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Comme de nombreux secteurs (logement, santé, transports, etc.), la formation professionnelle voit son modèle économique réinventé par l’arrivée de nouvelles technologies numériques. De quoi s’interroger sur son avenir…
Dans une récente interview accordée à Opcalia, Denis Jacquet, président de l’Observatoire de l’uberisation et PDG d’EduFactory, rappelle que l’uberisation est marquée par la conjonction de « l’avènement de services faciles, rapides, centrés sur le client » et « la fin, potentielle, d'un modèle auquel toute une génération, par choix ou par nécessité, ne fait plus confiance ».
« Uberiser » consiste ainsi à proposer de nouveaux modèles économiques s’appuyant sur les nouvelles technologies et la désintermédiation pour offrir un service plus rapide, plus performant, et plus souple que celui des acteurs du marché traditionnel.
La formation n’est pas en reste
Le développement des cours en ligne et des réseaux sociaux ont appuyé le mythe de l’uberisation de la formation : chacun peut désormais partager facilement ses connaissances, en participant à des forums de discussion, en publiant des vidéos sur YouTube, ou en créant son propre Mooc.
Cette mouvance s’inscrit dans le pari de l’intelligence collective, en donnant à tous la possibilité d’être à son tour sachant et apprenant. « La formation devient collaborative. Cela remet en question, dans de nombreux cas, le rôle des formateurs, la qualité et le contenu des formations » souligne Denis Jacquet.
Dans le champ de la formation, la Khan Academy, les Moocs, ou encore Kokoroe, qui donnent la possibilité aux amateurs d’enseigner, sont autant d'exemples d’uberisation. Si ces premières propositions sont séduisantes, elles ont aussi leurs limites. Ainsi, le fait de proposer des contenus n’est pas suffisant pour susciter l’appétence. De plus, la constitution de communautés apprenantes et collaboratives nécessite de réelles compétences en matière d’ingénierie pédagogique.
Une révolution numérique
Selon Denis Jacquet, les Mooc constituent une « fausse révolution », mais « l'arrivée de l'intelligence artificielle et du "deep learning", vont bouleverser la destinée de la formation » et la pousser à « s'évader de l'existant, des référentiels disponibles ».
Pour le président de l'Observatoire de l'ubérisation, la réalité virtuelle devrait également changer la donne : « Se projeter dans un monde qui est presque réel, voire augmenté, permettra, par une expérience vécue, de simuler et former, mieux qu'un formateur ne pourra le faire. »
Cette évolution, qui est déjà en marche, répond aussi aux changements de comportements des apprenants dont « la mémoire et la concentration disparaissent, diminuent », forçant ainsi la formation à s’adapter.
Pour aller plus loin
Interview de Denis Jacquet (site Opcalia)
Observatoire de l'uberisation
Jonathan Singaye
Tags : uberisation | formation continue | nouvelle technologie