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Un dispositif de Préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC) dédié aux personnes issues de campements illicites franciliens et centré sur l’apprentissage du Français, a débouché sur un emploi pour la moitié des bénéficiaires.
Le dispositif a été orchestré et financé par Uniformation en 2017 à la demande de la préfecture de Région et de la Dihal (Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement). Objectif ? Accompagner l’évacuation des campements illicites franciliens (à ce jour, on compte environ 120 campements illicites en Ile-de-France où vivent 5 900 personnes) en proposant à leurs occupants des possibilités d’insertion. « Or la non-maîtrise du Français a été identifiée comme le principal obstacle à leur accès à l’emploi », souligne Jérôme Normand, sous-préfet en charge de ces campements. Le dispositif comprenait 330 heures de formation au Français et un stage de deux semaines (70 heures) en entreprise. « L’Afpa et Atrolabe formation ont organisé quatre sessions, et pour le stage nous avons sollicité les Structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) adhérentes à notre Opca », explique Khédidja Namoune, coordinatrice à Uniformation.
Niveau prérequis
Une dizaine d’associations du champ social a été mobilisée en amont pour repérer des candidats. « Parmi les personnes intéressées par la POEC, beaucoup ont été recalées car elles n’avaient pas le niveau A1 requis en Français. La plupart n’ont pas été scolarisés en Roumanie », explique Gwladys Foucault, de l’association la Rose des vents, qui intervient lors des évacuations de camps pour proposer des mises à l’abri à l’hôtel et un suivi social. « D’autres ne souhaitaient s’engager sur la durée, car ils sont encore dans une logique de survie au quotidien ». Se posait notamment la question des ressources durant le premier mois de formation, avant le versement de l’allocation par Pôle emploi.
Motivation
50 bénéficiaires ont finalement pris part au dispositif. La formation proposait un contenu FLE (Français langue étrangère) classique avec utilisation de documents authentiques de la vie quotidienne ou professionnelle pour amener un contenu pédagogique : « feuille de paye, formulaires Pôle emploi, plan de transport RATP, en partant toujours de ce qu’ils savent faire, et en leur permettant de s’auto-évaluer pour mesurer leur progression », précise Philippe Truffaut, responsable de secteur à Astrolabe. « Ce qui m’a le plus marqué, c’est leur motivation : depuis 12 ans que je travaille dans ce secteur je n’avais vu un tel taux de présence et d’assiduité : 90 % de réalisation des heures, au lieu de 60 % sur des profils similaires », ajoute-t-il. Les stages ont aussi été concluants puisque la moitié des personnes a été embauchée à l’issue, dans une SIAE ou en intérim. « Après la formation les personnes sont déjà dans un rythme de travail, le stage leur a permis de valider un choix et les référents sociaux ont dégrossi les problématiques sociales et administratives, tout cela facilite leur insertion », observe Fabienne Le Marrec, coordinatrice à Études et chantiers. Le dispositif sera reconduit et étendu en 2018 avec six nouvelles sessions.
Mariette Kammerer (Centre Inffo pour Défi métiers)
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