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Le Céreq a publié les premiers résultats de son enquête destinée à mesurer l’impact de la crise sanitaire sur la formation professionnelle des salariés.
Le dernier numéro de la parution Bref du Céreq, « Crise sanitaire et formation professionnelle : le temps libéré ne suffit pas pour se former », publié le 18 mars, présente les premiers résultats de l’enquête Impact (Impact de la crise sanitaire sur les Mobilités, les Projets, les Aspirations professionnelles, les Compétences et le Travail).
Réalisée par le Céreq entre mars et mai 2021 auprès d’un échantillon de plus de 2 000 salariés, cette enquête statistique vise à apporter un éclairage sur la manière dont la crise sanitaire et les mesures gouvernementales prises pour y répondre ont impacté l’accès à la formation professionnelle continue et les projets professionnels.
L’accès à la formation demeure stable… et inégal
Plus de 40 % des salariés déclarent avoir suivi ou entamé une formation durant la période de l’enquête. Malgré la crise sanitaire, le taux d’accès à la formation est globalement stable, et demeure proche du taux annuel moyen calculé pour la même période en 2018-2019.
« L’accès à la formation reste inégal selon les caractéristiques de l’emploi des salariés », observe également le Céreq. La moitié des cadres - contre un tiers des ouvriers - ont déclaré avoir suivi au moins une formation. Les salariés des grandes entreprises tout comme ceux en CDI a temps complet ont aussi été plus nombreux à se former. Plus de la moitié des formations suivies par les ouvriers sont en outre règlementaires ou « obligatoires ».
Le rôle de l’employeur reste déterminant
Alors que l’offre de formation à distance a considérablement augmenté avec la crise sanitaire, cette modalité a surtout bénéficié aux salariés cadres et aux télétravailleurs (les deux allant souvent de pair). « La moitié de ces formations ont été suivies par les cadres, tandis que plus de la moitié des formations en présentiel l'ont été par les employés et ouvriers », souligne le Céreq.
Pour les non-télétravailleurs, essentiellement ouvriers et employés, le présentiel a été privilégié et notamment la formation en situation de travail (FEST). « Ainsi, 44 % des ouvriers formés et plus de la moitié des formés sans diplôme ou d’un niveau inférieur au bac déclarent avoir suivi une FEST, contre près d’un tiers de l’ensemble des salariés formés », complète le document.
Les disparités d’accès à la formation peuvent s’expliquer en particulier par l’information et les propositions reçues de l’employeur. Celles-ci « semblent déterminantes », alors que durant la période 42 % des cadres et 38 % des professions intermédiaires ont reçu une proposition de formation de leur employeur, contre seulement 25 % des employés et 27 % des ouvriers.
Le temps dégagé ne suffit pas à se former
Mesure phare gouvernementale durant la crise sanitaire, la possibilité pour les entreprises de faire financer intégralement la formation de leurs salariés en chômage partiel grâce au FNE formation n’a pas non plus bouleversé l’accès à la formation. « La mise en regard de deux populations comparables […] n'a pas permis de mettre en évidence un impact positif de [cette] mesure, et ce quelle que soit la catégorie des salariés », analyse le Céreq. En revanche, c’est bien le contexte productif de l’entreprise qui explique le recours à la formation (introduction d’un nouveau produit ou d’un nouvel outil numérique).
Pour certains salariés, la crise sanitaire a néanmoins ouvert des opportunités de se former. Ainsi, près d’un quart des salariés non formés entre 2014 et 2020 ont suivi au moins une formation, entamé une VAE ou un bilan de compétences entre mars 2020 et mai 2021. Ces nouveaux formés sont pour partie des salariés à temps partiels et/ou employés par de petites entreprises, qui font partie des publics les plus éloignés de la formation. lls sont aussi plus nombreux à avoir été en contact avec un conseiller en évolution professionnelle (24 % contre 7 % de l’ensemble des salariés).
« La crise sanitaire a ainsi été révélatrice de la pluralité des leviers et des obstacles à la formation des salariés. […] Au-delà du temps dégagé, l’élargissement de l’offre, une meilleure information et le recours au conseil en évolution professionnelle apparaissent comme des leviers importants. D’autres facteurs, comme des pratiques d’entreprise favorables à la formation et une situation familiale propice sont également centraux », analyse le Céreq.
Raphaëlle Pienne
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