Est-ce qu’une loi peut inciter les entreprises à développer les compétences de tous ?

11 Juin 2019

© Défi métiers Catherine Fabre, rapporteure de la loi « Avenir professionnel », est intervenue au séminaire de l’UODC le 4 juin pour présenter l’esprit qui anime la loi du 5 septembre 2018 et discuter avec la salle des mesures adoptées.

Catherine Fabre, députée de la Gironde, rapporteure de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » était l'invitée de l'Amphi-débat organisé le 4 juin par l'UODC (Université ouverte des compétences) en partenariat avec la revue Education permanente.

« Force est de constater que l’efficacité des mesures portant sur le développement des compétences des personnes est toute relative et que le chômage reste massif. Le système de la formation se présente toujours comme inégalitaire, insuffisant et complexe » a rappelé Catherine Fabre. L'appareil de formation est devenu incitatif plutôt que coercitif. La formation ne peut en effet être efficace que si les personnes s’y engagent elles-mêmes et qu’elles n’appréhendent pas cette situation avec, par exemple, le mauvais souvenir d’un passé scolaire.

« Les clés de l’efficacité sont dans les mains des acteurs, à eux de s’emparer de la loi ! » a insisté Catherine Fabre, soulignant que « le législateur ne peut donner qu'un cadre global ». Ce cadre est posé avec le souci de privilégier les moins qualifiés et de simplifier le système, en resserrant par exemple la gouvernance autour de France compétences et en réduisant le nombre d'Opco afin de leur donner une puissance de frappe plus importante.

A l’appui de cette logique, différentes mesures ont été passées en revue : le CPF (Compte personnel de formation) monétisé, la reconnaissance de l'Afest (Action de formation en situation de travail) et de la Foad (Formation ouverte et à distance) comme modalités alternatives aux stages, ou encore la réorganisation du système d’apprentissage « tourné désormais vers les usagers, c’est-à-dire les employeurs et les jeunes ».

Les échanges avec la salle ont donné l’occasion de regretter notamment l’importance accordée au diplômes/certifications en France* et l’approche trop restrictive en matière de recrutement avec des employeurs qui « souhaitent disposer de personnes clés en main ».

Plusieurs propositions sont avancées par la salle : un observatoire des « parcours empêchés » à l’accès à la certification » ; des mesures plus incitatives pour recourir au dialogue social, aux entretiens professionnels dans toutes les entreprises, à la gestion de la deuxième partie de carrière.

Si l’esprit de la loi est partagé, alors celle-ci produira l’effet attendu de faciliter le développement des compétences de tous. Reste à voir cependant comment les mesures sont mises en œuvre et si elles sont suffisantes. Par exemple, les fonds du CPF, dispositif emblématique de la loi, pourraient être augmentés si le recours au CPF s’intensifiait.

Françoise Lemaire

(*) La restriction de mobilisation du CPF pour des formations certifiantes est présentée comme une sécurité pour les personnes. 

 

 

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