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Le juriste consultant Jean-Marie Luttringer s’interroge dans sa dernière chronique sur « l’impérialisme de la gouvernance par les nombres » qui s’est imposé dans l’univers de la formation professionnelle.
Jean-Marie Luttringer rappelle tout d’abord que le domaine de la formation professionnelle, qui connaît « une mutation profonde », recèle « une grande diversité d’objets et de processus ». Partant de ce postulat il déplore que « les quantités » produites par l’appareil statistique s’appuient encore largement sur le critère de conformité comme référence, au détriment des critères de pertinence, d’efficience et de cohérence. « L’impérialisme de "la gouvernance par les nombres" s’est imposé dans l’univers de la formation professionnelle, comme dans beaucoup d’autres au détriment de la gouvernance par les principes, les valeurs et de manière plus générale des appréciations qualitatives », introduit-il.
Des dérives et des impasses
Il dénonce ainsi des « dérives et des impasses ». A commencer par ce qu’il avait appelé dans une précédente chronique « Le fantasme des 32 milliards » dont est dotée la formation professionnelle. Il juge « le mauvais usage d’un seul chiffre repris en boucle par la caisse de résonance médiatique » et remet en cause sa pertinence au regard de ses effets dévastateurs « jetant le discrédit sur l’activité de formation professionnelle tout au long de la vie, réputée être un lieu de gabegie ».
Autre chiffre dans le viseur du consultant juriste, celui des 65 0000 prestataires de formation « tout aussi contestable que l’agrégat des 32 milliards », estime-t-il. « La critique de ce chiffre suppose de s’interroger au préalable sur la pertinence au terme de quatre décennies du référentiel historique, de nature démocratique, sur lequel il est fondé », précise-t-il.
Nommer au lieu de compter
Ses réflexions, Jean-Marie Luttringer les assortit de préconisations. Il interpelle « la fabrique de la statistique », lui conseillant de prendre le temps de « s’interroger sur la question de savoir de quoi la formation est aujourd’hui le nom, afin de produire des quantités de qualité qui répondent aux besoins de ses clients », et appelle au « renforcement de la place de la culture de l’évaluation ». Enfin, « un effort de pédagogie » est, selon lui, la clef pour « accroître la lisibilité, la clarté et la comparabilité des quantités produites par l’appareil statistique à l’intention de ses différents clients et contribuer à améliorer la qualité de la gouvernance par les nombres ».
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