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Pour le think tank, l'efficacité de la réforme de la formation professionnelle dépendra de ses modalités d'application, le risque étant qu'elle ne bénéficie pas à ceux qui en ont le plus besoin.
Alors que les décrets d'applications de la loi du 5 mars 2014 entrent progressivement en vigueur, Terra Nova publie un rapport qui dresse une série de propositions visant à « améliorer l'efficacité, l'équité, l'accessibilité et la lisibilité de notre système de formation continue ». Pour le think tank, la réforme en cours de la formation professionnelle pourrait en effet bien échouer à remplir ses objectifs de réduction des inégalités sociales et de renforcement de la compétitivité.
Selon le rapport, certaines entreprises risquent d'interpréter cette réforme, qui crée le compte personnel de formation (CPF) et le conseil en évolution professionnel (CEP), comme une « déresponsabilisation » de former les salariés les plus fragiles, qui relèveraient de l'action publique. La tendance de voir la formation en entreprise ne bénéficier qu'aux salariés déjà les mieux formés serait ainsi accentuée.
Terra Nova craint également que les listes des formation éligibles au CPF, devant en principe former à des métiers en tension et à des compétences recherchées par les employeurs, ne permettent pas à des salariés à bas niveau de qualification de s’inscrire dans des formations transverses « de culture générale ». La formation professionnelle a tendance à répondre à une « conception adéquationniste du marché du travail », dénonce le think tank, un demandeur d'emploi devant se former à un métier spécifique. Terra Nova préconise au contraire que les personnes les moins outillées sur le marché du travail puissent acquérir des « compétences transversales, à même d'élever leur niveau global de qualification » : compétences de base en lecture et écriture, « savoir-faire » en entreprise, etc.
Ces salariés et demandeurs d'emploi faiblement qualifiés, « perdants » actuels du système de formation, avec les jeunes sortants du système scolaire sans qualification et les personnes en seconde partie de carrière, doivent être les cibles prioritaires de l’action publique, estime Terra Nova. Le rapport préconise ainsi notamment de créer un « droit opposable » à la formation qualifiante pour tous les jeunes sortis du système scolaire sans diplôme ; d'ouvrir plus largement le contrat de professionnalisation, notamment aux jeunes sortant de lycée et aux salariés à mi-carrière ; et d'instaurer des mécanismes (bonus-malus / allégements des cotisations sociales ) pour inciter les entreprises à s'impliquer davantage dans la formation des salariés les moins qualifiés.
Pour en savoir plus, télécharger :
- la version intégrale du rapport sur la formation professionnelle
- la liste des propositions du rapport
Raphaëlle Pienne