La formation pour développer l’attractivité des métiers

29 Juin 2018

© Fotolia L’attractivité des métiers, thème retenu pour la cinquième réunion inter-branches d’Opca Transports et Services, qui s’est déroulée mardi 26 juin à Paris, demande une attention particulière portée à la formation.

En matière de formation déployée pour séduire des candidats, la palme de l’originalité revient sans doute à François Delhaye, président de la société d’installation électrique Télécoise. Confronté à d’importants besoins de recrutements dans un marché tendu, l’homme a créé sa propre formation. « Et plutôt que d’essayer d’attirer les meilleurs, ce que j’ai mis en place sert à attirer les plus mauvais », plaisante-t-il. Une démarche qui renvoie à son propre passé de cancre et à son expérience : « un jour, on m’a donné ma chance, je suis rentré tout en bas et je suis devenu président 20 ans plus tard ». Pour repérer les bons profils, son entreprise organise des manifestations sportives dans les quartiers sensibles, récompensées par des lots à l’image de l’entreprise. Après ce premier contact, ceux qui le souhaitent peuvent accéder à une formation maison proposée par Télécoise. Le résultat ? 96 % d’intégration.

Co-construction

Pour construire sa formation, François Delhaye s’est appuyé sur de nombreux partenaires. Le premier d’entre-eux est l’organisme de formation, dont le responsable est venu passer trois mois sur les chantiers de l’entreprise pour connaître le métier. Mais ce sont aussi de nombreux acteurs institutionnels (Direccte, Éducation nationale, Pôle emploi, Missions locales, etc.) et associatifs (Fondation Agir contre l’exclusion, associations de quartiers, associations de locataires, bailleurs sociaux, etc.), qui ont été mobilisés. La prochaine étape ? Obtenir, avec le soutien de la Fédération des installateurs électriciens, la reconnaissance de la formation par un certificat de qualification professionnelle.

Au CFA propreté Inhni de Villejuif, la solution passe par une « classe dédiée, marketée à l’image de l’entreprise cliente », explique Magali Melenotte, la directrice. Avantage : les candidats sont ainsi directement formés aux process de l’entreprise et reçoivent dès leur entrée en formation la promesse d’un CDI. Chez Kéolis Lyon, société de transport urbain, c’est une « Maintenance Académie » qui a été créée en partenariat avec des industriels et l’Opca Transports et Services, pour faire face à une pénurie de compétences. À condition de disposer de « seulement une heure de compte personnel de formation [monétisé ou pas], nous les formons au titre professionnel de mécanicien réparateur véhicule industriel, un parcours de plus de 800 heures à 35 euros de l’heure », souligne Carine Adami, responsable RH.

Responsabilité sociétale

La problématique de l’attractivité est aussi l’occasion pour les entreprises d’exercer leur responsabilité sociétale. Chez Engie, Thierry Huck, responsable de la mission Insertion, a ainsi développé à l’occasion de l’Euro 2016 un programme parcours emploi-mobilité-sports à destination des jeunes des quartiers sensibles. Conçu sous forme de sas préparatoire à l’entrée en formation vers des métiers en tension, le programme propose un accompagnement de six mois alternant activités sportives, ateliers collectifs et individuels. Là encore, de nombreux partenaires sont mobilisés, à commencer par les militaires. Ils accueillent les jeunes pendant quatre semaines pour une immersion en base aérienne afin de leur « redonner un cadre ». Par ailleurs, chaque jeune dispose d’un parrain ou d’une marraine en entreprise, qui l’accompagne au-delà de l’alternance, précise Thierry Huck. Le résultat ? 60 % de sorties positives, la moitié en formation, la moitié en emploi.

Opca Transports et Services : www.opca-transports.com/

Nicolas Deguerry (Centre inffo pour Défi métiers)

Tags : métier | transport | attractivité | alternance