Des vêtements de luxe revisités par des stagiaires en insertion

15 Septembre 2020

© Cottonbro (Pexels) Le projet Renaissance est fondé sur la déconstruction-reconstruction de vêtements de luxe. L’association emploie des personnes en chantier d’insertion et les forme pendant six mois aux techniques de la haute-couture.

La présidente de la Région Ile-de-France, Valérie Pécresse, visitait vendredi 4 septembre l’association Renaissance, qu’elle subventionne à hauteur de 30 000€, et découvrait une belle réussite associant le développement durable, la formation à un savoir-faire d’exception, et l’insertion.

Esprit d’équipe

Ouverte en septembre 2019 à Villejuif (Val-de-Marne), cette association récupère des vêtements de luxe donnés par des ambassadrices qui « vident leurs placards ». Elle les déconstruit, puis réutilise le tissu pour créer un nouveau vêtement, original, avec le savoir-faire de la haute-couture. Une première promotion de 13 stagiaires a ainsi été formée pendant 5 mois. La prochaine promo devrait compter 20 stagiaires. « Nous avons déjà reçu 470 CV, souligne Philippe Guilet, président de Renaissance, qui en est aussi le styliste, directeur artistique et formateur. Les prérequis sont de savoir déjà coudre à la machine et à la main, et d’avoir un bon esprit d’équipe ». Les locaux, au rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitat social, sont mis à disposition par le bailleur Seqens.

Chantiers d’insertion

Les stagiaires proviennent de trois chantiers d’insertion [1], qui les rémunèrent. La plupart d’entre elles ont été formées dans leur pays d’origine, comme Nadia, qui vient de Moldavie : « Je confectionnais des vestes et des manteaux, mais ici on travaille sur un mannequin, on fait du sur-mesure », explique-t-elle. « Quand on déconstruit un vêtement, on apprend comment il a été fait, c’est la première étape, puis je fais le dessin du nouveau vêtement et je les accompagne dans la réalisation, avec les méthodes, les techniques, le vocabulaire de la haute-couture », explique le président-formateur. « Ce qui est bien ici, c’est qu’on réalise un vêtement de A à Z, on n’est pas dans l’exécution mais vraiment dans la création, poursuit l’une d’elle, Philippe accepte aussi nos suggestions ». L’ensemble des créations sont présentées lors d’un défilé et vendues aux enchères.

Filière en tension

« En fin de formation les stagiaires sont prêtes à entrer dans un atelier de haute-couture en tant que première main », ajoute le formateur. Et dans le luxe, les débouchés ne manquent pas, plusieurs marques recherchent des talents formés à cet artisanat d’art. Des stagiaires de la première promo vont travailler pour la Comédie française, une maison de robes de mariées, et le théâtre de Nice. L’association souhaite se faire agréer comme organisme de formation, afin de pouvoir délivrer une certification reconnue. « La filière textile et recyclage est en tension, vous pourriez donc bénéficier des fonds de la formation professionnelle pour les demandeurs d’emploi », souligne Valérie Pécresse.

Renaissance veut accompagner les maisons de couture dans leur gestion des invendus : « il y a une vraie problématique de recyclage depuis que la loi leur interdit de détruire les stocks, explique Philippe Guilet, notre bureau d’étude Destock va étudier comment transformer ces vêtements, de manière à pouvoir les destocker, ou créer une ligne beaucoup moins chère, c’est mon projet ».

« On va vous faire grandir » a assuré Valérie Pécresse après avoir admiré les nombreuses robes, accessoires, et assisté au défilé de mode organisé à l’occasion de sa visite.

Mariette Kammerer (Centre Inffo pour Défi métiers)

[1] Trois chantiers d’insertion: le cercle la ressourcerie à Rueil Malmaison; la friperie solidaire à Maison Alfort; Modestime à l’Ile Saint-Denis. Le coordinateur qui met en relation les chantiers d’insertion avec Renaissance est l’association APES, de développement social urbain pour les bailleurs sociaux filiales d’Action logement.
 

Tags : Valérie Pécresse | chantier d'insertion | insertion professionnelle