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L’Ile-de-France fait partie des six territoires d’expérimentation du projet Fab’Map qui vise à créer des « maillons de parcours » pour faciliter l’accès à la qualification et à l’insertion.
Comment rendre plus efficaces les parcours de formation et éviter les saucissonnages qui souvent les jalonnent au point de rebuter même les plus motivés ? Cette question, au cœur du projet Fab’Map, prend en Ile-de-France une couleur particulière puisqu’il s’agit de croiser la carte RECTEC centrée sur les compétences transversales avec la carte de la Région et les référentiels techniques qui portent davantage sur les compétences métiers.
Objectif : aider les candidats les plus fragiles à s’insérer dans le monde du travail en menant de pair le renforcement de ces savoirs de base avec la préparation à un emploi choisi. « Les candidats apprennent à mieux maîtriser le français non pas dans des cours centrés sur la langue mais au cours de leur parcours d’entrée soit dans le monde professionnel, soit en formation pour exercer un métier choisi en accord avec eux », explique Estelle Caillaud-Guillotin, la chef de projet.
Inutile de vouloir relever ce défi sans faire se parler les différents acteurs… C’est d’ailleurs la première tâche à laquelle s’est attelée la cheffe de projet : « Nous avons travaillé main dans la main pour déployer une ingénierie répondant à cette ambition. Avec l’objectif de déployer cette approche auprès des formateurs de formateurs. » Une dizaine d’entre eux ont assisté à la première session mises en place par l’académie de Versailles. Les académies de Paris et de Créteil vont à leur tour proposer ce type de programme.
Parcours sécurisés mêlant théorie et pratique
La force de cette expérimentation est d’aller jusqu’aux termes de la démarche grâce à l’engagement de trois organismes de formation. A l’image du Gidef chargé de la déployer dans le domaine du BTP. « Nous avons défini une ingénierie pédagogique associant formations, stages, plans d’actions… », explique Stéphane Bongiu, chef de projet. Des « maillons de parcours » ont été imaginés autour d’un dispositif comprenant 250 heures de formation en centre et 140 heures en entreprise. Avec l’ambition de proposer à chaque participant un emploi garanti soit directement à l’issue de ce parcours ou après une entrée en formation complémentaire elle aussi garantie en cas de besoin.
Une première cohorte d’une quinzaine de bénéficiaires, repérés avec l’aide de Pôle Emploi, a fait ses premiers pas avant le confinement en mars. « Dès le début, nous les avons mis en relation avec des entreprises sur le terrain. La visite de chantiers a eu un effet psychologique déterminant : la question n’était plus est-ce que j’ai envie de faire ce métier mais est-ce que je vais vraiment y arriver », poursuit Stéphane Bongiu. Le travail a alors consisté à renforcer la confiance en eux. Une 2ème cohorte de 20 stagiaires devrait démarrer ce parcours fin novembre.
Chez Nuevo, autre organisme impliqué dans l’expérimentation, il s’agissait de déployer ces maillons de parcours dans le domaine du nettoyage. « Nous allons travailler sur un parcours 2 du dispositif Compétences de base professionnelles avec une quinzaine de stagiaires sur les prérequis et compétences attendus des employeurs et les comparer à celles qu’ils ont déjà », met en avant Anne Béziers, responsable de formation. Pour les formateurs, l’existence d’un cadre commun d’évaluation est également un atout. Cette démarche rend en outre possible le raccourcissement des parcours en fonction des besoins. Le Greta 93, 3ème organisme participant à l’expérimentation, planche quant à lui sur des maillons de parcours multi-métiers pour faciliter la mobilité professionnelle des stagiaires en s’appuyant sur les mêmes ressorts pédagogiques que ces confrères. Autre point commun : ces initiatives déboucheront sur des certifications. « Ce travail nous permettra de bien identifier une méthodologique que nous espérons pouvoir déployer à plus grande échelle », conclut Estelle Caillaud-Guillotin.
Laurence Estival (Centre inffo pour Défi métiers)
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