées, elle relate l’expérience de sa pratique libérale.
Pour Marie-Eve Dausset, l’ambition du bilan de compétences ne peut se réduire à la co-construction d’un projet professionnel, qui serait seulement basé sur l’identification de compétences associées à la contrainte externe du marché du travail. Plus large, l’enjeu fait pour elle écho aux logiques du tout au long de la vie : accroître l’autonomie du bénéficiaire en l’outillant d’une « possibilité de se réinventer ». Il ne s’agit pas d’exclure le diagnostic emploi-compétences du processus, mais d’accepter que l’adéquation entre offre et demande suppose d’abord de comprendre ce que l’on « porte en soi ».
Accompagnement approfondi
Espace de « l’accompagnement approfondi », la prestation bilan de compétences fait face à des demandes complexes, plus souvent inscrites dans l’urgence et une certaine demande de réparation que dans l’anticipation, relève la coach. Méfiante à l’égard des tests en raison de leur propension à renvoyer les usagers dans les cases dont ils cherchent à s’extraire, Marie-Eve Dausset privilégie le recours à l’écoute. À la fois « neutre » et « active », cette écoute n’est pas facile à calibrer et donne toute sa place au professionnalisme du consultant.
Ce n’est selon elle pas, ou rarement, l’identification d’un métier qui crée le déclic, mais la connaissance de soi-même, essentielle pour lever le sentiment de confusion. Si bilan il y a, c’est moins de compétences qu’il s’agit que de l’histoire de vie et de ses conséquences sur notre rapport au monde. Définie par Marie-Eve Dausset comme un « lieu de conquête de soi », l’espace du bilan n’est pas pour autant celui de la psychanalyse, prévient-elle. Mais au moins un lieu d’émergence du « désir », considéré comme le véritable activateur de tout projet.
Devenir son métier
L’identification des traits de personnalité doit, selon elle, moins servir à trouver son métier, qu’à « devenir son métier » : il s’agit de mieux comprendre son mode de fonctionnement et d’affiner sa « posture », pour trouver de la cohérence avec le métier exercé ou envisagé. Enfin, le bilan de compétences intègre une étape de préparation au passage à l’acte. Il s’agira de s’appuyer sur le travail réalisé pour, armé de sa « conscience de soi », mobiliser l’ensemble de ses ressources pour poursuivre son chemin. Lequel peut passer par la concrétisation immédiate d’un nouveau projet professionnel ou, tout simplement, s’enrichir d’un « changement de regard sur sa relation au travail ». Dans tous les cas, « réussir à être vraiment acteur de son devenir est la compétence essentielle acquise lors de son travail en bilan », estime Marie-Eve Dausset.
Et alors que le bilan de compétences vient de connaître une refonte avec la loi Avenir professionnel, on devine que le cadre actuel demeure à ses yeux par trop limitant : « Prôner la création d’une autre prestation d’accompagnement plus approfondie, libérée de l’obligation d’aboutir à un projet, qui permettrait de traiter les souffrances au travail, avec un financement approprié, me semble aujourd’hui répondre à une nécessité de société », conclut-elle.
Par Nicolas Deguerry (Centre inffo pour Défi métiers)
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