Formateur : une profession dont les activités traditionnelles tendent à se segmenter

11 Mai 2020

Formateur : une profession dont les activités traditionnelles tendent à se segmenter © Adobe Stock De la personnalisation des parcours à l'usage des nouvelles technologies, la profession de formateur vit une profonde transformation.

Les activités de formateur, telles que définies par la branche professionnelle, dans le face à face pédagogique avec l’apprenant ou le stagiaire, intègrent traditionnellement différentes dimensions allant de la mobilisation de la connaissance à la transmission elle-même et au contrôle des acquis, en passant par la conception du contenu. La gestion de cette relation est modifiée selon la modalité de ce face à face : présentiel, distanciel ou mixte avec des périodes en présentiel et d’autres en distanciel. Elle peut de plus être réalisée dans un mode synchrone ou asynchrone, rendant plus complexe pour le formateur la captation des difficultés de compréhension ou d’attention de son public (écoute des intonations, visualisation des visages et des attitudes, etc.).

Aujourd’hui, sous l’effet du libre accès aux savoirs grâce aux technologies de l’information pour le grand public, la posture du formateur change : il n’est plus uniquement l’expert ou le sachant qui transmet, il doit apporter une valeur supplémentaire en sachant adapter le contenu aux situations rencontrées par son public, à ses pratiques, à ses préoccupations, à ses questionnements. La montée d’une demande de personnalisation des parcours, qui se concrétise aussi bien par la modularisation des formations certifiantes que par la mobilisation individuelle du Compte personnel de formation (CPF), renforce les exigences des apprenants. Ils souhaitent obtenir au travers de la formation les réponses à leurs propres interrogations. « La légitimité ne tient plus à l’expertise, au savoir (auquel tout le monde peut accéder par Internet) mais à la capacité à lui donner du sens, à le faire comprendre, à le transmettre, à l’adapter à une situation d’usage dans un contexte professionnel précis. » (cf. Etude sur l’impact de la digitalisation sur les métiers des organismes de formation privés, rapport final, 2016, OPMQ de la branche des organismes de formation).

Par la mobilisation des nouvelles technologies pour transmettre ce savoir en s’adaptant au rythme de vie des personnes à former, les activités liées à la formation se complexifient nécessitant la maîtrise de techniques toujours plus nombreuses. De ce fait, de plus en plus souvent, ce sont différentes personnes qui vont porter le processus de construction de la formation. Le formateur sera associé à un ingénieur pédagogique, un scénariste, un spécialiste des technologies vidéo qui saura utiliser et monter les éléments pour répondre au scénario pédagogique , etc.

Cette transformation peut se traduire :

  • par un travail en équipe autour d’un projet pédagogique ;
  • ou, de manière plus fractionnée, par une segmentation des activités portées par différents professionnels.

L’ingénierie pédagogique, remise au cœur de l’activité de formation, est mobilisée par de nouveaux acteurs se positionnant sur la formation professionnelle (Défi métiers publiera bientôt une présentation graphique de ce nouvel écosystème), créant ainsi de nouveaux enjeux d’influence. Sous l’effet de la segmentation des activités conduisant à la transmission d’un savoir, d’une pratique à d’autres, et du développement de l’utilisation des outils numériques et de l’image, la profession de formateur se voit progressivement déposséder de la maîtrise de l’ingénierie pédagogique pour être focalisée sur la relation avec l’apprenant ou les apprenants.

Ainsi, l’activité d’animation devient primordiale pour le formateur. C’est à lui, dans un lien présentiel ou/et distanciel avec l’apprenant, de gérer la dynamique d’apprentissage, de parvenir à mobiliser l’attention et l’intérêt, de s’adapter aux attentes spécifiques et parfois pointues de celui-ci. Cette activité prend parfois une telle place qu’elle positionne le formateur dans un rôle d’animateur ou de coach.

Catherine Gwet

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