La crise sanitaire a créé des opportunités de formation sans réduire les inégalités d’accès

21 Avril 2022

© Unsplash Les mesures d’incitation des pouvoirs publics et la multiplication des offres de formation n’ont pas permis de lever tous les obstacles à l’accès à la formation pendant la crise sanitaire. C’est ce que révèle une note du Cereq.

Entre mars 2020 et mai 2021, plus de 40 % des salariés ont déclaré avoir suivi ou entamé une formation. Ce taux d’accès est proche du taux annuel moyen calculé pour la même période en 2018- 2019. C’est ce qui ressort d’une note du Cereq basée sur une étude mesurant l’impact de la crise sur les mobilités, les projets, les aspirations professionnelles, les compétences et le travail. Autre enseignement : les inégalités d’accès ont perduré pendant la crise sanitaire. La moitié des cadres contre un tiers seulement des ouvriers ont déclaré avoir suivi au moins une formation. Les salariés des grandes entreprises et ceux en CDI à temps plein ont été plus nombreux à se former, comparativement à ceux en CDD ou à temps partiel. En outre, plus de la moitié des formations suivies par les ouvriers sont règlementaires ou obligatoires (un tiers pour l’ensemble des salariés) et moins de 10 % sont en lien avec le numérique (29 % chez les cadres).

Disparités d’accès à la formation

Parmi les éléments permettant d’expliquer les disparités d’accès à la formation, l’information et les propositions reçues de l’employeur semblent déterminantes. L’entreprise est de loin la principale source de propositions (pour plus de 80 % des salariés concernés). Les propositions de l’entreprise s’adressent cependant plus souvent aux catégories les plus qualifiées : 42 % des cadres et 38 % des professions intermédiaires ont reçu une proposition de formation de leur employeur, contre seulement 25 % des employés et 27 % des ouvriers. Les salariés sans diplôme ont été les plus nombreux à déclarer n’avoir reçu aucune proposition de formation de la part de leur employeur (76 % contre 67 % en moyenne), de même que les salariés en CDD ou à temps partiel (respectivement 76 et 85 %). Les entreprises jusque-là « non formatrices » ne semblent pas avoir saisi davantage les possibilités offertes par le chômage partiel pour proposer des formations.

Contexte favorable sous certaines conditions

Si la crise sanitaire a empêché les projets de formation de près d’un tiers des salariés qui en avaient fait la demande, elle a pu, sous certaines conditions, être favorable à la formation. Ainsi, près d’un quart des salariés non formés entre 2014 et 2020 ont suivi au moins une formation, entamé une VAE ou un bilan de compétences entre mars 2020 et mai 2021, et ce même parmi des publics les plus éloignés de la formation comme les salariés à temps partiel ou employés de TPE.

L’information et le CEP : des leviers à actionner

La crise sanitaire a ainsi été révélatrice de la pluralité des leviers et des obstacles à la formation des salariés. Les mesures de chômage partiel combinées à la réduction du coût de la formation pour les entreprises n’ont pas modifié les constats habituellement portés sur l’accès à la formation, mettant en lumière les multiples conditions personnelles et professionnelles à réunir. Au-delà du temps dégagé, l’élargissement de l’offre, une meilleure information et le recours au conseil en évolution professionnelle (CEP) apparaissent comme des leviers importants.

Pour aller plus loin :
La note du Cereq : « Crise sanitaire et formation professionnelle : le temps libéré ne suffit pas pour se former », Bref 420, 2022

Sarah Nafti (Centre inffo pour Défi métiers)

 

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