Formation professionnelle : la négociation arrive à un tournant

03 Janvier 2018

Formation professionnelle : la négociation arrive à un tournant © Fotolia Lors de la 5ème séance de négociation sur la formation professionnelle, le 20 décembre, les syndicats de salariés ont obtenu de revoir les priorités et l’architecture du projet de plan d’accord interprofessionnel.

Les partenaires sociaux sont arrivés à mi-parcours de leur programme de travail concernant la réforme de la formation professionnelle. Lors de la 5ème réunion, les organisations syndicales et patronales devaient entrer dans le vif de la négociation. Mais les débats se sont focalisés sur l’architecture du projet de plan d’accord interprofessionnel, élaboré par les organisations patronales.

Ce document s’organise en cinq thèmes : l’identification des besoins des entreprises incluant la refonte du système de certification professionnelle et la co-construction des diplômes ; l’alternance ; l’entretien et le développement des compétences par le biais du Compte personnel de formation (CPF) rénové et du Plan de formation ; le financement et la mise en œuvre de la réforme dans ses aspects gouvernance ; et l'évaluation de la qualité de la formation.

Besoins des entreprises et besoins des individus

Cette trame n’a pas emporté l’adhésion de toutes les organisations syndicales. La CGT a réagi en qualifiant le projet de « dangereux » car centré sur les souhaits des employeurs. Un point partagé par la CFDT. Pour ce syndicat, qui a proposé un contre-projet d’accord intégrant des propositions émanant d’autres syndicats, l’enjeu de la réforme est de faire en sorte que les salariés soient « acteurs du développement de leurs compétences ». Les organisations syndicales ne nient pas l’importance que revêt l’analyse des besoins en compétences et en recrutement des entreprises. Mais comme le souligne Lionel Lerogeron, secrétaire national, coanimateur du collectif formation professionnelle de la CGT, « pour passer le cap des technologies, de la robotique et du numérique, il faut aussi, dans le travail prospectif, tenir compte des besoins des territoires et de la nation ».

Les organisations patronales ont accepté de reformuler les priorités de l’accord en commençant par les besoins des personnes, et de modifier la place des sujets dans l’architecture du texte, « ce qui ne veut pas dire qu’ils seront négociés dans cet ordre », selon Florence Poivey, présidente de la commission éducation, formation et insertion du Medef.

Nécessité d’avancer

Les partenaires sociaux ont trouvé un compromis sur la trame de l’accord, mais le plus dur reste à faire. « Nous avons un squelette, il manque la chair autour », illustre Lionel Lerogeron. Lors des précédentes réunions, un consensus s’est dégagé sur quelques grands principes : maintien de l’alimentation du CPF en heures, renforcement de l’accompagnement via le conseil en évolution professionnelle ou encore consolidation des observatoires prospectifs et des données issues des branches, des territoires et de l’État.

Mais des divergences risquent d’apparaître sur des sujets comme l’articulation du CPF avec le Plan de formation, l’abondement du CPF, ou le financement des dispositifs de formation et d’accompagnement.

Il ne reste que six réunions d’ici au 16 février pour trouver un accord.

Estelle Durand (Centre Inffo pour Défi métiers)

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